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Le passage de la tempête Xynthia samedi laisse un lourd bilan humain: la sécurité civile a annoncé 40 morts dimanche

Alors que près d'un million de foyers a été privé d'électricité, le PDG d'EDF, Henri Proglio, a annoncé dimanche un retour à la normale pour la majorité des abonnés "dans les 48h" et "plusieurs jours" pour les "zones les plus abîmées".Xynthia a quitté la France en direction du Bénélux et de l'Allemagne dimanche après-midi, a annoncé Météo France.
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La tempête a causé d'importantes inondations en Charente-Maritime. (F2)

Alors que près d'un million de foyers a été privé d'électricité, le PDG d'EDF, Henri Proglio, a annoncé dimanche un retour à la normale pour la majorité des abonnés "dans les 48h" et "plusieurs jours" pour les "zones les plus abîmées".

Xynthia a quitté la France en direction du Bénélux et de l'Allemagne dimanche après-midi, a annoncé Météo France.

Six départements de ces régions sont maintenus en vigilance orange. Le suivi des vents violents est terminé dans le Nord, le Pas-de-Calais, l'Aisne, les Ardennes, la Marne et la Somme, précise Météo France dans son bulletin de suivi national. Une vigilance orange crue-inondation reste en vigueur dans le Finistère et le Morbihan.

Le Premier ministre François Fillon doit présider une réunion dimanche après-midi à Matignon, alors que Nicolas Sarkozy a demandé "au gouvernement d'agir sans attendre pour que les mesures de solidarité nationale puissent intervenir dans les meilleures délais au profit des populations et collectivités sinistrés". L'Elysée a anoncé que Nicolas Sarkozy se rendra en Charente-Maritime et en Vendée lundi matin.

Les assureurs français ont indiqué dimanche qu'ils indemniseraient les victimes de la tempête Xynthia, sauf pour les dégâts causés par les inondations, qui ne seront couverts que si l'état de catastrophe naturelle est décrété.

L'alerte rouge a été levée dimanche matin dans les quatre départements qu'elle concernait : la Charente-Maritime, la Vendée -frappées par d'importantes inondations-, la Vienne et les Deux-Sèvres. C'est la deuxième fois depuis 2001, date de création de la vigilance, que Météo France lançait une alerte rouge "tempête".

La tempête Xynthia est considérée comme l'une des plus violentes depuis celle de 1999. Des rafales allant jusqu'à 130 kilomètres/heure dans l'intérieur des terres et 150 km/h sur le littoral ont été enregistrées depuis samedi soir dans les quatre départements les plus touchés, ont indiqué les autorités préfectorales. Hormis les inondations, l'essentiel des interventions des pompiers se concentraient sur des dégagements de voiries suite à des chutes d'arbres.

Lourd bilan humain
La sécurité civile a dénombré 40 victimes après les passage de Xynthia.

En Vendée, au moins 29 personnes sont mortes dans la zone de La-Faute-sur-Mer et de l'Aiguillon-sur-Mer, deux des communes les plus touchées par le passage de la tempête. D'autres personnes ont été emportées par des vagues et étaient toujours portées disparue dimanche après-midi. 25 blessés ont été évacués vers les hôpitaux de la région, des dizaines de cas moins graves ont été traités sur place.

En Charente-Maritime, on signale 5 victimes. Un enfant de 10 ans a été trouvé mort victime d'un "arrêt cardio-respiratoire" à Charron, près de La Rochelle, a indiqué la préfecture. Une femme de 88 ans a été découverte noyée dimanche à son domicile à Boyardville, sur l'île d'Oléron. Un homme de 70 ans est mort à Aytré. Deux personnes âgés sont mortes à Châtelaillon.

En Haute-Garonne, un homme de 36 ans, originaire du Val-de-Marne, a été tué samedi soir par la chute d'un arbre dans le centre de Luchon. Sa femme, enceinte, a été légèrement blessée et hospitalisée à l'hôpital de la ville.

