Après la polémique sur Rokhaya Diallo, la présidente du Conseil national du numérique démissionne
La présence dans son équipe de la militante Rokhaya Diallo et du rappeur Axiom avait provoqué une vive polémique.
Elle jette l'éponge. En fonction seulement depuis le 11 décembre, la présidente du Conseil national du numérique (CNNum), Marie Ekeland, a présenté sa démission, mardi 19 décembre, a révélé le Bondy Blog sur Twitter. Dans un communiqué publié sur le site du CNNum, elle explique son départ par la polémique née de la nomination de la journaliste et militante antiraciste Rokhaya Diallo et du rappeur Axiom et la demande, par le secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi, de les en écarter.
"La forme actuelle de nomination et de fonctionnement du CNNum portent à confusion et ne peuvent pas garantir son indépendance", regrette Marie Ekeland dans son message. "La nomination de certains membres, alors que la liste avait été préparée par mes soins dans le cadre de ce projet, a été interprétée à tort par certains comme une prise de position politique du gouvernement. Il s'en est suivi un emballement médiatique et politique violent, révélateur des tensions françaises et de la difficulté à les traiter sereinement", écrit-elle.
Désaccord avec Mounir Mahjoubi
C'est la présence, parmi ces membres, de Rokhaya Diallo qui a focalisé les plus vives critiques. Se définissant comme "une féministe intersectionnelle et décoloniale", elle dénonce régulièrement un "racisme d'Etat". Dans un courrier adressé au Premier ministre, la députée LR des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer avait contesté le choix de nommer Rokhaya Diallo, accusant le gouvernement de "soutenir ses propos".
Nominations de @RokhayaDiallo et du rappeur #Axiom au Conseil national du numérique : alors que les Français exigent de leurs responsables politiques de la cohérence, je souhaite mettre la lumière sur plusieurs contradictions d'@EPhilippePM pic.twitter.com/0YsMOd9ZFw
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 13 décembre 2017
La semaine dernière, Mounir Mahjoubi avait fini par demander à Marie Ekeland de "proposer une nouvelle composition du Conseil", arguant que le CNNum avait "besoin de sérénité pour travailler". "Nous avons beaucoup travaillé de concert cette dernière semaine avec Mounir Mahjoubi et les membres du CNNum à trouver une solution qui permette d’en conserver son intégrité et son entièreté. Nous n’y sommes pas arrivés", conclut Marie Ekeland.
Démission collective de vingt membres
Le secrétaire d'Etat au Numérique a pris acte de cette démission. "Après cette nomination, tout le monde a oublié le CNNum et ce qu'il était censé faire. Le débat s'est porté sur d'autres sujets. Cela l'a rendu inaudible et incapable de travailler sur ses missions", estime-t-il dans une interview au Figaro. "Il ne s'agit pas d'une association, d'un parti politique ou d'un lobby. Le CNNum doit être proche du gouvernement pour nous orienter, et le gouvernement lui fait confiance sur ces sujets. Ce n'est pas une force d'opposition, même si conseiller peut signifier dire quand ça ne va pas. C'est cet équilibre subtil qui a été cassé", juge-t-il.
Mardi après-midi, vingt des membres du Conseil national du numérique ont annoncé collectivement leur démission, considérant que "le travail du Conseil ne peut plus se faire selon des modalités efficaces".
Le CNNum était présidé par Mounir Mahjoubi jusqu'en janvier 2017, date à laquelle il a démissionné pour s'investir dans la campagne d'Emmanuel Macron. Le Conseil était alors resté pendant plusieurs mois sans président, ses quatre vice-présidents assurant conjointement l'intérim à la tête de l'instance, avant de démissionner les uns après les autres.
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