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Le soleil ne cesse de briller...résultat on commence à parler de sécheresse et les vaches alpines se plaignent déjà

La France est coupée en deux sur une ligne Biarritz-Strasbourg : au nord de cette ligne l'absence de pluies inquiète les agriculteurs qui craignent des moissons en baisse. Une sécheresse qui touche aussi les Alpes."58% des nappes phréatiques affichent un niveau inférieur à la normale", selon le bureau de recherches géologiques (BGRM).
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
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Chaleur et sécheresse sur la France. Baignade pendant les vacances de Pâques 2011 à Arcachon (AFP/JEAN PIERRE MULLER)

La France est coupée en deux sur une ligne Biarritz-Strasbourg : au nord de cette ligne l'absence de pluies inquiète les agriculteurs qui craignent des moissons en baisse. Une sécheresse qui touche aussi les Alpes.

"58% des nappes phréatiques affichent un niveau inférieur à la normale", selon le bureau de recherches géologiques (BGRM).

"On n'est pas dans une situation très favorable", explique Philippe Vigouroux, hydrogéologue au BRGM chargé de la surveillance des nappes phréatiques. "La recharge hivernale (des nappes) n'a pas été aussi conséquente que ce qu'on a pu observer en référence lors des années précédentes."

Des "cumuls de précipitations déficitaires" depuis mars, selon le jargon du BRGM, ont été observés de l'Aquitaine aux côtes de la Manche, de même qu'en Bretagne, Sologne et Touraine, en Champagne-Ardennes, Lorraine, Alsace, Franche-Comté, et sur les Alpes du Nord.

"La seule région largement arrosée a été l'arc méditerranéen avec des précipitations excédentaires en mars", note Michel Schneider, ingénieur à la direction climatologie de Météo France (voir les cartes de Météo-France).

Huit départements sont déjà concernés par au moins un arrêté préfectoral de limitation d'usage de l'eau. "Ce sont pratiquement les mêmes zones que l'année dernière", précise Odile Gauthier, directrice de l'eau au ministère de l'Ecologie. Si les restrictions d'arrosage sont limitées dans la Vienne, la Charente et le Cher, elles sont plus contraignantes dans les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime, où l'irrigation des champs est interdite entre 10 heures et 19 heures, sauf pour les cultures maraîchères. En Seine-et-Marne et dans l'Essonne, la restriction est totale autour de la nappe de Champigny - structurellement en déficit d'eau - où la situation est jugée "critique", précise le ministère.

Hausse du prix du blé
Les cours du blé poursuivaient leur progression mercredi à la mi-journée sur le marché à terme européen (Euronext) et sur le marché américain, alors que les inquiétudes climatiques s'intensifient de part et d'autre de l'Atlantique. En Europe, l'absence de précipitations et les températures supérieures aux normales saisonnières affectent la partie nord de l'Europe, touchant la France, l'Angleterre, le Bénélux, l'Allemagne et la Pologne, à un moment crucial où les cultures ont entamé leur développement végétatif.

Le stock européen de fin de campagne a été revu en baisse de 1 Mt à 12,46 Mt, selon les dernières estimations mensuelles de l'USDA (département américain de l'Agriculture). Ce niveau de réserve particulièrement faible ne laisse que peu de place aux aléas climatiques, comme l'a rappelé la société Agritel, spécialisée sur les marchés des matières premières agricoles.

Les vaches suisses rêvent de verdure
Même les vaches suisses, habituées aux verts et tendres pâturages, ont bien peu à brouter en cette saison pascale, en raison d'une sécheresse qui sévit depuis plusieurs semaines. Une situation déjà considérée comme la plus sévère depuis des décennies dans certaines régions de la Confédération.

Les météorologues helvétiques sont formels: sur les douze derniers mois, la sécheresse dans l'ouest du pays est telle que seules lui sont comparables celles de 1884, 1921 et, dans une moindre mesure 1976, explique Météosuisse. La pluie se fait toujours attendre, les cours d'eau se tarissent et les lacs voient leur niveau baisser significativement. Sans compter que les températures sont trop "chaudes" pour la saison, selon les experts. "Habituellement les températures maximales sont de 14 et là elles sont de 23-25", détaille Olivier Duding, météorologue à Météosuisse.

Jusqu'à la première quinzaine d'avril, il est ainsi tombé nettement moins de la moitié des précipitations habituelles sur la plupart des régions suisses. A Genève, par exemple, le temps n'a jamais été aussi sec en ce début d'année depuis 1953. A moins d'un renversement majeur de situation, "l'année 2011 est bien partie pour figurer sur le podium des plus importantes sécheresses depuis 1864", prédit ainsi le météorologue.

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