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Guéant et Guaino : des ors de l'Elysée à la dure réalité du terrain

FRANCE - Jadis protégés de Sarkozy, l'ancien secrétaire général de l'Elysée (puis ministre de l'Intérieur) et l'ex-conseiller spécial du président se frottent pour la première fois à un scrutin national. Avec plus ou moins de talent.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Claude Guéant (à g.) et Henri Guaino (à dr.) sont pour la première fois candidat à une élection nationale, respectivement à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) et au Chesnay (Yvelines). (DESSONS / WITT / SIPA / MONTAGE FTVI)

Pour Claude Guéant et Henri Guaino, les législatives font figure de baptême du feu. Jadis protégés de Nicolas Sarkozy, et désormais hors des palais de la République, l'ancien secrétaire général de l'Elysée (puis ministre de l'Intérieur) et l'ex-conseiller spécial du président se frottent, pour la toute première fois de leur carrière, à un scrutin national. Avec plus ou moins de talent.

• Claude Guéant, candidat libéré

L'ancien ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, candidat à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) déambule sur le marché de la ville, le 19 mai 2012. (ERIC DESSONS / JDD / SIPA)

La situation. A Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Claude Guéant s'est vu offrir un parachutage doré. Dans cette circonscription bourgeoise, Nicolas Sarkozy a recueilli 63% des voix le 6 mai, et la victoire de la droite aux législatives ne fait aucun doute. Seul hic : pour sa toute première participation à une élection, Claude Guéant doit faire face à la dissidence de Thierry Solère, conseiller général UMP et élu boulonnais, exclu du parti pour trois ans pour avoir contesté la candidature de l'ancien ministre.

Le style du candidat. Cette candidature dissidente, Claude Guéant préfère la minimiser, assurant ne pas imaginer un instant être devancé par Thierry Solère au soir du premier tour. Dans les allées du marché de Billancourt, qu'il sillonne régulièrement depuis le début de l'année, l'ancien secrétaire général de l'Elysée manifeste son plaisir à mener cette première campagne. Le sourire un peu figé, le candidat Guéant serre de nombreuses mains, et se montre plus affable que jamais. "Ici, c'est un peu la province à Paris. Il y a une relation entre les personnes qui est très plaisante. Les gens sont chaleureux, me tutoient... Ça me change des comportements compassés qui règnent dans les palais de la République !"

Un visage nouveau pour celui qui, lorsqu'il était place Beauveau, n'était guère apprécié des Français. "Quand vous êtes ministre de l'Intérieur, vous portez un costume un peu rigide. Les gens me voient très sévère, mais j'aime la gaieté, les sourires... Mais l'essentiel, c'est d'avoir fait le job. J'ai le sentiment du travail accompli", dit-il en vantant son bilan en matière d'immigration, de délinquance ou de sécurité routière.

Le scénario probable. Selon un sondage Ifop pour Le JDD, Claude Guéant devrait l'emporter aisément. Réalisée à la mi-mai, l'enquête indique que l'ancien ministre de l'Intérieur recueille 41% des intentions de vote au premier tour, loin devant la candidate socialiste Martine Even (25%) et le dissident UMP Thierry Solère (15%). Et au second tour, Claude Guéant serait largement élu, avec 57% des suffrages. 


 • Henri Guaino, candidat un peu gauche

L'ancien conseiller élyséen Henri Guaino, candidat dans la troisième circonscription des Yvelines, fait campagne sur le marché de Bailly, le 2 juin 2012. (WITT / SIPA)

La situation. A quelques kilomètres à l'ouest de Boulogne, cap sur la troisième circonscription des Yvelines. Comme Claude Guéant, Henri Guaino, ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a lui aussi évolué sous les ors de l'Elysée pendant plusieurs années. Et comme Claude Guéant, lui aussi est parachuté dans cette circonscription où Nicolas Sarkozy a recueilli près de 64% des voix le 6 mai. Une situation pour le moins confortable, là aussi.

Le style du candidat. Sur le terrain, Henri Guaino, qui a attendu le tout dernier moment pour commencer sa campagne, semble pourtant moins à l'aise que Claude Guéant. Le Monde, qui l'a suivi il y a quelques jours, décrit la difficile reconversion d'"un conseiller lyrique devenu candidat empoté" dans cette circonscription "où il n'avait jamais mis les pieds". "C'est toujours difficile de démarrer une campagne, c'est toujours difficile de commencer une nouvelle vie", reconnaît lui-même Henri Guaino. 

"Dans les rues des Clayes-sous-Bois, bien qu'il ait enlevé sa cravate, il apparaît gauche, n'osant tendre ses tracts aux rares passants. Ceux-ci ne le reconnaissent pas", rapporte encore Le Monde. Mardi 5 juin, c'est La Voix du Nord qui a suivi Henri Guaino lors d'une réunion publique, "dans une petite salle communale défraîchie, à la sono défaillante". Le quotidien régional constate, lui aussi, que "l'atterrissage est brutal" pour celui qui, il y a quelques semaines encore, disposait d'un luxueux bureau doré accolé à celui du chef de l'Etat, d'une voiture avec chauffeur et d'un secrétariat... "Il a été ébranlé par l'accueil peu chaleureux dans la circonscription", constate sa suppléante.

Le scénario probable. Candidat "empoté", Henri Guaino ? Après tout, peu importe, tant son élection semble déjà acquise. L'ancien conseiller élyséen devra toutefois se méfier d'Olivier Delaporte, maire de La Celle-Saint-Cloud et vice-président du conseil général, exclu temporairement de l'UMP pour être parti en dissidence, parce que "les Français ne supportent plus les parachutages". Deux hommes du même camp, qui pourraient bien se retrouver opposés au second tour le 17 juin.

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