Voile intégral:la mission parlementaire au travail
La mission parlementaire sur la pratique du voile intégral a repris ses travaux mercredi matinLa mission parlementaire sur la pratique du voile intégral a repris ses travaux mercredi matin
La présidente de Ni putes ni soumises, Sihem Habchi, et la philosophe Elisabeth Badinter ont affirmé chacune leur opposition au port de la burqa en France.
Les membres de la commission, présidée par le député PCF du Rhône, André Gérin, avaient auparavant contesté les critiques dont ils ont fait l'objet au cours de l'été.
Ils ont unanimement déploré les propos de Yazid Sabeg, le commissaire à la Diversité et l'égalité des chances, pour qui le débat sur la burqa pourrait bien être "un nouveau piège tendu à notre pays".
Yazid Sabeg, dans une interview parue mardi dans La Croix, y déclare: "La confusion qui est installée dans les esprits va encore différer et perturber le vrai débat sur les vrais enjeux qui sont d'abord économiques et sociaux". Selon lui, "la crise s'aggrave dans les quartiers et les tensions sociales sont à leur maximum. Il n'y a plus de travail, plus de logement, le système éducatif ne remplit plus son rôle... Occupons nous de ces vrais sujets. Au lieu de cela, la polémique sur la burqa va rouvrir des frustrations, des antagonismes, des racismes alors qu'il faut au contraire rassembler les Français".
Des femmes s'expriment
Pour Sihem Habchi, de Ni putes ni soumises, le voile intégral est "un symbole violent de l'oppression des femmes" et marque "un point de non retour sur la voie de l'émancipation". Elle déplore que le voile ait gagné du terrain en quelques années en France. Il s'agit d'un "nouveau combat féministe" contre la "relégation" des filles et des femmes dans les quartiers et refuse que sous prétexte de respect des libertés individuelles, s'instaure une "coexistence entre deux mondes qui s'ignorent"."Le message doit être clair: c'est 'la République ou la burqa' (...) et on peut interdire la burqa au nom de la dignité de la personne humaine". Et de conclure: "Je demande à la République de protéger les femmes du fanatisme le plus vil qui gangrène la société".
Pour Elisabeth Badinter, "les femmes voilées sont la partie visible de la progression de l'intégrisme musulman, (...) le port du voile est l'étendard du salafisme".
"En France, on combat les idéologies destructrices, qui portent atteinte à la dignité humaine, on lutte contre les sectes, le nazisme, l'antisémitisme, il faut combattre l'intégrisme", a dit Mme Badinter qui a parlé d'"auto-mutilation civile". Elle a aussi estimé que le port du voile est contraire au principe de fraternité parce qu'il symbolise "le refus d'entrer en contact avec l'autre, le refus de la réciprocité". Elle rappelle aussi que pour quelques femmes affirmant se voiler en toute liberté, il y en a beaucoup qui sont obligées de le faire et n'ont pas les moyens de s'y opposer.
Elle trouve également qu'il y a une certaine perversion à se cacher entièrement, au nom de la décence, alors que les autres sont visibles, au risque de susciter la curiosité et les fantasmes. Ecartant l'argument selon lequel le voile répond à une tradition culturelle et/ou cultuelle, elle répond qu'il "faut se plier aux us et coutumes du pays où l'on vit". "Que faire, se demande-t-elle toutefois, pour que les filles et les femmes dans les quartiers ne soient pas obligées de cacher leur corps pour ne pas être agressées physiquement ?"
Six mois d'auditions
La mission parlementaire, qui a débuté ses travaux le 8 juillet, comprend 32 députés de tous bords (17 UMP, 11 socialistes et radicaux, deux Nouveau centre et deux GDR-groupe des députés Verts et communistes). Elle va travailler pendant six mois sur la question du port du voile intégral en France. Le 17 juin, André Gerin (PCF) avait déposé une proposition de résolution afin de créer cette commission.
La burqa ne sera "pas la bienvenue sur le territoire de la République", avait déclaré Nicolas Sarkozy le 22 juin devant le Congrès à Versailles, assurant que le voile intégral n'était "pas un problème religieux", mais "de liberté et de dignité de la femme".
Dans un rapport confidentiel rédigé cet été par la sous-direction de l'information générale du ministère de l'Intérieur, que Le Figaro rapporte dans son édition du 9 septembre, 2.000 femmes porteraient la burqa en France (les policiers se sont livrés, selon le journal, à une estimation sur la base des lieux de culte salafistes).
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