Dans l'Yonne, un homme de 78 ans a été tué sur le coup dans son jardin, dimanche matin à Saints, par la projection d'une poutrelle emportée par le vent. Le projectile s'était détaché d'un hangar situé entre 50 et 100 m de sa maison, selon la préfecture.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, à Oloron-Sainte-Marie, deux personnes ont succombé après avoir respiré les gaz d'échappement du générateur qu'elles avaient mis en route après une coupure d'électricité.

En Loire-Atlantique, deux personnes ont été tuées, selon la Sécurité civile qui n'a pas fourni d'autres précisions.

En revanche, toujours dans les Pyrénées-Atlantiques, deux imprudents, déterminés à sortir en mer en jet-ski samedi après-midi malgré les avis de tempête, ont eu la vie sauve grâce à la mobilisation de gros moyens de secours dont un hélicoptère, a indiqué dimanche la préfecture maritime de Brest. Après 8 heures de recherche, le jet-ski en panne et ses deux occupants ont été repérés en mer. Selon les secours, ils ont été hélitreuillés vers minuit 45, à 28 km au nord de la passe de l'Adour, en face de Vieux-Boucau. Ils ont été hospitalisés à l'hôpital de Bayonne.

Le point des dégâts matériels
La tempête Xynthia a été particulièrement violente sur les quatre départements placés en alerte rouge, notamment la Vendée et la Charente-Maritime.

En Vendée, les gendarmes ont été "débordés", avec de nombreuses personnes réfugiées "sur les toits" de leurs maisons en raison des inondations. La-Faute-sur-Mer, L'Aiguillon-sur-Mer et de La-Tranche-sur-Mer sont les communes les plus concernées, avec des niveaux d'eau atteignant jusqu'à 1,5 mètre. Dimanche, deux hélicoptères survolaient la zone pour évaluer les dégâts et localiser les personnes en difficulté, appuyés par 450 sapeurs pompiers, 160 gendarmes et des renforts militaires. Des dizaines de personnes ont été évacuées de leur maison envahie par les eaux, soit par hélitreuillage, soit par bateau. Quelque 270 personnes ont été hébergées dans un groupe scolaire du secteur.

En Charente-Maritime, cinq hélicoptères devaient être envoyés pour hélitreuiller des habitants grimpés sur leurs toits à Aytré, commune limitrophe de La Rochelle. Seize communes du département ont été touchées par les inondations sur tout le littoral charentais et sur l'île de Ré. Plusieurs parties basses de la ville de La Rochelle ont été également inondées, principalement les quais et le secteur du port de plaisance.

En Bretagne, une dizaine de maisons ont été évacuées au port de Daouët, à Pléneuf-Val-André (Côtes-d'Armor), selon les pompiers. La dizaine de pensionnaires d'une maison de retraite a été également évacuée à Ploumagoar, près de Guingamp.

A Morlaix (Finistère), la rivière a débordé vers 5H00 dimanche, avec 20 centimètres d'eau dans le centre-ville et quelques commerces inondées. A Quimper, l'Odet, qui déborde facilement, a envahi les quais du centre.

Dans les Hautes-Pyrénées, des véhicules ont été endommagés par des chutes d'arbres, des toits de chalets ou de granges se sont envolés, et des rochers sont tombés sur des routes.

Près de 1.200 camions sont bloqués sur différentes aires, principalement dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, du fait de la fermeture de la frontière espagnole en raison des intempéries.

En Gironde, le Pont d'Aquitaine, qui franchit la Garonne au nord de Bordeaux, a été fermé dans les deux sens la nuit de samedi à dimanche.

Dans la Vienne, une trentaine de poids lourds se sont retrouvés bloqués et la Croix-Rouge a été dépêchée pour prendre soin des conducteurs.

A Paris, tous les parcs et cimetières sont restés fermés par précaution. La chute d'une trentaine d'arbres a été signalée dans le parc du château de Versailles, où 18.500 arbres avaient été détruits par la tempête de 1999.

