Émeutes en Nouvelle-Calédonie : "L'escalade de la violence, on n'y est pour rien", affirme une militante de la CCAT

La Cellule de coordination des actions de terrain est pointée du doigt par les autorités et notamment le ministre de l'intérieur comme responsable des violences survenues en Nouvelle-Calédonie.
Article rédigé par franceinfo
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Une manifestation de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) contre le projet de loi constitutionnelle visant à modifier le corps électoral en Nouvelle-Calédonie, à Nouméa le 28 mars 2024. (DELPHINE MAYEUR / HANS LUCAS / VIA AFP)

"L'escalade de la violence, nous, on n'y est pour rien", affirme Sonia*, une militante à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) en Nouvelle-Calédonie. Elle explique sur franceinfo, dimanche 19 mai, les actions menées par cette organisation qui milite contre la réforme du corps électoral alors que le ministre de l'Intérieur ainsi que le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie ont désigné la CCAT comme responsable des émeutes survenues sur l'archipel.

"Nous, la CCAT, on s'est organisés par rapport aux événements qui ont eu lieu il y a sept jours" pour "communiquer auprès de ces jeunes qui tiennent les barrages". La CCAT demande un apaisement au niveau des barrages et la libre circulation des personnes. "On est entendus, affirme la militante de la CCAT. Depuis trois jours, on circule dans les quartiers. En revanche, la menace d'une milice armée [milice d'autodéfense caldoche] qui terrorise les jeunes et les familles dans les quartiers nord, c'est ce qui fait qu'on ne peut pas parvenir aujourd'hui à concrètement enlever les barrages aux abords des quartiers."

"On appelle à la mobilisation pacifique"

La militante est horrifiée par les six morts provoquées par les émeutes, car selon elle, "chaque vie compte". "On appelle à la mobilisation pacifique et on sensibilise sur le fait qu'on est contre le dégel du corps électoral par rapport à la peur de l'aliénation du peuple kanak." Mais ce message pacifiste n'est pas toujours bien entendu, regrette-t-elle : "Aujourd'hui, on est face à une situation qu'on n'avait pas prévue, qu'on a du mal à maîtriser et on est vraiment très affectés par la perte de ces vies humaines."

"Les jeunes sur le terrain sont nombreux et ont une force de frappe qui nous-même nous étonne, explique Sonia*. Nous-même, nous subissons également. Ils sont organisés et on n'a jamais voulu ça." La militante regrette également les accusations de Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, qui qualifie la CCAT de "groupuscule qui commet des pillages et des meurtres", alors qu'elle estime essayer de ramener la paix sur son île. "Énormément d'assignations à résidence sont tombées sur la tête de nos responsables", déplore-t-elle.

"Nous, on demande à Gérard Darmanin depuis un moment d'arrêter de nous menacer, d'arrêter de mettre en péril la paix que les accords de Matignon et de Nouméa ont amené dans notre pays."

Sonia*, militante à la CCAT

à franceinfo

Selon elle, pour ramener la paix, alors que les drapeaux blancs fleurissent sur les barricades, il ne faut pas que la réforme du corps électoral se fasse telle quelle. "On a nos élus politiques dans les discussions, on leur demande de ne pas négocier en dessous des accords de Nouméa."


*Le prénom a été changé

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