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La RATP a affrété un tramway spécialement pour transporter plusieurs dizaines de Roms évacués d'un campement

Un campement situé à Saint-Denis, où étaient installés 150 Bulgares et Roumains, a été évacué, mercredi matin, après une décision de justice. La RATP leur a réservé une rame de tramway, en direction du RER de Noisy-le-Sec.Une vive polémique a opposé jeudi le patron de la RATP à la préfecture de Seine-Saint-Denis.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Le tramway T1 à Saint-Denis (archives, 2009) (AFP / hemis.fr / Guiziou Franck)

Un campement situé à Saint-Denis, où étaient installés 150 Bulgares et Roumains, a été évacué, mercredi matin, après une décision de justice. La RATP leur a réservé une rame de tramway, en direction du RER de Noisy-le-Sec.

Une vive polémique a opposé jeudi le patron de la RATP à la préfecture de Seine-Saint-Denis.

Lors d'une conférence de presse, le PDG de la RATP Pierre Mongin a déploré: "Il a été décidé par les forces de police de transporter ces gens dans le tram", ajoutant que "le tramway n'est pas fait pour ça". Le dirigeant de la régie a affirmé: "L'entreprise n'est absolument pas en cause dans cette affaire", et a critiqué une "opération manifestement mal conduite".

Mais la préfecture de Seine-Saint-Denis, dirigée par l'ancien policier Christian Lambert, a assuré n'avoir "jamais réquisitionné de tramway, ni elle, ni la police". "Ce n'est pas la préfecture qui a demandé une rame supplémentaire, mais la RATP qui a décidé de mettre en place cette rame", a-t-on accusé ainsi à la préfecture, précisant qu'"un groupe de policiers a(vait) été dépêché, par mesure de sécurité, pour effectuer l'accompagnement".

Une "situation d'urgence"
Au départ, le service de presse de la RATP a expliqué qu'il s'agissait d'"une décision prise localement dans une situation d'urgence face à un quasi-blocage de la ligne" T1. La police a invité les personnes évacuées à prendre le tramway par groupes de dix. Elles se sont retrouvées à l'heure de pointe avec des bagages volumineux, des vélos et des caddies, selon la préfecture et la RATP. "Vers 8h30, l'encadrement local de la ligne du tramway T1 s'est rendu sur place et a constaté que l'évacuation des Roms semblait se dérouler avec difficulté et gêner les voyageurs dans les rames", a précisé la RATP.

"Afin de minimiser les troubles et les retards sur la ligne, le personnel de la RATP sur place et les forces de l'ordre sont convenus de l'intérêt d'utiliser un train qui se trouvait disponible pour acheminer les personnes évacuées", a poursuivi la RATP.

Interrogé jeudi sur France Info, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a déclaré "ne pas être au courant de ces événements" en assurant que "ce qui compte c'est de savoir ce que l'on fait à l'égard de ce qui est illégal". Entre-temps, la polémique n'a cessé d'enfler.

Vague d'indignation
Cette scène "m'a rappelé des souvenirs d'école ou de cinéma", a déploré le conseiller général Gilles Garnier (PCF), dans une lettre au préfet et au PDG de la RATP. « Des hommes et des femmes portant des ballots, poussant des chariots, parfois avec des enfants dans les bras, sont descendus avec des policiers qui les ont conduits vers la gare RER pour une destination inconnue », raconte l"élu au Parisien.

Cécile Duflot (Europe-écologie-les Verts) a dénoncé une "opération (qui) réveille en nous une monstrueuse évocation", en référence à la rafle du Vel-d'Hiv en juillet 1942 lorsque 13.000 juifs avaient été emmenés en autobus, avant d'être déportés vers des camps d'extermination nazis.

Suite à ces propos, Claude Guéant a qualifié d'"amalgames scandaleux" les réactions faisant allusion à la déportation des juifs.

Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région Ile-de-France, a dénoncé "l'inhumanité et la brutalité" de l'opération. Il a demandé au préfet que toute la lumière soit faite et que les responsables soient sanctionnés.

« Nous condamnons de façon évidente que la RATP puisse être l"auxiliaire de la police, a souligné un représentant CGT de la RATP dans le même quotidien. Comme lors de l"évacuation des camps de Bondy la veille, la police a canalisé le flux des Roms vers le tram. Cela revient à une réquisition qui ne dit pas son nom. C"est une dérive inacceptable. »

Le délégué central de Sud-RATP a exprimé l'indignation de son syndicat sur France Info, estimant que "ce n'est pas à nous de transporter des convois de personnes qui a priori ne sont pas forcément volontaires pour monter dans les tramways, surtout escortées par des forces de police".

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