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Ces œuvres d'art qui dérangent les chrétiens traditionnalistes

A Paris, des catholiques ont violemment manifesté contre une reproduction du visage de Jésus dans une pièce de théâtre. Ce n'est pas une première en France. Retour sur ces œuvres jugées blasphématoires qui ont fait polémique.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Représentant un Christ dans un verre d'urine, le "Piss Christ" d'Andreas Serrano a été attquée à coup de pioche et de marteau le 17 avril 2011 à Avignon par des catholiques traditionnalistes. (BORIS HORVAT/AFP)

Ils sont là tous les soirs, depuis sa première jeudi 20 octobre, à manifester pour réclamer l'annulation de Sur le concept du visage du fils de Dieu. Certains ont même réussi à pénétrer dans le Théâtre de la Ville à Paris pour interrompre le spectacle.

Tous sont des catholiques traditionnalistes qui dénoncent le caractère blasphématoire de la pièce de Romeo Castellucci. Elle met en scène un père et son fils affrontant ensemble la déchéance de l'âge, sous un portrait géant du Christ, une reproduction du Salvator Mundi d'Antonello da Messina. Une représentation de Jésus qui finit déchirée et souillée d'excréments.

Près de 200 manifestants ont été interpellés depuis le 20 octobre, dont une quinzaine a été déférée pour "entrave à la liberté d'expression". Une telle violence de la part de chrétiens fondamentalistes n'est pas une première en France.

Immersion Piss Christ (2011)

Le 17 avril 2011, lors d'une manifestation à Avignon, la photo intitulée Immersion Piss Christ, d'Andreas Serrano, représentant un crucifix plongé dans un verre d'urine est entièrement détruite à coups de pioche et de marteau. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a immédiatement condamné une "atteinte à un principe fondamental, la présentation de ces œuvres relevant pleinement de la liberté de création et d’expression qui s’inscrit dans le cadre de la loi", tout en reconnaissant que l'œuvre "pouvait choquer certains publics".

Hellfest (2010)

Le 17 mars 2010, Christine Boutin, la présidente du Parti chrétien démocrate envoie une lettre ouverte au directeur de Kronenbourg, le brasseur partenaire du Festival de musique métal Hellfest de Clisson (Loire-Atlantique). Elle l’invite à cesser son soutien à l'événement, dénonçant les paroles sataniques des morceaux joués sur les scènes et une manifestation qui "promeut et véhicule la culture de mort".

En 2012, le festival fêtera ses sept ans et Kronenbourg est toujours partenaire.

La dernière tentation du Christ, film de Martin Scorsese (1988)

Le 23 octobre 1988, un groupe de fondamentalistes catholiques ainsi que des extrémistes de droite incendient la salle de cinéma de L’espace Saint-Michel à Paris pour protester contre la projection de La dernière tentation du Christ, de Martin Scorsese. Un attentat qui fera 14 blessés dont quatre graves. Le film présentait Jésus déchiré entre sa condition humaine et divine, et amoureux de Marie-Madeleine.

Le Vicaire, pièce de Rolf Hochhuth (1963)

Cette pièce critique l’action du pape Pie XII durant la seconde guerre mondiale, en particulier à l’égard des juifs. Lors de la première présentation au théâtre de l'Athénée à Paris en 1963, une dizaine de protestataires hurlent "Caricature ! Interdiction ! Vive Pie XII, vive Hitler et vive le roi !". La pièce ne cesse d’être interrompue aux cris de "Sales juifs !", "Communistes !". Des manifestants envahissent même la scène et s'attaquent aux comédiens, Michel Piccoli et Antoine Bourseiller.

Golgota Picnic (2011)

A l'instar de l'œuvre de Romeo Castellucci, autre pièce sensible est programmée à Toulouse en novembre et Paris en décembre. Intitulée Golgota Picnic, elle mettra en scène "une crucifixion tragique et trash", où le spectateur verra la plaie du Christ remplie de billets de banque.

La pièce a déjà fait scandale en Espagne, et en France, l'Institut Civitas, responsable du siège du Théâtre de la Ville à Paris, a déjà appelé à des rassemblements.

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