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Votre ville est-elle engagée contre le racisme ?

Villeurbanne, Montreuil et Paris en bons élèves ; Marseille, Aix-en-Provence et Versailles en lanternes rouges. Un baromètre dresse un bilan de l'action des grandes villes pour lutter contre le racisme.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Des habitants de Villeurbanne (Rhône), à l'occasion du festival des Arts de rue, au parc du centre, le 22 juin 2012.  (JEGAT MAXIME / MAXPPP)

La lutte contre les discriminations passe par des actes concrets, estime le think tank République et diversité. Conjointement avec le Conseil représentatif des associations noires (Cran), il publie, mercredi 4 décembre, un palmarès des villes les plus actives en matière de lutte contre le racisme

Les 50 plus grandes villes de France ont dû répondre à un questionnaire : combien d'adjoints au maire sont issus de la diversité ? La mairie finance-t-elle des associations antiracistes ? Prend-elle en compte le bilan des entreprises en la matière quand elle attribue des marchés publics ? Ces réponses ont été recoupées par des visites de terrain, des recherches et des échanges avec les associations. Un jury composé de membres des deux organisations, mais aussi d'un sociologue et d'un historien, a attribué une note à chaque ville.

En moyenne, elles décrochent un 4/10. Qui sont les bons et les mauvais élèves de ce baromètre ? 

Villeurbanne, premier de la classe

A la tête du classement, Villeurbanne (Rhône), dans la banlieue de Lyon, affiche la meilleure note, avec 79 points. A la mairie, "ils sont bons partout parce qu'ils ont une approche extrêmement transversale avec des actions dans le domaine de la culture, du sport, de l'économie, de l'action sociale, etc.", relève Louis-Georges Tin, à la fois président du Cran et de République et diversité.

La ville a mis en place un Conseil consultatif villeurbannais de lutte contre les discriminations ethniques et pour l'égalité des chances, détaille-t-elle sur son site internet. Un outil qui permet un traitement transversal de la question, explique son maire socialiste, Jean-Paul Bret, à France Info. Pour le logement par exemple, la municipalité a procédé à des tests dans les agences immobilières, afin de quantifier dans quelle mesure les personnes issues de l'immigration était pénalisé : de l'ordre d'"une fois sur deux", détaille la chargée de mission contre les discriminations. 

 Montreuil, Paris, Toulouse, Roubaix : bons résultats

Les dix premières places du palmarès sont occupées par des mairies administrées par la gauche : le PS, Europe Ecologie-Les Verts et le Parti communiste. Dans l'ordre : Villeurbanne  (Rhône), Montreuil (Seine-Saint-Denis), Paris, Toulouse (Haute-Garonne), Roubaix (Nord), Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Dijon (Côte d'Or), Grenoble (Isère), Argenteuil (Val-d'Oise) et Le Havre (Seine-Maritime). 

A l'inverse, parmi les dix dernières, huit sont à droite. "Un phénomène qui s'explique cependant par la surreprésentation de la gauche à la tête des grandes villes", relativise BFMTV.

En dépit de cette lecture politique, Louis-Georges Tin se défend de toute instrumentalisation : "Nous sommes suffisamment combatifs contre le gouvernement, qui ne fait rien de concret contre le racisme, pour qu'on ne remette pas en cause notre indépendance", argumente-t-il. 

Marseille et les villes de la région Paca à la traîne 

"Marseille est une ville multiculturelle et la mairie communique là-dessus, mais ne fait rien de concret", déplore le président du Cran. Avec seulement 10 points, la deuxième ville de France joue les lanternes rouges. Pour Adrien Rogissart, directeur de République et diversité, elle illustre le problème de la lutte antiraciste : "On reste très souvent dans la posture morale, dans l'invocation des valeurs républicaines, mais concrètement, il n'y a pas grand-chose de fait en matière de politique publique", déplore-t-il.

En bas de classement, on retrouve Perpignan, Caen, Avignon (Vaucluse), Brest (Finistère), Toulon (Var), Courbevoie (Haut-de-Seine), Boulogne-Billancourt (Haut-de-Seine), Versailles (Yvelines), Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et Marseille (Bouches-du-Rhône). 

Le rapport souligne ainsi que la région Paca est "la moins dynamique en matière de lutte contre le racisme", et tente d'expliquer ces résultats par "la sociologie de ces villes (...) (poids du FN, forte présence des rapatriés d'Algérie, etc.)"

Toutefois, son but n'est pas de blâmer, assurent ces concepteurs. A quatre mois des municipales, cette étude vise notamment à fournir des outils aux élus et doit déboucher sur la publication, en janvier, d'un guide des bonnes pratiques, expliquent-ils. 

Le Cran et Louis-Georges Tin ont, par ailleurs, engagé en justice des actions controversées pour demander des réparations financières pour les descendants d'esclaves. En mai, l'association a ainsi accusé la Caisse des dépôts et consignation d'être "complice de crime contre l'humanité" à Haïti, pour des faits qui remontent à 1825.

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