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Civilisations : Hollande dénonce "une polémique inutile"

La séance des questions au gouvernement a été suspendue mardi après l'intervention du député apparenté PS et président du Conseil régional de Martinique, Serge Letchimy, qui a déclaré au ministre de l'Intérieur Claude Guéant : "Vous portez une idéologie qui a donné naissance aux camps de concentration".

Article rédigé par franceinfo
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François Hollande, invité du journal de 20h de France 2 le 7 février 2012. (FTVi)

La gauche veut tourner la page de la polémique sur les propos tenus mardi 7 février à l'Assemblée nationale par le député apparenté PS et président du conseil régional de Martinique, Serge Letchimy. S'adressant au ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, il a déclaré lors des questions au gouvernement : "Vous portez une idéologie qui a donné naissance aux camps de concentration", provoquant la suspension de la séance, désertée par les députés UMP. 

Invité du 20 heures de France 2, le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, a dénoncé une "polémique inutile". "Nous avons mieux à faire", a-t-il poursuivi, refusant de présenter des excuses concernant les propos de Serge Letchimy. "Il a été sans doute blessé et humilié [par les propos de Claude Guéant sur les civilisations]", a estimé le candidat. 

Hollande au JT de 20H : "ce que réprouve c'est cette polémique inutile" (FTVi)

Claude Guéant, pas le bienvenu dans les Antilles 

Tout est parti de la déclaration du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, samedi 4 février, lors d'une rencontre avec le syndicat étudiant de droite UNI et relayée sur Twitter. "Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas", avait-il dit, provoquant une vive polémique.

Interrogé par La Chaîne parlementaire quelques minutes après la suspension de séance, Serge Letchimy, député de Martinique, s'est justifié : "On ne peut pas se taire lorsqu'on entend ce genre de propos, on ne peut pas se taire lorsqu'on est un enfant de ce processus ignoble qui est l'esclavage."

Membre du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche, Serge Letchimy avait par ailleurs adressé lundi une lettre ouverte à Claude Guéant, indiquant qu'il n'était "pas le bienvenu" en Martinique. Le ministre doit partir dans quelques jours en visite officielle dans les Antilles.

Les présidents PS des conseils régional et général de Guadeloupe, Victorin Lurel et Jacques Gillot, ont à leur tour indiqué mardi qu'ils ne recevraient pas le ministre. Dans une lettre ouverte, ils évoquent "des propos dangereux pour l'unité nationale""Vous tournez résolument le dos aux valeurs fondamentales de la République, auxquelles nous Antillais (…) restons attachés encore davantage que d'autres", ajoutent-ils.

Et de rappeler qu'en décembre 2005, le poète martiniquais Aimé Césaire avait refusé de rencontrer le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, après le vote de la loi sur le "rôle positif" de la colonisation.

La droite demande "des excuses"

A droite, députés et ministres demandent des excuses. "Là, les frontières de l'inacceptable ont été définitivement franchies, a commenté mardi le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé. Il a estimé que "comparer cette barbarie ignoble [le nazisme] à la politique de la majorité, c'est salir la mémoire de ces millions de victimes innocentes qui ont été déportées, exploitées, gazées par la folie du régime nazi". Comme le Premier ministre, François Fillon, Jean-François Copé "demande solennellement des excuses de la part des dirigeants du Parti socialiste".

Mardi, plus tôt dans la journée, Claude Guéant avait tenté d'apaiser les tensions provoquées par ses positions sur une possible hiérarchisation des civilisations en adressant une lettre au Conseil français du culte musulman, assurant que ses propos ne visaient pas "les musulmans de France".

Après avoir reçu les présidents de groupe à la suite de l'incident dans l'hémicycle, le président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a déclaré qu'il réunirait "au plus tard le 14 février" le Bureau de l'Assemblée.

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