"Le devoir de la France est d'accompagner la volonté du peuple" : le principal leader indépendantiste en Polynésie français souhaite la souveraineté sans référendum

S'appuyant sur la colère des indépendantistes kanaks et sur l'exemple du Vanuatu, Oscar Temaru a défendu la "volonté du peuple, qui se manifeste pour l'accession à l'indépendance".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Oscar Temaru, le 2 juillet 2011 à Papeete. (GREGORY BOISSY / AFP)

Les émeutes en Nouvelle-Calédonie provoquée par la réforme électorale donnent-elles des idées à certains ? Le chef du parti indépendantiste tahitien, Oscar Temaru, a affirmé lundi 4 juin que la Polynésie française pouvait obtenir sa souveraineté "sans passer par un référendum" et justifié un récent déplacement d'élus de son parti en Azerbaïdjan. "Plus tôt on l'aura, mieux ça sera : moi je pense qu'il faut y aller, il n'y a pas de crainte à avoir", a ainsi déclaré Oscar Temaru, au sujet de l'indépendance lors d'une conférence de presse aux côtés du président polynésien Moetai Brotherson. 

Ainsi, pour Oscar Temaru, l'indépendance ne passe pas forcément par un référendum : si les élections portent les indépendantistes au pouvoir - ce qui est le cas en Polynésie -, ce qu'il appelle la "puissance coloniale" doit se retirer. Âgé de 79 ans, le leader s'est appuyé sur l'exemple des Nouvelles-Hébrides, devenues le Vanuatu, un Etat indépendant. "Ce sont les pays de la région, avec les Nations Unies, qui ont décidé que le 30 juillet 1980, 'Messieurs les Anglais, Messieurs les Anglais : baissez votre drapeau et on hisse le drapeau Vanuatu'" a-t-il déclaré. A franceinfo, il a précisé : "Il n'y a jamais eu de référendum. Il y a eu les élections générales en 1976. Or, l'analyse de ces résultats montre bien la volonté du peuple, qui se manifeste pour l'accession à l'indépendance. Le devoir de la France est de les accompagner", a-t-il souligné.

Le leader indépendantiste a évidemment en tête la Nouvelle-Calédonie où les référendums ont confirmé le rattachement à la France. En conférence de presse, il avait "Actuellement, un métropolitain qui débarque ici, il peut voter six mois après : vous croyez que s'il y a un référendum, on peut accepter ça ? Ce n'est pas possible", s'est encore indigné Oscar Temaru, fondateur en 1977 du parti indépendantiste Tavini Huiraatira, qu'il préside toujours.

Une conférence en Azerbaïdjan sur le "droit à la décolonisation"

Point commun entre indépendantistes kanaks et polynésiens : le soutien visible de l'Azerbaidjan. Une délégation du parti d'Oscar Temaru revient de Bakou, fin mai, minimisant les atteintes aux droits de l'homme commises dans ce pays du Caucase tenu d'une main de fer par la famille Aliev depuis son indépendance en 1991. "On n'a pas le droit de se réunir là où on veut ? Ce n'est pas possible ! Ils nous ont invités ! N'oubliez pas que l'Azerbaïdjan fait partie de ces pays non-alignés qui nous ont soutenus, comme 150 autres pays", a-t-il assuré. L'Azerbaïdjan a accueilli des élus polynésiens pour une conférence sur le "droit à la décolonisation", au risque d'alimenter les tensions alors que Paris accuse Bakou d'"ingérence" et de "manœuvres informationnelles" sur la Nouvelle-Calédonie et plus généralement sur les Outre-mer.

Le leader indépendantiste reste le maire de la ville la plus peuplée de Tahiti, Faaa, mais ne joue plus forcément le premier rôle dans la coalition au pouvoir. L'actuel président du territoire, Moetai Brotherson, évoque, lui, l'indépendance par référendum "dans les 15 prochaines années".

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