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Enfants rapatriés de Syrie : traumatisés par la guerre et les deuils, "ils ont besoin de récupérer" explique le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez

"Ceux que l'on va recevoir, ils ont végété dans des camps, sans éducation, sans soin, sans soutien psychologique, avec des mères qui dépérissent petit à petit", explique sur franceinfo le psychiatre et psychanalyste.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des femmes et des enfants marchant au camp Roj, en Syrie, où sont détenus des proches de personnes soupçonnées d'appartenir au groupe État islamique, le 28 mars 2021. (DELIL SOULEIMAN / AFP)

Traumatisés par la guerre et les deuils, les enfants rapatriés de Syrie par la France auront "besoin d'être restaurés, de récupérer", explique mardi 5 juillet sur franceinfo le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez, responsable de l'unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris. Trente-cinq enfants et 16 mères retenus dans des camps ont atterri en France ce mardi.

>> Syrie : quelles sont les étapes qui attendent les mères et les enfants rapatriés en France ?

franceinfo : Dans quel état physique et psychologique arrivent ces enfants ?

Serge Hefez : Ceux que j'ai rencontrés, cela remonte à trois ans, mais c'était déjà des enfants très traumatisés par la guerre et par les deuils, qui ne demandaient qu'une chose c'est de rebondir et de trouver un milieu beaucoup plus favorable ici. Ceux que l'on va recevoir, cela fait trois ans de plus qu'ils végètent dans des camps, sans éducation, sans soin, sans soutien psychologique, avec des mères qui dépérissent petit à petit. On peut imaginer que ces enfants vont être encore plus fatigués et atteints psychologiquement.

De quel genre de traumatismes parle-t-on ?

De traumatismes d'enfants qui ont vécu la guerre : la perte de proches, d'un père, d'une mère, des enfants qui sont orphelins, qui sont coupés de leurs famille et de tout leur milieu. Ce sont des enfants qui vivent entre eux toute la journée, accrochés à leurs mères.

"Je me félicite quand même que l'on rapatrie aussi les mères parce que couper ces enfants de leurs mères c'est encore un traumatisme plus grand. Ils ont besoin d'être restaurés, de récupérer."

Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste

à franceinfo

On sait qu'ils peuvent le faire : les enfants qui sont déjà rentrés ont récupéré petit à petit, ils ont retrouvé une vie normale, une scolarité normale et c'est tout ce que l'on peut souhaiter à ces enfants.

Certains ont même de la famille en France, cela peut les aider ?

Absolument, beaucoup ont des grands-parents, des oncles, des tantes. Beaucoup de grands-parents sont regroupés en association et essayent d'être très actifs pour le retour de ces enfants, ils les aiment. C'est souvent des parents qui n'ont pas compris ce qu'il se passait pour leurs propres enfants quand ils ont pris la décision de s'engager auprès de Daech. Ce sont des grands-parents qui sont plutôt en rupture d'idéologie avec leurs enfants donc ils ont envie de récupérer ces petits-enfants pour qu'ils reviennent à la vie normale et aux valeurs de notre pays.

Comment parle-t-on justement de leurs parents à ces enfants ?

C'est tout un travail sur le lien affectif. Ce travail est fait aussi avec les mères lorsqu'elles sont ici. Même si elles sont incarcérées, grâce à l'aide sociale à l'enfance et à la protection judiciaire de la jeunesse, le lien est maintenu avec l'enfant, il peut aller voir sa mère au parloir. Et petit à petit on lui explique ce que ça peut être de prendre une mauvaise voie. Les mères pour la plupart expliquent à leurs enfants qu'elles se sont trompées, égarées et que le plus important c'est qu'ils puissent continuer les liens familliaux à l'extérieur, en famille d'accueil ou dans leur famille, que ce lien-là n'est pas rompu.

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