L'intersyndicale a décidé d'organiser deux nouvelles journées d'action contre la réforme des retraites du gouvernement
Elle a opté pour une journée de manifestations le samedi 2 octobre, trois jours avant le début de l'examen du texte au Sénat et, une journée de grève et manifestations le 12 octobre.
Ces annonces font suites à la mobilisation du 23 septembre, qui a rassemblé 3 millions de manifestants selon la CGT, 997.000 selon la police.
Qualifiant la journée de jeudi de "franc succès", l'intersyndicale, réunie vendredi à Montreuil, au siège de la CGT, a mis "en garde le gouvernement sur les conséquences que provoquerait l'ignorance de la colère qui s'exprime profondément". Le texte a été signé par six confédérations (CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa, FSU). FO n'a pas signé le texte mais s'associe à l'appel aux manifestations du 2 et du 12 octobre, dans toute la France.
Les lycéens de l'UNL et de la Fidl et les étudiants de l'Unef ont également appelé aux nouvelles manifestations du 2 et du 12.
Bataille de chiffres
D'après les syndicats, étaient sensiblement plus nombreux ce jeudi 23 que le 7 septembre: 2,9 millions pour la CFDT, trois millions pour la CGT dans les 231 cortèges recensés (213 la dernière fois)
En revanche, à en croire le ministère de l'Intérieur, les cortèges ont drainé moins de monde: 997.000 manifestants contre 1,12 million le 7 septembre.
Les syndicats reconnaissent que les grévistes ont été moins nombreux dans le secteur public : les taux officiels ont été de 21,44% dans la Fonction publique d'Etat (25,8% dans l'Education nationale), 15,75% dans la territoriale, 12,54% chez les hospitaliers.
A la SNCF, ils ont été 37% selon la direction, 49,85% selon la CGT, en baisse de 2 à 6 points par rapport au 7 septembre. Même chose à la RATP, La Poste, France Telecom.
"C'est bien naturel, c'est dur de perdre une nouvelle journée de salaire" dans un même mois, a commenté Alain Olive.
Tout autre est l'analyse de l'exécutif. Le ministre du Travail Eric Woerth a noté "une décélération incontestable".
"Cela signifie que soit les Français considèrent que tout cela est déjà derrière eux, soit qu'ils adhérent davantage" à la réforme, "soit les deux", commentait à chaud l'Elysée, qui s'apitoyait sur les syndicats ("ce n'est pas simple pour eux si le taux des grévistes baisse à chaque fois").
Ces commentaires ont attiré une réplique de Martine Aubry, la première secrétaire du PS jugeant cette attitude "un peu pitoyable". "Un mensonge à ce point là...", a-t-elle ironisé.
Plus de grévistes dans le privé qu'auparavant
Les syndicats se sont en revanche particulièrement réjouis de l'implication croissante des salariés du privé. Ils étaient bien visibles à Toulouse (Airbus, Capgemini, Continental), Lyon (Rhodia, Renault trucks, Sanofi-Aventis), au Havre avec de fortes délégations de Total, Renault, Cooper, etc.
Selon Bernard Thibault, "il y a un élargissement de la présence du privé". Le leader de la CGT s'est félicité de "l'ancrage" de la protestation, en raison d'"un renouvellement des manifestants : une partie n'a pas forcément fait une deuxième journée mais nous avons de nouvelles personnes".
Le numéro un de la CFDT, François Chérèque, a parlé de "pari perdu pour le gouvernement, qui espérait un affaiblissement du mouvement".
Selon le dirigeant de l'Unsa (autonome), Alain Olive, le gouvernement "a intérêt à revoir sa copie".
Le bras de fer continue
Les députés ont déjà adopté le texte, qui prévoit le passage de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et de l'âge de départ à taux plein de 65 à 67 ans. Les sénateurs l'examineront à leur tour à partir du 5 octobre.
"Rien n'est joué", a estimé l'intersyndicale (CGT-CFDT-CFTC-CFE/CGC-FSU-Unsa), qui espère encore faire reculer le gouvernement et peut compter sur le soutien de l'opinion. La protestation est apparemment populaire: plus des deux tiers des Français (68%) ont exprimé soutien et sympathie, selon un sondage CSA pour L'Humanité de jeudi.
"Renoncer à cette réforme, c'est impossible", a répété pour sa part le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand, mercredi sur France 2.
Le gouvernement reste inflexible sur les deux mesures clés de sa réforme: le passage à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite et le passage à 67 ans de la retraite à taux plein. Elles "ne peuvent pas être modifiées", a réaffirmé mardi le ministre du Travail Eric Woerth.
L'un des sujets clés : l'égalité hommes/femmes ?
Toutes les portes ne sont pas fermées et le Sénat garde des marges de manoeuvre sur des sujets comme la pénibilité des carrières ou l'égalité hommes-femmes.
La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) a d'ailleurs annoncé avoir averti le gouvernement que le relèvement de l'âge de départ à taux plein de 65 à 67 ans était discriminatoire à l'égard des femmes.
Des voix se sont élevées au Sénat, dont celle de son président, Gérard Larcher, pour réclamer que soit préservé le droit à partir à la retraite à 65 ans sans décote pour les femmes ayant élevé au moins trois enfants.
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