Six gendarmes accusent leur hiérarchie de racisme
Six gendarmes mobiles d'origine maghrébine et africaine ont réclamé vendredi une enquête à la HaldeSix gendarmes mobiles d'origine maghrébine et africaine ont réclamé vendredi une enquête à la Halde
Dans leur courrier à la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, ces hommes se disent, depuis leur arrivée au camp de Versailles-Satory (Yvelines), "régulièrement victimes de propos racistes" et "l'objet de discriminations".
L'un d'eux aurait ainsi été "maintes fois" traité de "bougnoule" par le commandant de l'unité.
Le même lui aurait également rappelé qu'"il est le 'quota' du secrétariat". Un autre des plaignants serait qualifié de "nègre" par un lieutenant.
Selon Le Parisien, lorsque deux des six hommes se voient remettre leurs galons de sous-officiers, "le capitaine trempe lesdits galons dans un verre de bière et demande à ces deux gendarmes de religion musulmane d'ouvrir la bouche". "Il veut déposer les galons imbibés d'alcool sur la langue telle une hostie", poursuit le quotidien.
Les gendarmes plaignants se disent en outre victimes de discriminations, notamment dans leurs "notations administratives singulièrement basses, ce qui a pour conséquence de retarder, voire de rendre impossible toute évolution de carrière", selon l'avis de saisine.
La direction de la gendarmerie, qui n'a pas encore eu connaissance de la saisine de la Halde, a confirmé vendredi soir qu'un gendarme d'origine maghrébine s'était plaint en février auprès de sa hiérarchie de propos racistes tenus par son commandant d'escadron.
Une enquête interne avait été lancée et il avait été "vérifié que des propos discriminatoires et inappropriés avaient été tenus par ce capitaine mais il n'y avait pas de réelle volonté raciste", selon le Service d'information et de relations publiques des armées (Sirpa-gendarmerie). L'officier de gendarmerie avait alors écopé d'une "lourde sanction", en l'occurrence 30 jours d'arrêt.
Concernant les accusations de discrimination, le Sirpa assure qu'"il n'y a pas de discrimination particulière": "parmi les gendarmes, il y a toutes les origines et certains sont bien notés car ils servent bien et d'autres sont mal notés car ils servent mal", explique le service de communication de la gendarmerie.
Pour l'avocat des plaignants, Me Joseph Cohen-Sabba, cité par Le Parisien, "lorsqu'on appartient à ce corps fondamentalement discipliné et respectueux du devoir de réserve, il faut avoir subi plus que ce qui est humainement tolérable pour oser braver la culture du silence". De leur côté, les gendarmes concernés se disent conscients des risques encourus par leur geste: "représailles" disciplinaires et carrière compromise.
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