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La réforme de la prime pour l’emploi promise par Sarkozy rapporterait... 15 euros par mois

La mesure proposée par Nicolas Sarkozy n'aurait que très peu d'effet sur le pouvoir d'achat.

Article rédigé par Quentin Laurent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La réforme proposée par Nicolas Sarkozy n'aurait que très peu d'effet sur le pouvoir d'achat.   (FRANCE 2  / AFP)

"Augmenter le salaire d’un peu moins de 1 000 euros net par an" pour environ "7 millions de salariés", c’est ce qu’a proposé Nicolas Sarkozy, invité mercredi 22 février au journal télévisé de France 2. Le président-candidat UMP veut supprimer la prime pour l’emploi (PPE) et la remplacer par un allègement des charges sociales sur les salaires allant "de 1 200 à 1 500 euros" par mois. Et cela dans le but d’augmenter le salaire net des travailleurs.

François Hollande est monté au créneau le lendemain sur France Inter. Selon le candidat du PS, cette substitution ne rapporterait "que 3 euros de plus par mois en moyenne par an" aux salariés. Qu’en est-il concrètement ?

• Qu'est-ce que la prime pour l'emploi ?

La PPE est attribuée aux foyers fiscaux dont au moins l’un des membres a un travail, et dont les revenus ne dépassent pas une certaine limite. Un individu seul et sans enfant doit gagner entre 3 743 et 17 451 euros par an pour en bénéficier (soit de 300 à 1 450 euros par mois environ). Le plafond augmente pour les personnes en ménage, ou selon le nombre d’enfants. En 2011, 6,8 millions de Français l’ont reçue. Ce dispositif, créé pour encourager le retour à l'emploi, rapporte 450 euros en moyenne par an aux salariés. 

• Un gain minime

La proposition de Nicolas Sarkozy changerait-elle le pouvoir d'achat de ces salariés ? La somme de 1 000 euros avancée par le candidat UMP est en tout cas largement surestimée. En comptant les 4 milliards d’euros de budget prévus pour financer l’abaissement des charges, on arrive à une moyenne de 570 euros par bénéficiaire. L’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy a corrigé le tir en expliquant que le gain sur la fiche de paie serait au maximum de 840 euros net par an pour un salarié touchant le Smic. Il serait ensuite dégressif jusqu’à un niveau de 1,3 Smic.

Or, "un salarié au Smic touche aujourd’hui environ 825 euros de PPE", précise Guillaume Allègre, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Conclusion, la mesure de Nicolas Sarkozy ne permettrait à un smicard d’augmenter ses revenus que de 15 euros par mois. "Cette mesure n’aurait que très peu de conséquences sur le pouvoir d’achat", poursuit l’économiste.

Des oubliés

Ce qui change surtout, c’est la population visée par l’allocation. Car en proposant de supprimer la PPE et de réserver son montant aux personnes gagnant entre 1 200 et 1 500 euros net, il en prive automatiquement les actifs qui touchent moins, souligne Guillaume Allègre.

• Une mesure à l'opposé de l'action du président en 2007

En choisissant d’investir jusqu’à 4 milliards d’euros, "Nicolas Sarkozy revient sur des mesures prises par le gouvernement Fillon au début de son quinquennat". Le Premier ministre avait gelé le fonds de la PPE, avant de le réduire. En 2008, ce fonds était doté de 4,4 milliards d’euros, contre "2,8 milliards d’euros" en 2011, détaille Guillaume Allègre. 

D’autre part, en choisissant d'attribuer cette nouvelle prime en fonction de l’emploi et non plus de la situation familiale, "le candidat Sarkozy reprend à l’identique une mesure qu’avait votée le gouvernement Jospin en 2000", renchérit l’économiste de l’OFCE. Le socialiste avait finalement dû prendre en compte "de façon minime" la situation familiale, pour être en accord avec le Conseil constitutionnel.

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