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Prothèses mammaires, mythes et réalités

Même si l'augmentation mammaire est devenue une opération presque banale, le récent scandale des prothèses PIP relance les nombreuses idées reçues qui persistent au sujet des prothèses. FTVi démêle le vrai du faux.

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Une femme se couvre la poitrine avec des implants mammaires en silicone. (ALIX MINDE / ALTOPRESS / PHOTOALTO)

L'affaire des prothèses PIP reste placée sous surveillance. Un comité de suivi regroupant associations, autorités sanitaires et sociétés savantes s'est réuni mercredi 14 décembre au ministère de la Santé. Cette rencontre fait suite au décès d'Edwige Ligonèche le 21 novembre. 

A l'issue de cette réunion, le directeur général de la Santé, Jean-Yves Grall, a annoncé que huit cas de cancer avaient été signalés chez des femmes porteuses de ces implants estimés défectueux. 

Même si l’augmentation mammaire, largement répandue aujourd’hui, se pratique depuis près de cinquante ans, les idées reçues vis-à-vis des prothèses ont la peau dure. FTVI démêle le vrai du faux.

"Les femmes qui se font poser des implants sont superficielles." Outre l'aspect sanitaire, la présidente de l'Association de défense des porteuses de prothèses PIP, Alexandra Blachère, mère au foyer de 33 ans, déplore dans les colonnes du Monde que les femmes concernées soient "prises de haut""On n'est pas des bimbos qui voulaient de gros lolos", clame-t-elle. 

Car les femmes ne se font pas toutes augmenter la poitrine pour plaire aux hommes ou coller davantage aux canons de beauté actuels. Elles peuvent avoir recours aux prothèses après un cancer du sein, pour une reconstruction mammaire, ou bien après une ou plusieurs grossesses, ou une perte de poids importante.

"Les prothèses mammaires accroissent le risque de cancer." Outre les implants PIP, faut-il avoir peur des autres marques ? Des chercheurs danois ont suivi pendant trente ans près de 3 000 femmes ayant bénéficié d’une augmentation mammaire. Leur conclusion : il n’y a pas de sur-risque de cancer lié à la pose de prothèses. Les chercheurs ont même noté une légère baisse des cas de cancer chez les porteuses d’implants !

Toutefois, rapporte Le Parisien, "en janvier 2011, la Food and Drug Administration, l’agence sanitaire américaine, a rendu un rapport associant clairement l’apparition d’un lymphome anaplasique (tumeur qui a provoqué la mort d'Edwige Ligonèche) à grandes cellules et la pose d’implants mammaires." Interrogé par le quotidien, le professeur Laurent Lantieri, chef du service de chirurgie reconstructrice de l’hôpital Henri-Mondor à Créteil (Val-de-Marne), affirme : "On ne connaît pas encore les mécanismes qui entrent en jeu. Mais le lien est avéré." La question reste donc entière.

"Les prothèses gênent la mammographie." Lors d’une augmentation mammaire, les prothèses peuvent être posées de deux manières : directement derrière la glande, ou bien derrière le muscle. Dans le premier cas, la prothèse masque une partie de la glande analysable par mammographie, et rend ainsi difficilement détectable une tumeur. Il est donc important de prévenir le radiologue que l’on porte des implants. Le deuxième cas de figure pose, lui, moins de problèmes.

"Le silicone est plus dangereux que le sérum physiologique." Le silicone, soupçonné un temps de provoquer des maladies auto-immunes (comme le lupus), a été réautorisé en France en 2001. Néanmoins, contrairement au sérum physiologique (eau et sel) qui, en cas de fuite ou de rupture de la prothèse, ne présente aucun danger pour l'organisme, le silicone lui, formerait des petites boules que le chirurgien devra retirer pour éviter les complications.

"Les porteuses de prothèses mammaires ne peuvent ni ne doivent allaiter." Lors d’une opération de chirurgie mammaire (réduction ou augmentation), les canaux galactophores son préservés, ce qui n’affecte pas l’écoulement du lait. Le magazine Allaiter Aujourd’hui (n°57, LLL France 2003) cite néanmoins deux études : l'une démontre "une multiplication par trois du risque d'échec de l'allaitement chez les femmes qui avaient subi une chirurgie mammaire quelle qu'elle soit" et l'autre indique que "64 % des mères porteuses d’implants avaient une sécrétion lactée insuffisante, contre 7 % des mères du groupe témoin".

En ce qui concerne l’enfant, des soupçons persistent quant aux risques des implants en silicone, qui affecteraient notamment la motilité œsophagienne (sa capacité à effectuer des mouvements). Mais comme le rappelle Allaiter Aujourd’hui, "à l’heure actuelle, il n’existe aucune raison de penser que l’allaitement par une mère porteuse d’implants présente des risques pour l’enfant."

"Les femmes ayant subi une augmentation mammaire sont enfin heureuses." Elles en rêvaient, elles l'ont fait, et pourtant, plusieurs études rapportent des conclusions tragiques. L'une d'elles, menée par des chercheurs auprès de 24 500 Canadiennes ayant reçu des implants mammaires pour des raisons esthétiques entre 1974 et 1989, révèle que le taux de suicide des femmes avec implants mammaires est deux fois plus élevé que dans la population.

En 2004 et 2007, deux autres études donnent la même conclusion : le taux de suicide est deux à trois fois plus élevé chez les porteuses de prothèses mammaires. L'une indique même que "le risque de suicide (est) près de sept fois plus élevé pour les femmes ayant reçu leur implant à 45 ans et plus."

"Il est dangereux de prendre l’avion quand on porte des implants." La pressurisation des cabines ferait en effet exploser les prothèses. Une légende urbaine qui n’a jamais été prouvée, malgré ce qu’indique ce reportage diffusé dans l'émission "Double jeu", sur Antenne 2, en 1991. La pressurisation à l’intérieur de la cabine d’un avion recrée l'atmosphère terrestre, avec une légère surpression. Si au décollage nos oreilles se bouchent et que nos tympans sont douloureux, c’est que l’air, qui n’arrive plus à sortir, exerce sur eux une forte pression. Or, comme les prothèses ne sont pas remplies d'air, il n'y a aucune raison qu'elles explosent.

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