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"La cyber-défense est un enjeu stratégique fondamental", a plaidé mardi Laurent Wauquiez

Il l'a déclaré lors d'un colloque intitulé "L"Europe face aux cyber menaces" qui s"est tenu au ministère des Affaires étrangères"Internet n"est pas une zone dangereuse", a déclaré en ouverture le secrétaire d"Etat aux affaires Européennes, Laurent Wauquiez. "Ce n"est pas le far-west, ne pas non plus l"univers de Casimir", a-t-il ajouté.
Article rédigé par Louis San
France Télévisions
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"Le timing est parfait pour commencer", a estimé Michel Quillé, directeur adjoint d'Europol (DR)

Il l'a déclaré lors d'un colloque intitulé "L"Europe face aux cyber menaces" qui s"est tenu au ministère des Affaires étrangères

"Internet n"est pas une zone dangereuse", a déclaré en ouverture le secrétaire d"Etat aux affaires Européennes, Laurent Wauquiez. "Ce n"est pas le far-west, ne pas non plus l"univers de Casimir", a-t-il ajouté.

Il a tenu à souligner l"image grand public plutôt sympathique du hacker : un adolescent au fond du garage de ses parents, comme celle véhiculée dans le film War Games, cité par le secrétaire d"Etat.

Internet est victime d'une "criminalité banale", a dit Laurent Wauquiez rappelant quelques chiffres pour l'illustrer: 1 internaute sur 30 dans le monde est victime d'une cyber escroquerie, en Lettonie ce chiffre est de un 1 sur 15, et grimpe à 1 sur 12 en Grande-Bretagne. Et 95% des mails envoyés dans le monde sont des spams, a-t-il mentionné.

L'essentiel du cyber-crime poursuivi concerne la pédopornographie, les diverses escroqueries, le vol de données personnelles, et les attaques intrusives. Il concerne autant les grandes institutions publiques ou privées que les particuliers.

L'espace national est trop petit, l'espace global est trop vaste, c'est pourquoi l'Europe est l'échelle idéale pour répondre aux menaces cybernétiques, a dit en substance Laurent Wauquiez. Pour ce faire, les pays membres de l'Union européenne (UE) doivent travailler ensemble, de façon coordonée afin d'avoir une "riposte à un niveau européen".

La cyber-défense du vieux continent a déjà commencé avec la mise en place de différents outils et fichiers de recensement, et la création de différents organismes de défense dédiés, dont les représentants ou directeurs étaient présents.

Il y avait par des représentants de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes informations ( ANSSI) : l'agence française qui est intervenue, entre autres, après l'attaque subie Bercy en février dernier. Il y avait également un représentant du service technique de recherches judiciaires et de documentation (STRJD), ou encore de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication ( OCLCTIC), et au niveau européen l' ENISA (Agence de sécurité européenne de travail en ligne et d'information). Sans compter des personnes d' Europol et d' Eurojust, des instances européennes.

"La cybercriminalité n'a pas de frontières"

La présence de députés européens a d'ailleurs symbolisé la volonté de coopération européenne autour du thème de la cybercriminalité.

Laurent Wauquiez a évoqué le projet d'un cyber-FBI européen, de "cyber-pompiers européens". "Le timing est parfait pour commencer", a estimé Michel Quillé, directeur adjoint d'Europol.

Trouver une coordination européenne est un élément aussi élémentaire que nécessaire en ce qui concerne la cybercriminalité. Il faudrait aussi une harmonisation européenne au niveau législatif car les lois sont nationales alors que le web est global, et que les hackers se moquent des frontières. "La cybercriminalité n'a pas de frontières, c'est pourquoi nous devons nous concerter au-delà des frontières pour y répondre", a déclaré la députée européenne, Monika Holmeier.

Le Lieutenant-colonel Freyssinet du STRJD, lui, a dit qu'il était indispensable qu'un enquêteur espagnol puisse faire, par exemple, assez simplement une demande de réquisition en Allemagne, ou en Pologne. Une démarche qui nécessite actuellement de multiples recours, impliquant une importante perte de temps.

Il faudrait donc harmoniser les textes de lois européens relatifs aux délits et crimes numériques. Un long travail qui débute. Et qui pourrait un jour aboutir à la création d'un parquet européen des cyber crimes. Ce que souhaite en tout cas Laurent Wauquiez.

Mais la députée européenne Monika Hohlmeier a souligné que la loi avait du retard par rapport à l'évolution des techniques. Et celles-ci changent de plus en plus vite, a dit de son côté Valérie Maldonado, chef de l'OCLCTIC. Point de vue partagé par Sébastien Bergeron-Guyard, procureur aux poursuites criminelle et pénales aux Québec qui a évoqué "l'ingéniosité des criminels".

Sur Internet, comme dans la vie physique, les "gendarmes courent après les voleurs". Sauf que sur Internet les voleurs peuvent aller encore plus vite, avec des outils sans cesse plus perfectionnés.

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