Les dirigeants européens démentent avoir lancé un front anti-Hollande
Berlin, Rome et Madrid ont démenti l'information de l'hebdomadaire allemand "Der Spiegel" selon laquelle il y aurait un pacte entre chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne pour ne pas recevoir le candidat socialiste.
Non, Paris n'a pas soufflé aux dirigeants européens de refuser de rencontrer François Hollande. Le gouvernement s'est employé à démentir, lundi 5 mars, les informations selon lesquelles l'Allemande Angela Merkel, l'Italien Mario Monti, l'Espagnol Mariano Rajoy et le Britannique David Cameron se seraient entendus pour ne pas recevoir le candidat socialiste, en raison de son intention de renégocier le pacte budgétaire européen s'il était élu. De son côté, Nicolas Sarkozy affirme qu'il n'a "jamais parlé" de Hollande à ses homologues. "Les dirigeants, vous ne croyez pas qu'ils ont autre chose à faire que de faire des pactes ou des choses comme ça?". Tour d'horizon de cette polémique.
• François Hollande va rencontrer les journalistes du "Spiegel"
C'est ce magazine allemand (lien en anglais), dans son numéro de lundi, qui fait état d'une décision commune de ne pas recevoir le candidat socialiste. François Hollande, en partance pour Nancy (Meurthe-et-Moselle), a fait savoir qu'il recevrait mardi matin des journalistes du Spiegel, en précisant que ce rendez-vous était pris depuis quinze jours.
Sur Twitter, le candidat socialiste a ensuite tenu à minimiser la polémique qui le vise :
Je n'y prête pas une attention considérable car ce qui compte ce n'est pas la position de ces dirigeants mais celle du peuple français.
— François Hollande (@fhollande) March 5, 2012
• Berlin dément
La chancellerie allemande a démenti toute entente tacite entre les principaux leaders de droite européens, rappelant toutefois que Hollande avait apporté son soutien au SPD, parti d'opposition allemand, fin 2011. "Personne ne devrait se plaindre qu'Angela Merkel prenne position en faveur d'un ami politique, Nicolas Sarkozy", a déclaré le porte-parole de la chancelière.
• Rome juge cette allégation "fantaisiste"
Ce supposé accord est "complètement fantaisiste, dénué de tout fondement", ont indiqué des sources gouvernementales italiennes. "Mario Monti n'appartenant à aucun parti politique, il se garde bien de se mêler de politique italienne, encore moins de la politique d'autres pays", ont-elles déclaré.
• Madrid ne ferme pas la porte
De son côté, le Premier ministre espagnol a tenu à dire qu'il n'avait jamais refusé de recevoir le socialiste français. "Que j'ai pu dire que je ne recevrai pas M. Hollande, cela est faux", a déclaré Mariano Rajoy, tout en exprimant implicitement son soutien à Nicolas Sarkozy. "Tout le monde sait qui je veux voir gagner les élections, parce que nous militons dans le même parti."
• Cameron dément tout "pacte secret"
Dernier dirigeant visé à s'exprimer, le britannique David Cameron a démenti en fin de journée les informations du Spiegel. "Je peux confirmer que je ne fais pas partie d'un quelconque pacte secret" visant à ne pas recevoir François Hollande, a-t-il assuré devant la Chambre des Communes, en réponse à une question d'un député.
• En France, la droite ironise, la gauche n'est pas "impressionnée"
Le Premier ministre et le ministre de l'Economie ont moqué François Hollande. Des ténors du Parti socialiste répliquent.
>> François Fillon : François Hollande "se fait plus gros qu'il n'est"
Le Premier ministre a ironisé sur cette entente présumée au micro d'Europe 1. "François Hollande se fait plus gros qu'il n'est !" a raillé François Fillon, ajoutant que "l'idée même que tous ces chefs de gouvernement se téléphonent pour parler de lui est une idée à laquelle personne ne peut croire un seul instant".
>> François Baroin : "Je crois que c'est une aimable plaisanterie"
"Je n'imagine pas un axe de chefs d'Etat contre François Hollande qui est, il faut dire les choses, totalement inconnu sur la scène européenne et internationale, a lâché le ministre de l'Economie sur Canal+. Je crois que c'est une aimable plaisanterie", a-t-il ajouté.
>> Martine Aubry : Merkel a bien refusé de rencontrer Hollande
Interrogée sur i-Télé, la maire de Lille et première secrétaire du PS a quant à elle confirmé que la chancelière allemande avait fait connaître son refus de recevoir François Hollande. Ce dernier "avait demandé par courtoisie un rendez-vous avec Mme Merkel. Elle a dit qu'elle ne le souhaitait pas. Il a répondu 'dont acte'", a rapporté la responsable socialiste.
Dimanche, une porte-parole du gouvernement allemand avait simplement déclaré qu'il n'y avait "pour le moment aucun rendez-vous de prévu" entre Angela Merkel et François Hollande.
>> Manuel Valls : Hollande "ne se laisse pas impressionner"
Le directeur de la communication du candidat socialiste est monté au créneau sur France 2. Il a assuré que François Hollande "ne se laisse pas impressionner".
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