Législatives : ces triangulaires avec le FN qui menacent l'UMP
Si le FN réitère son score de la présidentielle, de nombreux candidats frontistes aux législatives pourraient se maintenir au second tour. Et, dans la majorité des cas, faire perdre l'UMP.
A la veille du premier tour des élections législatives, c'est l'inconnue qui fait trembler la droite : le score obtenu par le parti de Marine Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle laisse imaginer que de nombreux candidats FN aux législatives pourront se maintenir au second tour. Et, dans une majorité des cas, faire perdre l'UMP. Explications.
• Une triangulaire, c'est quoi ?
Aux élections législatives, un candidat peut se maintenir au second tour lorsqu'au moins 12,5% des électeurs inscrits votent pour lui. En général, deux candidats y parviennent, mais il arrive qu'ils soient trois. On parle alors de triangulaire.
Mais ce seuil de 12,5% des inscrits est en réalité plus élevé qu'il n'y paraît : car plus l'abstention est élevée, plus le score à obtenir (qui correspond, lui, au pourcentage des exprimés) doit l'être également. Lors des derniers scrutins législatifs, ce cas de figure ne s'est présenté qu'une seule fois en 2007, dix fois en 2002, et surtout 79 fois en 1997.
• Combien pourrait-il y avoir de triangulaires cette année ?
Pour Le Figaro, l'institut Harris Interactive a procédé à une modélisation basée sur les résultats de la présidentielle par circonscription, sur l'incidence de ces scores sur l'abstention et sur une mise en perspective avec l'historique des votes. Résultat : en cas de faible score du FN à l'échelle nationale (12 à 13%) et d'abstention très élevée (44%), le parti de Marine Le Pen (plus exactement le Rassemblement bleu Marine) ne serait en mesure de se maintenir que dans une seule circonscription. A l'inverse, en cas d'abstention faible (28%) et de score élevé (16 à 18%), il pourrait imposer 225 triangulaires ! Une hypothèse cependant peu probable.
Selon la dernière vague Ipsos-France Télévisions publiée mardi 5 juin (voir le PDF), le FN obtiendrait 14% et la participation serait d'environ 60%. Avec une telle hypothèse, le nombre de triangulaires devrait être légèrement inférieur à 100.
• Pourquoi une triangulaire avec le FN constitue une menace pour l'UMP ?
Le FN était impliqué dans neuf des dix triangulaires en 2002, et dans dans 76 des 79 triangulaires en 1997. Lorsqu'une telle situation intervient dans une circonscription où la droite est forte, cela ne pose généralement pas de problème à l'UMP. Alpes-Maritimes, Var... En 2002, les candidats UMP l'emportent ainsi dans six des neuf triangulaires impliquant un candidat FN.
Mais c'est lorsque la situation politique locale est plus partagée que les choses se corsent pour la droite. Dans ces cas-là, quand le FN parvient à se maintenir au second tour, l'UMP est battue la plupart du temps. Dans le cas contraire, c'est l'UMP qui l'emporte. Exemples dans la 13e circonscription du Rhône ou dans la 7e circonscription de l'Hérault, où un député de gauche a été élu lorsque le FN a imposé une triangulaire, et où un député de droite a été élu lorsque le FN a recueilli moins de 12,5% au premier tour.
En 1997, sur les 76 triangulaires impliquant un candidat FN, la gauche est ainsi sortie victorieuse dans 62% des cas. De quoi, cette année-là, faire basculer l'Assemblée à gauche et provoquer une cohabitation.
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