Trois jours après la réouverture du procès, le récit du médecin allemand est jugé non crédible par l'accusation.
Dieter Krombach, 76 ans, interrogé par la présidente de la cour sur la nuit au cours de laquelle Kalinka Bamberski est morte à son domicile, a eu de la peine à expliquer pourquoi et comment il lui avait fait prendre une solution ferrique et un somnifère.
Des contradictions ont été mises en lumières avec de précédentes dépositions. Cette mort inexpliquée de l'adolescente en 1982 n'a jamais été considérée comme un crime en Allemagne, où le médecin n'a été interrogé qu'une fois par la police, par téléphone.
En France, l'accusation considère avoir réuni de lourds éléments à charge. Plusieurs scénarios sont envisagés : une mort provoquée par un traitement incongru, un décès dû à des abus sexuels sous sédatifs ou une combinaison des deux. Quand elle est morte, Kalinka, 14 ans, était en vacances chez Dieter Krombach, qui s'était remarié avec sa mère. Le jour des faits, elle avait pris le soleil et s'en plaignait, ont dit tous les témoins.
"Pourquoi dans ce cas lui avoir administré avant qu'elle aille se coucher une piqûre d'une solution à base de fer, contre-indiquée après les repas et en situation de fatigue ?", a demandé la présidente à l'accusé. "C'est elle qui me l'a demandé", a répondu Dieter Krombach. "C'est vous le médecin, pas Kalinka", lui a fait remarquer la magistrate.
Un viol sous somnifères ?
Une expertise médico-légale menée par des experts français en 2010 à partir du dossier et des prélèvements conservés en Allemagne ont permis de déceler dans les restes de la jeune fille une très forte quantité de somnifères, que l'accusation juge incompatible avec le récit de l'accusé. Un viol sous somnifères est donc envisagé, du fait d'autres habitudes du docteur découvertes pendant l'enquête.
Dieter Krombach a par ailleurs été condamné dans les années 1990 en Allemagne pour avoir violé une patiente mineure dans son cabinet après l'avoir droguée. De quoi est, selon lui, morte Kalinka ?, a demandé la présidente à l'accusé. Ce dernier a mis en cause implicitement le père de l'adolescente. L'adolescente aurait été, à ses yeux, victime de supposées séquelles mal traitées d'un accident de la route subi alors qu'André Bamberski conduisait, en 1974. "Kalinka était l'enfant des Bamberski, ce n'est pas moi qui en avait la charge", a dit Dieter Krombach. Le procès se poursuit lundi.
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