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Ibrahimovic au PSG : de l'enthousiasme et des gaz lacrymo

Le club de la capitale a conclu son recrutement en fanfare avec l'arrivée de l'attaquant suédois. Comment réagissent les supporters et les journalistes? L'émerveillement le dispute à l'écoeurement de tant d'argent dépensé. 

Article rédigé par Pierrick de Morel, Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Zlatan Ibrahimovic, nouvel attaquant du PSG, pose devant la tour Eiffel mais à bonne distance de ses fans, le 18 juillet 2012.  (BERTRAND GUAY / AFP)

"T'as vu mon pote, ça, c'est l'effet Zlatan", s'écrie un supporter venu au Parc des Princes. Mercredi 18 juillet, la file des journalistes est bien plus longue que celle des fans venus se réabonner. Deux camions de police arrivent même pour sécuriser les abords du Parc, des fois qu'une émeute éclate. Zlatan Ibrahimovic est présenté officiellement par les dirigeants du PSG, Leonardo, le directeur sportif, et Nasser Al-Khelaïfi, le président. C'est la plus grande star à rejoindre le championnat de France depuis Ronaldinho, en 2002. L'affluence est en conséquence : deux cents journalistes se pressent dans l'auditorium. 

"Le nouveau Manchester City"

Parmi eux, le correspondant à Paris de la télévision néerlandaise, qui n'y connaît rien au championnat français. "Ils ont fini combien Paris en championnat ? Ils vont jouer la Ligue des champions ?" Zlatan Ibrahimovic, en revanche, il connaît : "Depuis son passage à l'Ajax, de 2002 à 2005, Ibrahimovic est très populaire aux Pays-Bas. On suit son actualité. Ça sera aussi une façon de montrer comment Paris est devenu le nouveau Manchester City." Comprendre un club devenu grand grâce à l'argent d'un milliardaire arabe et qui dépense sans compter sur le marché européen. 

La présentation de Zlatan Ibrahimovic, le nouvel attaquant du PSG, le 18 juillet 2012, a rassemblé plus de deux cents journalistes.  (PIERRE GODON / FTVI)

La dream team parisienne a rameuté les journalistes au-delà de son traditionnel rayon d'attraction. Les journalistes suédois sont nombreux à couvrir l'arrivée de l'attaquant vedette du pays, comme celui de l'agence TT : "En Suède, la L1, on ne connaît même pas. Mais l'agence va créer un poste de correspondant spécialement pour suivre ce championnat maintenant que Zlatan y est. Son arrivée à Paris n'a pas été comprise, mais elle a fait les gros titres."

Pauleta nostalgie

Côté supporters, c'est divisé. Anthony, chemise et costume, va s'abonner au club. Mais ce n'est pas spécialement pour voir Ibrahimovic. "Le PSG ne sera jamais le club de cœur d'Ibrahimovic. Il n'aura pas ce rapport aux supporters qu'avait Pauleta [l'attaquant portugais du début des années 2000, très populaire à Paris]. Maintenant, il faut choisir entre gagner la Ligue des champions avec une équipe de stars, ou se battre anonymement dans le championnat. En ce moment, ça fait chic d'être au Parc des Princes. La politique des Qataris draine un autre public que celui qui a rempli le Parc à une époque." 

Un autre Anthony, 18 ans, habitué du Parc depuis ses 10 ans, estime qu'"on pourrait faire une grande équipe avec les produits du centre de formation, mais les Qataris n'ont pas la patience. Mon cœur est pour l'équipe de grognards formés au club, à l'ancienne. Ma raison a envie de voir les stars achetées par le club briller en Ligue des champions."

Tout autre ambiance à la boutique du PSG, sur les Champs-Elysées. L'avenue parisienne a des airs de Parc des Princes, des dizaines de supporters entonnent des chants de stade en attendant l'arrivée de la nouvelle recrue.

Après un shooting photo au Trocadéro, Ibrahimovic arrive en fin d'après-midi avec une heure de retard pour signer des maillots… pendant cinq minutes. Un passage éclair, conclu par les gaz lacrymogènes de la police pour disperser la foule.

Lamborghini vs Twingo

L'enthousiasme n'est pas retombé : sitôt la star partie, on se battait pour acheter des maillots. Stéphane, abonné depuis huit ans, fait dans la métaphore automobile. "Avant on avait Luyindula, maintenant on a Zlatan. C'est comme si tu passais d'une Twingo à une Lamborghini !" Même des touristes suédois, qui passaient par là, s'arrêtent pour constater l'engouement autour du joueur. "Je n'aime pas Ibrahimovic en tant que personne, déclare Alexander, mais en tant que joueur, il a toujours été très bon, partout où il est passé." 

Clément, 22 ans, n'oublie pas de remercier le cerveau de ce mercato d'été riche en stars (outre le Suédois, le défenseur Thiago Silva ou le milieu Marco Verratti ont rejoint le club de la capitale) : "On est fiers de Leonardo. Il a promis des grands joueurs au club, il est en train de tenir sa promesse." D'autres fans estiment qu'il sera possible de jouer la Ligue des Champions avec un attaquant de ce calibre :

La folie Ibrahimovic (Johan Nertomb - France 2)

Ce royal mercato d'été aura au moins permis de faire passer la pilule de l'augmentation du prix des abonnements, dont on a très peu entendu parler.

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