Grèce : un gouvernement pro-euro, mais pas trop
Pour le grand soulagement de la Commission européenne, la nouvelle coalition pro-euro grecque devrait se former cette semaine. Mais ils ont déjà affiché leur est loin de vouloir se plier aux conditions de la Troïka. Climat de rupture ?
Un nouveau visage politique se dessine en Grèce. Au lendemain des législatives, le pays s'est réveillé avec une coalition formée par 129 députés du parti conservateur Nouvelle Démocratie (29,7%) et 33 socialistes du Pasok (12,3% des voix). A eux deux, ils comptabilisent 160 sièges sur 300 au Vouli, l'assemblée grecque. Une majorité qui leur permet de former un nouveau gouvernement après l'échec des précédentes élections. En mai, les partis n'avaient pas réussi à s'allier en raison du plan d'austérité exigé par l'Union européenne en échange de leur aide. Les Grecs avaient élus en nombre des partis extrêmes prônant le rejet du plan d'aide.
Finalement, l'euro a gagné. Cette nouvelle coalition qui se veut "d'union nationale", prône la défense de la monnaie unique européenne. Mais leur politique veut aussi marquer un tournant dans la gestion européenne de la dette grecque et parier sur un nouveau modèle. Après le scénario noir, le scénario gris ?
Nouveau gouvernement : nouvelle donne
Antonis Samaras, chef de parti de Nouvelle Démocratie, s'est voulu tranchant lors de sa première conférence de presse au lendemain du scrutin. "Nous devrons inclure quelques conditions dans le mémorandum pour soulager la population des conséquences catastrophiques du chômage et des énormes difficultés", a-t-il indiqué.
Des déclarations pas surprenantes pour le professeur d'économie Yaris Varoufakis. "Sans renégociation, nous ne pourrons jamais rembourser et le pays fera faillite", lance-t-il en faisant référence aux conditions fixées par l'UE et le FMI en échange de 130 milliards d'euros.
L'UE solidaire mais toujours inflexible
Un message loin d'être entendu par les acteurs de l'Union européenne. Le ministre des Affaires étrangères allemand Guido Westerwelle a donné la tonalité dimanche lors d'une apparition télévisée. "Si on permet que la Grèce revienne sur les conditions déjà négociées, nous aurons des problèmes avec les autres membres de la zone euro qui, eux, font des efforts et travaillent pour mener à bien les réformes d'austérité."
Pour l'instant, la Commission européenne et le FMI ont salué "l'élection démocratique" des Grecs et renouvelé leur soutien envers le pays hellène. "Nous ferons tout pour que la Grèce reste dans la zone euro. Mais il faut qu'elle s'engage à respecter les conditions imposées", a martelé la semaine dernière le président du Conseil européen Herman Van Rompuy.
Un changement de mentalité
Selon le politologue Georges Prévélakis, même si l'Union européenne reste inflexible, "un changement de mentalité est en train de s'opérer" . "L'aide financière à l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, la Grèce... Ce ne sont plus des problèmes périphériques mais des crises qui pourraient entraîner la disparition de l'Union européenne. La Grèce va être regardée sous un autre angle à partir de maintenant", avance-t-il.
Et ce changement, serait-il déjà en cours ? Dimanche, le secrétaire général de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) Angel Gurria a déclaré que la renégociation du mémorandum "est probablement quelque chose qui devrait être tentée", notent Les Echos, la veille de l'ouverture du G20 à Los Cabos, Mexique.
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