Viande de cheval : gouvernement et acteurs de la filière se réunissent lundi
Le groupe Findus a porté plainte pour fraude et non-respect des dispositions contractuelles dans le scandale de la présence de viande de cheval de plats préparés au bœuf.
Lasagnes, cannellonis, spaghettis bolognaise, moussaka et hachis parmentier : tous ces plats du quotidien sont devenus suspects depuis la découverte au Royaume-Uni de viande de cheval dans des lasagnes censées être au bœuf.
Une réunion de crise se tiendra lundi soir à Bercy avec des représentants du gouvernement et de la filière viande, a annoncé dimanche 10 février l'entourage du ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon. "Le ministre de la consommation réunira lundi soir, avec le ministre de l'Agriculture [Stéphane Le Foll] et celui délégué à l'agroalimentaire [Guillaume Garot] l'ensemble des acteurs de la filière", selon le ministère.
Francetv info détaille les conséquences de ce scandale.
Dans les rayons des supermarchés
Sept enseignes de la grande distribution ont retiré de leurs magasins en France des lasagnes, cannellonis ou spaghettis bolognaise, moussaka, hachis parmentier, a annoncé la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Fournis par Findus et Comigel et censés être au bœuf, ces produits sont susceptibles de contenir de la viande de cheval. Ils ont donc été retirés "du fait d'une non-conformité d'étiquetage quant à la nature de la viande", selon la Fédération des professionnels, qui regroupe une bonne partie des distributeurs français.
Le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, avait indiqué que ces nouveaux retraits étaient à prévoir, dans une interview publiée dimanche dans Le Parisien, car Comigel, qui a fabriqué les plats en question, fournit plusieurs distributeurs. Cette entreprise française est elle-même fournie par la société Spanghero, qui a livré de la viande de Roumanie, selon les premiers éléments de l'enquête.
Les enseignes concernées sont Auchan, Casino, Carrefour (sous les marques Carrefour et Grand Jury), Cora, Monoprix et Picard, selon un communiqué. Système U, qui ne fait pas partie de la FCD, a annoncé de son côté les retraits de produits Findus et de deux références de produits de sa marque distributeur.
Chez nos voisins européens
Le scandale est européen. Il a éclaté après la découverte au Royaume-Uni de la présence, parfois à 100%, de viande de cheval dans des lasagnes censées être au bœuf. Cette découverte a provoqué un tollé dans le pays, où la consommation de cheval est un tabou.
La présidente de la commission parlementaire britannique chargée des questions d'alimentation a réclamé dimanche un moratoire sur les importations de viande en provenance de l'UE, le temps de clarifier l'origine du cheval découvert dans des produits étiquetés bœuf. "Nous devons restaurer très rapidement la confiance des consommateurs, et je le répète, il n'y a absolument pas de problème avec la viande de bœuf britannique. Il y a un système de traçabilité en place (...). Achetez votre viande de bœuf au supermarché ou chez votre boucher", a ajouté Anne McIntosh.
Pour la société Findus
Le groupe de surgelés va poursuivre ses fournisseurs pour fraude et non-respect des dispositions contractuelles, a annoncé son PDG dimanche.
Le groupe alimentaire avait déjà annoncé samedi en France le dépôt lundi d'une plainte contre X. Les premiers éléments de l'enquête avaient permis de déterminer que la viande en question provenait de Roumanie, avant d'être livrée à la société Spanghero, qui fournissait Comigel.
Pour le fournisseur français et le producteur roumain
Spanghero est au cœur du scandale. Le fournisseur français de la viande concernée accuse le producteur roumain d'être à l'origine de cette tromperie. Le groupe a ainsi affirmé samedi qu'il poursuivrait le producteur auprès duquel il s'était approvisionné.
De leur côté, les professionnels roumains de l'alimentaire nient être à l'origine de la tromperie. "J'ai du mal à croire qu'un abattoir roumain ait pu livrer du cheval sous l'étiquette de bœuf", en raison des contrôles qui ont lieu systématiquement dans les abattoirs, a déclaré le président des syndicats de l'industrie alimentaire (FSIA), Dragos Frumosu. "S'il n'a pas protesté lors de la réception en constatant que c'était du cheval et pas du bœuf, c'est que soit il était complice avec le producteur roumain, soit il a changé l'étiquette après", a-t-il ajouté.
Le président de l'association Romalimenta, qui regroupe les patrons roumains de l'alimentaire, a pour sa part souligné que la viande devait porter une étiquette indiquant précisément l'abattoir et le pays d'origine. "L'importateur français doit montrer les documents, s'il n'en a pas, cela pourrait indiquer qu'il l'a achetée sur le marché noir ou qu'il veut cacher quelque chose", a-t-il affirmé. Il a en outre estimé que la viande ne pouvait pas être livrée hachée, ce qui aurait pu empêcher de déterminer sa composition exacte.
Le ministère roumain de l'Agriculture a annoncé samedi soir avoir ouvert une enquête sur cette affaire. "Nous verrons mercredi les premiers résultats de l’enquête, a indiqué de son côté Benoît Hamon au Parisien. Et notamment si l’entreprise française, Spanghero, savait qu’elle achetait du cheval ou si elle a été trompée."
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