Coupures d'électricité
Henri Proglio, Pdg du groupe EDF, a annoncé dimanche que le retour à la normale pour les abonnés interviendrait "dans les 48 heures" et dans "plusieurs jours" pour les "zones les plus abîmées", alors que déjà "2 à 300.000" foyers ont été réalimentées dans l'Ouest. "Il reste encore environ 1 million de foyers en rupture d'électricité, a-t-il ajouté. "La situation s'améliore dans l'Ouest", a-t-il dit, "on a une situation d'accalmie dans le centre et c'est vers l'est désormais que se dirige la tempête". M.Proglio s'exprimait dans les locaux d'ERDF, filiale d'EDF chargée de la distribution de l'électricité, où il était venu faire un point sur la situation en France.

Plus tôt, un porte-parole d'ERDF avait annoncé que le nombre de clients privés d'approvisionnement s'élevait à "près d'un million" dimanche vers midi. Une partie de l'Ouest (320.000 personnes), notamment la Bretagne, mais aussi le Centre, l'Auvergne et le Limousin (375.000 au total) étaient les régions les plus touchées. 57.000 personnes n'avaient pas de courant dans le Sud-Ouest, 63.000 dans l'Est, 55.000 en Rhône-Alpes et Bourgogne, 31.000 dans la Manche et le Nord et 37.000 en Ile-de-France.

Perturbations à l'aéroport de Roissy
Air France a annoncé l'annulation de 100 vols sur 700 dimanche au départ et à l'arrivée de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle en raison de la tempête Xynthia. Selon la réglementation en vigueur, on ne procédait plus à l'accostage des passerelles de sorte que des passagers attendaient dans des avions de pouvoir débarquer et d'autres, dans les terminaux, de pouvoir embarquer, selon une source aéroportuaire. Malgré tout, un certain nombre d'avions continuaient de décoller et d'atterrir, avec des retards de l'ordre de 52 minutes en moyenne. La compagnie aérienne a recommandé à ses passagers de vérifier sur son site internet le maintien ou l'annulation de ses vols avant de se rendre à l'aéroport.

La SNCF a par ailleurs supprimé une dizaine de trains reliant Paris au Sud-Ouest et à l'Espagne. Alors que la situation y revenait progressivement à la normale à l'exception de la liaison entre Nantes-Bordeaux qui sera rétablie mercredi", la SNCF a annoncé que le trafic des TGV et des TER était perturbé, notamment par des chutes d'arbres, dans l'est du pays.

Des stations de ski fermées
Plusieurs stations de ski de Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées n'ont pas pu ouvrir leur domaine skiable dimanche afin de procéder à de nombreuses vérifications avant d'accueillir à nouveau les skieurs, selon la Confédération pyrénéenne du tourisme. "Par mesure de précaution, on n'ouvre pas les stations tout de suite après un phénomène météorologique de cette ampleur, il faut examiner les installations, regarder si on peut rouvrir tout ou partie du domaine. Il nous faut une sécurité absolue, il y a tout un protocole, on procède étape par étape", a déclaré à l'AFP le directeur de la Confédération, Pierre Casteras.

Les causes de la tempête
La présence, beaucoup plus au sud que d'habitude, d'un courant froid de haute altitude (courant-jet) avec en basse couche une grande masse d'air chaud, est à l'origine de la tempête qui a touché la France ce week-end, a expliqué à l'AFP Hubert Dreveton, chef prévisionniste à Météo France. "Les tempêtes sont assez habituelles en février sur la France, mais celle-là est d'une ampleur et d'une intensité très au-dessus de ce qu'on observe habituellement." Xynthia, "assez nettement en-dessous de celle de décembre 1999", s'avère tout de même "très remarquable", selon lui, pour les quatre départements placés samedi en vigilance rouge. Ces tempêtes s'expliquent par la conjonction d'un courant-jet (jet stream en anglais) en haute altitude, avec des vents d'ouest rapides et très forts, et d'une masse d'air chaud en basse couche, dans les 1500 premiers mètres de l'atmosphère. "L'interaction entre les vents d'altitude et les anomalies chaudes en basse couche entraîne un creusement, c'est à dire une baisse de la pression, et la formation d'une dépression" ou "cyclogenèse".

Le creusement d'une dépression sur l'Atlantique a balayé le Portugal (un mort y a été déploré), puis l'Espagne (3 morts) et la France. Sa trajectoire allait de la Corogne (Espagne) à la Normandie avant de se déplacer vers le Bénélux puis le Danemark dimanche soir.
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