Tarification saisonnière de l'eau à Toulouse : "Une mesure forte pour changer les comportements", défend le maire, "enfumage", selon Eau secours

Une première en France. L'eau coûtera plus cher de juin à octobre dans les 37 commune de la métropole toulousaine pour raisonner la consommation des habitants.
Article rédigé par franceinfo
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Le niveau de la Garonne, chaque été de plus en plus bas (photo d'illustration). (XAVIER DE FENOYL / MAXPPP)

"Il faut une mesure forte qui, je l'espère, va conduire à des changements de comportement", défend samedi 1er juin sur franceinfo, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole. Les 37 communes de la métropole, dont la ville rose, instaurent à partir de samedi et jusqu'au 31 octobre, une tarification saisonnière de l'eau. Une première en France.

"Pendant les cinq mois où l'eau est la plus rare en Garonne, de juin à octobre, l'eau coûtera plus cher (+42%). Son prix baissera (-30% par rapport au tarif jusqu'ici en vigueur) le reste de l'année, de novembre à mai, quand la ressource est davantage disponible", explique Eau de Toulouse métropole sur son site. Preuve qu'il "n'est pas question de sanctionner les gens" puisque "pendant les sept mois où la ressource en eau est abondante, le tarif baisse de 30%", justifie Jean-Luc Moudenc. La mesure concerne quelque 850 000 habitants.

Graphique de facturation de l'eau à Toulouse, à partir du 1er juin 2024. (EAU DE TOULOUSE METROPOLE)

Selon Toulouse Métropole, le montant de la facture pourra augmenter de 60 centimes par an, pour une famille de trois personnes vivant en appartement et jusqu'à 80 euros par an pour un foyer résidant dans une maison avec piscine et qui ne ferait aucun effort.

Le problème c'est l'irrigation, selon Eau secours

Pas de quoi convaincre l'association d'usagers Eau secours 31. "C'est de l'enfumage", dénonce son président, Lionel Sanchez. Il affirme que la consommation d'eau des habitants de la métropole n'est pas le problème, "quasiment 1% du débit d'étiage de la Garonne". Selon lui, "le problème" n'est pas là, "ça se joue sur l'irrigation". Invité de franceinfo samedi, Guillaume Choisy, directeur général de l'agence de l'eau Adour-Garonne, conteste ce chiffre. Selon lui, "c'est plutôt de l'ordre de 5 à 6% du volume qui passe dans la Garonne"

"Bien sûr, l'agriculture, l'industrie" doivent aussi "réguler" leur consommation. "Tous les usages de l'eau doivent être régulés", concède Guillaume Choisy. Mais il ne veut pas sous-estimer les effets de cette mesure. La tarification saisonnière "à elle seule" ne sera pas "assez efficace" mais elle pousse "à plus de sobriété". Une nécessité avec le changement climatique. "On a vu à l'été 2022, sur le bassin de Haute-Garonne, 40% des rivières étaient à sec", rappelle-t-il.

"On a plus les moyens d'avoir les mêmes gestions de l'eau que par le passé."

Guillaume Choisy, directeur général de l'agence Adour-Garonne

sur franceinfo

Il souligne "une particularité dans le Sud-Ouest et notamment sur la Garonne" où il n'y a "pas de nappes en profondeur". Guillaume Choisy, estime que "la tarification saisonnière a du sens dans ce type de territoire". Ce "n'est pas le cas partout en France puisque la plupart des autres territoires sont prélevés dans des nappes profondes qui se régénèrent au fil de l'année où il n'y a pas un effet saisonnier". 

L'association Eau secours 31 réclame un tarif progressif faire payer davantage ceux qui consomment le plus. C'est ce qui a été mis en place par la métropole de Lyon. Mais 70% des habitants de la métropole de Toulouse n'ont pas de compteurs d'eau individuels. Impossible à ce stade de distinguer les gros consommateurs des autres. 

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