Nouvelle-Calédonie : la réforme du corps électoral pourrait-elle avoir un impact sur le résultat des prochaines élections ?

C’est un texte sensible, qui a plongé la Nouvelle-Calédonie dans la violence. À gauche, certaines personnalités le dénoncent. "Ça a une incidence sur le futur résultat des élections, puisque l’orientation de cette réforme, c’est que les Kanaks aient moins de poids électoralement par rapport à avant", a notamment déclaré Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV. Est-ce réellement le cas ? En 1998 étaient signés les accords de Nouméa (Nouvelle-Calédonie), après des années d’affrontements entre pro et anti-indépendance. 

25 000 électeurs supplémentaires 

Un système de vote unique en France a été créé : le corps électoral restreint pour les élections locales. Concrètement, toutes les personnes arrivées après 1998 ne peuvent pas voter. L’objectif est d’atténuer le poids électoral des nouveaux arrivants et de mieux représenter les Kanaks, peuple autochtone de l’île. Le gouvernement souhaite aujourd’hui ouvrir le droit de vote aux personnes domiciliées depuis dix ans. D’après les estimations, 25 000 personnes supplémentaires pourraient ainsi voter. Avec des électeurs en plus arrivés récemment, la part des électeurs Kanaks baisserait numériquement. 

Quel serait l’impact sur les élections locales ? Depuis 2019, les indépendantistes sont élus et sont aux commandes du Parlement local. D'après certains observateurs, ce nouvel électorat pourrait changer la donne. "Les néo-arrivants ne peuvent pas voter pour les indépendantistes. Ce ne sont pas des élections locales anodines, ce sont des élections qui élisent les assemblées de province et le Parlement local, qui est le congrès, auquel on a transféré énormément de compétences", analyse Isabelle Merle, directrice de recherche au CNRS et spécialiste de l’histoire du Pacifique.  

La réforme du corps électoral pourrait donc avoir un impact sur le résultat des prochaines élections locales, et bousculer des équilibres politiques en place déjà fragiles.