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Imbroglio autour de l'interpellation ratée de trois jihadistes présumés

Le ministère de l'Intérieur a annoncé l'interpellation à Orly de trois jihadistes présumés qui n'a jamais eu lieu.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un policier de la police aux frontières à l'aéroport d'Orly, le 22 juin 2009. (MAXPPP)

Trois jihadistes français présumés qui auraient séjourné en Syrie devaient être interpellés à leur arrivée à Orly en provenance de Turquie. Mardi 23 septembre, une source au ministère de l'Intérieur a même annoncé ces interpellations, alors qu'elles n'ont jamais eu lieu. Les trois hommes ont en réalité atterri à Marseille sans être inquiétés. Francetv info revient sur ce raté et ses multiples rebondissements.

Acte 1 : une source au ministère de l'Intérieur annonce l'interpellation

En début d'après-midi, une source au ministère de l'Intérieur confirme à l'AFP une information donnée depuis quelques minutes par la chaîne i-Télé : trois jihadistes présumés ont été interpellés à l'aéroport d'Orly après avoir été expulsés de Turquie. Les trois hommes, parmi lesquels figurent le beau-frère de Mohamed Merah, avaient été arrêtés fin août en Turquie après un séjour en Syrie.

La source au ministère de l'Intérieur affirme que les trois hommes, dès leur arrivée en France, ont été placés en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Acte 2 : la police affirme que les trois hommes ne sont pas arrivés en France

Vers 19 heures, plusieurs médias révèlent qu'en réalité, et contrairement aux affirmations du ministère, les trois hommes n'ont jamais atterri à Orly. Contactée par l'AFP, une source policière confirme qu'ils ne sont pas arrivés en France. Le commandant de bord de l'avion qui devait les ramener à Paris a en effet refusé de les embarquer, explique cette source. Motif invoqué : l'absence de documents administratifs que devaient fournir les autorités turques, selon une source aéroportuaire.

Acte 3 : leurs avocats annoncent que les jihadistes présumés sont en France et n'ont pas été interpellés

Nouveau coup de théâtre dans la soirée : les avocats des jihadistes présumés, maîtres Pierre Dunac et Apollinaire Legros-Gimbert, affirment que leurs clients sont bel et bien rentrés en France, par un vol différent de celui prévu initialement, à destination d'un aéroport de province. Ils ajoutent qu'à leur arrivée sur le sol français, les trois hommes n'ont pas été cueillis par la police, à leur grand étonnement.

Acte 4 : le ministère de l'Intérieur dit avoir été informé trop tard par les services turcs

Après plusieurs heures de silence, le ministère de l'Intérieur se décide enfin à donner officiellement sa version des faits. Peu avant 21h30, la Place Beauvau explique que les trois individus, Imad Djebali, Gaël Maurize et  Abdelouahed Baghdali, jusqu'alors retenus dans un centre de rétention en Turquie, devaient être expulsés par un vol Istanbul-Paris.

"Le pilote de l'avion ayant refusé d'embarquer ces trois passagers sur le vol initialement prévu, les services turcs ont décidé de les renvoyer en France par un vol à destination de Marseille", poursuit le ministère, soulignant que les services français n'ont été informés par leurs homologues turcs de ce changement de vol qu'après l'arrivée sur le sol français des trois ressortissants expulsés.

Résultat : lorsque les trois hommes sont arrivés à Marseille, aucun policier ne les attendait. Leur arrivée aurait été facilitée par un autre couac : le système de lecture des passeports était semble-t-il en panne.

En conclusion de son communiqué, le ministère affirme que les investigations se poursuivent "dans le cadre du mandat délivré par le magistrat instructeur du pôle antiterroriste".

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