Pour les éditorialistes de la presse écrite, le climat est "explosif" et le conflit social a pris une nouvelle dimension
Motif de ce changement: l'entrée en scène de la jeunesse.
Au-delà des querelles de chiffres qui ont rythmé les précédentes journées d'action, "cette fois les syndicats ont remporté leur pari... sans compter. Et nul ne le conteste", résume Jacques Camus dans La République du Centre.
Seul Le Figaro, sous la plume de Gaëtan de Capèle, remarque que "si, à l'évidence, le nombre des manifestants a été, hier, supérieur à celui du 23 septembre, le taux de grévistes n'a globalement pas varié". Pour le quotidien de droite, "il ne suffit pas de crier victoire pour démontrer que l'on a gagné" et "le gouvernement reste à juste titre décidé à mener la réforme à son terme".
Pourtant, au lendemain de cette journée qui a rassemblé selon les sources entre 1,2 et 3,5 millions de manifestants, "on change de film", écrit Laurent Joffrin dans Libération. Le directeur du journal de gauche estime que "le gouvernement aperçoit avec inquiétude la possibilité d'une tuile".
"Les syndicats ont réussi leur pari, la mobilisation n'a pas faibli et le scénario longtemps caressé par l'Elysée d'une bataille éclair a fait long feu", commente Dominique Seux dans Les Echos.
Les éditorialistes, à l'instar de Marc Dejean dans Presse Océan, insiste désormais sur "un risque de radicalisation et de débordements". Estimant qu'"aucune concession n'apparaîtrait suffisante à un mouvement syndical gonflé par le succès", Dominique Quinio juge dans La Croix que "certaines organisations peuvent être tentées par une stratégie du désordre".
"Lycées bloqués, cours séchés, professeurs en grève: le cocktail est explosif", relève Yann Marec dans le Midi libre. Ce durcissement était "peut-être même souhaité par Sarkozy qui pourrait ainsi sauver le pays de la 'chienlit', l'opinion publique se retournant contre les syndicats", analyse Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées.
Pourtant, "le renforcement de la mobilisation et surtout la présence des jeunes sont en train de transformer le conflit en nasse pour Nicolas Sarkozy", commente Daniel Ruiz dans La Montagne.
Didier Louis, du Courrier Picard, estime que le chef de l'Etat "n'a plus le choix" et doit "aménager de nouveaux terrains de négociation". "Un pouvoir ne peut trop longtemps rester sourd à ses messages sans risquer d'être réveillé en sursaut, un jour ou l'autre, par un impérieux cri de colère", avertit Olivier Picard des Dernières Nouvelles d'Alsace.
Beaucoup jugent néanmoins qu'il est trop tard pour un compromis, après la fin de non-recevoir de François Fillon. "Face à ce regain de tension et de risques, le gouvernement reste droit dans ses bottes", note Paul Burel dans Ouest-France. "On sait désormais que l'affrontement ne pourra tolérer qu'un vainqueur, et donc un vaincu. Des triomphants, et des humiliés. Triste et dangereuse sortie", écrit Francis Brochet dans Le Progrès de Lyon.
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