Cet article date de plus de trois ans.

Pédophilie : le chantage sexuel en ligne, un phénomène en augmentation depuis le début de la crise sanitaire

Durant la pandémie de Covid-19, les atteintes sexuelles contre les enfants et adolescents n’ont pas cessé, bien au contraire. Europol observe notamment la recrudescence de l’activité des cyberpédophiles.

Article rédigé par Stéphane Pair
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les "sextorsions", ou chantage à la vidéo intime, explosent ces dernières années en France. (JEAN-FRANÇOIS OTTONELLO / MAXPPP)

Un numéro d’écoute à destination des pédophiles est activé au niveau national à partir de lundi 23 novembre. Son objectif : diagnostiquer et prendre en charge ces personnes avant qu'elles ne passent à l'acte. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les atteintes sexuelles contre les enfants et adolescents ont augmenté. Europol, l’organisme qui coordonne toutes les polices des États membres, observe une recrudescence de l’activité des cyberpédophiles. Un phénomène en particulier a augmenté durant cette période inédite : c’est le chantage sexuel en ligne. 

Une forme d’emprise très violente

En anglais, on parle de sextorsion. Le chantage sexuel en ligne est l’un des moyens utilisés par les pédophiles pour abuser d’enfants et d’adolescents. A La Haye, au siège d’Europol, Bertrand, un gendarme français, travaille sur ce problème au sein de l’équipe "Project Twins", une unité d’analystes affûtés qui aident toutes les polices européennes dans leur traque des pédophiles.

Victimes et agresseurs ont beau être à distance, séparés par des écrans, le chantage sexuel en ligne est une forme d’emprise très violente qui peut avoir des conséquences extrêmement graves pour les enfants, rappelle Bertrand. "Le principe est simple, il s'agit pour lui (le pédophile) d'arriver à obtenir une première image par webcam ou par discussion dans le cadre d'un jeu vidéo ou d'un chat normal. Et à partir de la première image, l'engrenage fait que le chantage commence. Il menace sa victime : "Si j'en reçois pas plus, je vais diffuser ça à ta liste d'amis'...'"

"Avec les réseaux sociaux, on sait que la diffusion d'une image peut être dévastatrice. Ça touche principalement les adolescents et ça peut les conduire jusqu'au suicide."

Bertrand, gendarme à Europol

à franceinfo

"Souvent, on se rend compte que le suspect n'a pas qu'une seule victime. Il passe son temps sur internet et il essaie de capturer le plus de victimes qu'il peut. Avec souvent cette tendance que la personne va aussi se connecter sur le darknet et partager les vidéos qu'il aura capturées de sa victime", poursuit le gendarme.

Des images diffusées sur le darknet et hors de portée

Cet engrenage a encore récemment poussé de jeunes adolescents, dont des Français, à se livrer à distance et sous la menace à la production de selfies pédopornographiques dans leurs chambres. Leur maître-chanteur était à des milliers de kilomètres de là, au Canada. L'homme a été interpellé mais les images, elles, restent, souligne le gendarme. "Des abus d'enfants et des images qui sont postées sur le darknet sont partagées et sont très difficiles à retirer, voire impossibles à retirer", explique-t-il.

"Pour certaines victimes, ces images-là et ces vidéos ne pourront plus jamais être enlevées (du web)."

Bertrand, gendarme à Europol

à franceinfo

"Ça doit être une priorité de tous les États membres de l'Union européenne de pouvoir faire face et d'arrêter cette diffusion, ou en tout cas de rendre la vie aux pédophiles la plus impossible possible", poursuit Bertrand. Face aux sollicitations sexuelles douteuses, Europol appelle donc enfants et parents à l'extrême prudence. Près d'un enfant sur 10 recevrait régulièrement des sollicitations sexuelles non désirées.


Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d'un membre de votre entourage, il existe des services d'écoute anonymes. La ligne Suicide écoute est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.