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Instits, médecins, patrons de PME : futurs "pigeons" ?

De plus en plus d'organisations professionnelles se plaignent d'être mal considérées par l'exécutif. Le gouvernement veut éviter un remake du mouvement des "pigeons", initié par les patrons de start-up.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des membres de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), au siège du Régime social des indépendants (RSI), mercredi 17 octobre à Saint Denis (Seine-Saint-Denis). (THOMAS SAMSON / AFP)

POLITIQUE – Les entrepreneurs "pigeons" ne sont plus les seuls à vouloir se faire entendre du gouvernement. Mercredi 17 octobre, un syndicat de patrons de PME a organisé une manifestation pour protester contre certaines mesures du budget 2013, actuellement en examen au Parlement.

Médecins remontés contre l'encadrement des dépassements d'honoraires et instituteurs en colère face à la réforme des rythmes scolaires pourraient aussi grossir les rangs des contestataires. Jean-Marc Ayrault et ses ministres ont-ils du souci à se faire ? FTVi récapitule.

Des petits patrons qui en ont assez de "se faire tondre"

Mercredi, donc, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) a organisé une opération "coup de gueule". Cachés derrière des masques de mouton, une vingtaine de patrons membres de l'organisation ont investi le siège du Régime social des indépendants (RSI), qui gère la protection sociale des artisans, commerçants et professions libérales à Saint Denis (Seine-Saint-Denis). Dans la ligne de mire de ces patrons qui en ont "assez d'être tondus", plusieurs mesures du budget de la Sécurité sociale jugées défavorables aux indépendants.

Pourquoi le gouvernement doit s'en méfier. Parce que ces dirigeants ont jusqu'à présent été plutôt favorables à sa politique. Les Echos soulignent que la CGPME ne s'était pas associée au mouvement des "pigeons" lorsque celui-ci avait réclamé le retrait du projet de taxation des plus-values de cession. 

Pourquoi le gouvernement peut dormir tranquille. Parce que la CGPME vise peut-être un autre objectif. En ce moment se tiennent en effet les élections des représentants au fameux RSI. L'organisation, qui est pour l'instant quasi-absente des instances du RSI, a tout à gagner, toujours selon Les Echos, en organisant un tel coup d'éclat. Par exemple, se faire connaître.

Des instits qui redoutent une "vague de colère"

La batterie de réformes annoncées par le ministre de l'Education, Vincent Peillon, jeudi 11 octobre, commence à faire douter une partie du corps enseignant. Principal sujet d'inquiétude : la modification des rythmes scolaires, qui ajouterait notamment une demi-journée de travail aux professeurs des écoles. Et voilà le secrétaire général du SE-Unsa, cité par le site "Café pédagogique", "abasourdi" .

Autre point sensible : l'amélioration des conditions de travail. Ne voyant rien venir de ce côté-là, le secrétaire général du syndicat SNES-FSU, cité par Les Echos, a dit craindre une "vague de colère".

Pourquoi le gouvernement doit s'en méfier. Parce qu'il s'agit d'un électorat traditionnellement à gauche qu'il vaut mieux ménager. En février, un sondage réalisé par Le Monde indiquait que 79% des enseignants du public comptaient voter François Hollande lors du deuxième tour de l'élection présidentielle. Les avoir contre soi est un écueil que l'exécutif souhaite éviter.

Pourquoi le gouvernement peut dormir tranquille. Parce que le clash est encore loin. Lundi et mardi, Vincent Peillon a reçu les syndicats enseignants au ministère pour détailler son projet. Si toutes les inquiétudes n'ont pas été balayées, les organisations ont largement salué une démarche "inédite", selon les mots de Christian Chevalier, du SE-Unsa. "On n'est pas dans une logique de conflit", a ajouté Thierry Cadart, du SGEN-CFDT, cité par Les Echos.

Des médecins qui dénoncent une "mascarade" sur les dépassements d'honoraires

C'est sans doute là le dossier le plus chaud pour l'exécutif : l'encadrement des dépassements d'honoraires pratiqués par certains médecins. Jeudi 18 octobre au matin, on a appris que les négociations, pourtant présentées comme devant être les dernières, entre l'Assurance maladie, les syndicats de médecins et les complémentaires santé, avaient échoué. "On arrête la mascarade, il n'y a absolument rien de ce que nous attendions", a ainsi tonné le président du Syndicat des médecins libéraux à l'issue de la table ronde. Prochain et dernier rendez-vous lundi. 

Pourquoi le gouvernement doit s'en méfier. Parce que la grande majorité des syndicats de médecins sont sceptiques au sujet de ce projet d'accord. Le président d'une des plus importantes organisations de médecins généralistes s'est ainsi dit "pas tout à fait certain" que les "éléments positifs" de la négociation soient suffisants pour être adoubés par son syndicat. Le patron de la Fédération des médecins de France a pour sa part carrément dénoncé "l'affichage politique" du gouvernement dans ce dossier.

Pourquoi le gouvernement peut dormir tranquille. Parce que les deux principaux points d'achoppement des négociations, rapportés par Le Monde, ont tout de même des chances d'être réglés au cour de la prochaine réunion, lundi 22 octobre. Le premier concerne la participation des mutuelles à la hausse de certains tarifs pratiqués par les médecins, et le second le niveau fixé comme étant un dépassement d'honoraires excessif. Mais les sanctions prévues par le projet d'accord sont si limitées qu'un syndicaliste cité par le quotidien s'est dit "étonné que certains syndicats ne veuillent pas accepter (le dispositif)".

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