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L'Ordre des avocats de Paris a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête déontologique sur Robert Bourgi

Et ce, après ses déclarations sur le versement présumé à Jacques Chirac et Dominique de Villepin de fonds occultes de chefs d'Etat africains.Lundi, Robert Bourgi a déclaré sur BFMTV: "Jean-Marie Le Pen a été reçu par le président Bongo et le président Bongo a financé la campagne électorale de M. Jean-Marie Le Pen en 1988". L'intéressé a démenti.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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L'avocat Robert Bourgi, le 31 mai 2010 à Nice, en compagnie du Maire de Levallois et député Patrick Balkany (AFP PHOTO / POOL / LUDOVIC MARIN)

Et ce, après ses déclarations sur le versement présumé à Jacques Chirac et Dominique de Villepin de fonds occultes de chefs d'Etat africains.

Lundi, Robert Bourgi a déclaré sur BFMTV: "Jean-Marie Le Pen a été reçu par le président Bongo et le président Bongo a financé la campagne électorale de M. Jean-Marie Le Pen en 1988". L'intéressé a démenti.

Jean-Marie Le Pen, sur BFMTV, a qualifiées de "ridicules" ces affirmations. Selon le président d'honneur du Front National, "si c'est M. Bourgi qui était chargé de me remettre les fonds, il a dû les garder pour lui". M.Le Pen a ajouté que les propos de l'avocat étaient "téléguidés" par le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy.

Le barreau de Paris a ordonné "une mesure d'enquête déontologique" pour "être exactement informé sur la réalité des missions que M.Robert Bourgi, avocat, déclare avoir accomplies". Ainsi, "le bâtonnier rappelle que les principes qui gouvernent la profession d'avocat ne permettent en aucun cas de procéder aux actions telles que relatées dans la presse".

L'avocat franco-libanais Robert Bourgi, présenté ce week-end par le JDD comme un "porteur de valises", a affirmé avoir remis de 1997 à 2005 à MM. Chirac et Villepin des sommes qu'il a évaluées lundi à quelque "20 millions de dollars" provenant de dirigeants africains.

Après les accusations de M.Bourgi, Jacques Chirac a décidé de déposer plainte en diffamation contre Robert Bourgi, selon l'avocat de l'ancien président de la République, Jean Veil. Sur France 2, Dominique de Villepin a indiqué qu'il allait aussi le faire.

Robert Bourgi a reconnu n'avoir "aucune preuve" des accusations de financement occulte qu'il a lancées la veille dans le JDD.

Pour sa part, l'ancien ministre de la Coopération, de 1995 à 1997, Jacques Godfrain a jugé lundi "inimaginables" les accusations de Robert Bourgi, assurant que Jacques Chirac lui avait ordonné de tenir l'avocat "à l'écart des affaires africaines".

Des demandes d'enquête

-Martine Aubry : "Bien sûr, ces propos sont extrêmement graves. Mais je pense aussi qu'il y a des règlements de comptes au sein de l'UMP. Moi, comme toujours, j'attends les faits, j'attends la justice", a déclaré la candidate à la primaire socialiste sur France Bleu Hérault. "Je pense que la justice va se saisir de cette affaire. Je crois qu'on ne peut pas commenter sans savoir. C'est toujours ce que j'ai essayé de faire", a ajouté la maire de Lille.
-Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts, a estimé lundi sur i-TELE qu'il fallait une enquête après les déclarations de l'avocat Robert Bourgi
-Ségolène Royal (PS) a souhaité "un bon coup de balai", en commentant lundi sur Europe 1 les accusations de Robert Bourgi
-Marine Le Pen, présidente du FN, a affirmé dimanche lors de ses journées d'été, à Nice, que "la République (était) pourrie jusqu'en son centre".

Les accusations de Robert Bourgi

Alors que plusieurs voix à l'UMP se sont étonnées qu'il livre ces accusations au JDD et non à un juge, M. Bourgi, un pilier de la "Françafrique" a affirmé: "Si la justice veut m'interroger, je suis là. Je me tiens à la disposition de ceux qui voudront m'interroger."

"J'étais le porteur de valises de Chirac puis Villepin," déclare Robert Bourgi dans une interview au JDD, qui affirme avoir "vu Chirac et Villepin compter les billets."

Les accusations de Robert Bourgi interviennent quelques jours après la publication du livre de Pierre Péan, "La République des mallettes", qui affirme que Dominique de Villepin aurait reçu une vingtaine de millions de dollars de chefs d'Etat africains entre 1997 et 2005.

La noria de "valises" africaines aurait commencé, selon M. Bourgi, en mars 1997 "le jour de l'enterrement de mon maître Jacques Foccart". Les livraisons auraient pris fin en 2005 quand M. de Villepin a lancé abruptement, selon M. Bourgi: "l'argent de tous les Africains sent le soufre".

"Par mon intermédiaire", "cinq chefs d'état africains -Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo- Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon) ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne de 2002", prétend l'avocat.

Réaction de Dominique de Villepin
Dominique de Villepin
a qualifié dimanche sur France 3 d'"indignes" et "mensongères" ces accusations lancées dans le JDD, assurant que "tout cela n'est pas un hasard". "Ces allégations sont mensongères et indignes", a déclaré l'ancien Premier ministre à propos de l'interview-fleuve de l'avocat Robert Bourgi.

"On voit l'acharnement, la volonté de salir la présidence de Jacques Chirac", accuse celui qui fut son secrétaire général à l'Elysée, son ministre et son Premier ministre."Tout cela n'est pas un hasard et il y a sans doute également un écran de fumée", assure-t-il. "Il y a des procédures judiciaires qui ont été engagées sur le financement de la campagne électorale d'Edouard Balladur en 1995.

Evidemment, c'est tentant de jeter le soupçon sur les campagnes électorales de Jacques Chirac en 2002. Tout cela ne résiste pas à l'analyse", tranche M. de Villepin. "On voit une volonté de réactiver des vieilles querelles entre chiraquiens, sarkozystes et balladuriens", dit-il encore. "On voit ce lapin sortir du chapeau à un moment très particulier", pendant le procès de Jacques Chirac et avant la décision de la cour d'appel sur Clearstream, analyse le président (ex-UMP) de République Solidaire.

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