La France rend sept tableaux spoliés à deux familles juives
Une cérémonie officielle a eu lieu, mardi, au ministère de la Culture. Les œuvres avaient été subtilisées durant la seconde guerre mondiale.
Les nazis avaient récupéré une partie des œuvres pour les envoyer au musée qu'Adolf Hitler projetait d'ouvrir à Linz (Autriche), sa ville natale. Près de soixante-dix ans plus tard, mardi 19 mars 2013, la France a restitué sept tableaux à deux familles juives.
Lors d'une cérémonie officielle au ministère de la Culture, six tableaux ont été restitués aux ayants droit du collectionneur viennois Richard Neumann. Le septième a été rendu aux héritiers du Praguois Josef Wiener.
Six tableaux de la famille Neumann
En 1938, l'industriel Richard Neumann fuit l'Autriche avec sa famille lors de son annexion par l'Allemagne. Il emporte avec lui à Paris une partie de ses tableaux, mais doit les céder en 1941 pour pouvoir payer des passeurs et gagner Cuba.
Aujourd'hui, le petit-fils de Richard Neumann, né en 1928, récupère des toiles qu'il avait vues tout petit : un Gaspare Diziani (musée d'Agen), un Salvator Francesco Fontebasso (Louvre), un Alessandro Longhi (Louvre), un Sebastiano Ricci (musée de Saint-Etienne), un Gaetano Gandolfi (Louvre), et un François-Charles Palko (musée de Tours).
Un septième tableau égaré
Le septième tableau, La Halte, de Pieter-Jansz van Asch (1603-1678), a une histoire différente. Cette peinture hollandaise a été confisquée par les nazis à un banquier praguois : Josef Wiener. Ce dernier est mort en déportation.
A la fin de la guerre, lorsque les Alliés récupèrent en Allemagne les œuvres d'art spoliées par les nazis, ils s'attachent à les renvoyer dans leur pays d'origine. La toile de van Asch se retrouve par erreur en France. Soixante-huit ans plus tard, le tableau vient d'être restitué au fils de la seconde épouse de Josef Wiener, qui a mené les recherches et a saisi directement les services du ministère.
Des dizaines d'autres tableaux à restituer
Pour récupérer une œuvre d'art, les familles ont deux possibilités. Soit saisir directement le Service des musées de France, soit se tourner vers la Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliation (CIVS), créée en 1999.
Mais un rapport de la sénatrice Corinne Bouchoux, adopté par la commission de la Culture du Sénat le 16 janvier, pointe que la France peut mieux faire sur le dossier des 2 000 œuvres d'art confiées aux MNR (Musées nationaux récupération) en l'absence de propriétaires identifiés. Ces œuvres sont sous la garde de l'Etat français. Elles sont conservées dans les musées, qui se doivent de les signaler et de les montrer au public.
La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a donc décidé de demander à ses services et aux musées de mener "une action plus volontariste" sur cette question. "Jusque-là, on attendait les demandes des ayants droit ou des descendants pour démarrer des procédures de recherches. Je veux engager une démarche proactive dans laquelle la France va engager des moyens pour rechercher les propriétaires, qu'il y ait ou non une demande formelle", a déclaré au Figaro la ministre.
Dans un premier temps, les recherches vont se concentrer sur 163 œuvres d'art MNR, réputées spoliées. Un groupe de travail, composé de fonctionnaires du ministère, de conservateurs, d'archivistes, d'historiens, de membres de la CIVS, est mis en place pour tenter de retrouver les propriétaires. Ce groupe de travail devra rendre un premier point d'étape fin 2013 et un rapport définitif en 2014.
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