"Le marché de la musique en France est reparti à la hausse" : comment l'industrie du disque s'est adaptée à la nouvelle donne numérique
Alors que le Marché international de la musique commence mardi, Guillaume Leblanc, du syndicat national de l'édition phonographique, se réjouit des chiffres positif de son industrie et de son adaptation au numérique.
Artistes, producteurs, petits et gros labels, tous les acteurs de l'industrie musicale ont rendez-vous à Cannes à partir de ce mardi 6 juin. Le Midem, le Marché international de la musique, se tient pendant quatre jours. Plus de 4 000 professionnels feront le déplacement pour parler notamment de la rémunération des artistes et de la bonne santé du marché mondial de la musique, qui porté par le streaming, a enregistré une croissance de 6% en 2016. "On a fait beaucoup d'efforts pour s'adapter à la nouvelle donne numérique", a expliqué mardi sur franceinfo Guillaume Leblanc, directeur général du Snep, le syndicat national de l'édition phonographique. "Le marché en France est reparti à la hausse", avec "plus de 5% de croissance", "après une décennie de difficultés", s'est-il félicité. "On est résolument positifs et tournés vers l'avenir, grâce au streaming". Pour lui, "l'enjeu est maintenant de faire payer la plateforme la plus populaire mais qui rémunère le moins : YouTube."
franceinfo : C'est une bonne nouvelle : cette année, le marché de la musique se porte mieux ?
Guillaume Leblanc : Effectivement; ça va mieux, parce qu'après une décennie de difficultés, on s'est adaptés, on a fait beaucoup d'efforts pour s'adapter à la nouvelle donne numérique. Le marché est reparti à la hausse l'année dernère : plus de 5% en France et plus de 6% au niveau mondial. On est résolument positifs et tournés vers l'avenir, grâce au streaming (écoute de la musique en ligne sans la télécharger, ndlr) notamment. Cette croissance est portée par ce nouvel usage, une nouvelle manière d'écouter de la musique. Auparavant, je payais pour acheter un CD ou pour acheter un titre sur une plateforme. Désormais, je paye pour avoir accès à un catalogue de titres. Pour autant le CD n'est pas décédé, il représentait encore 59% du marché l'année dernière en France. Si la tendance structurelle est à la baisse du CD, l'objet physique est toujours présent et on en a un bon exemple avec la superbe renaissance du vinyle qui communique une certaine émotion.
Cette croissance basée sur le streaming est-elle solide ?
Elle est véritablement solide, car on constate qu'il y a une véritable évolution des usages. En France, l'année dernière, on a écouté 28 milliards de titres sur les plateformes de streaming. Cette croissance des usages est exponentielle. Les usages sont là, les Français s'abonnent de plus en plus. Il y a 4 millions de personnes qui étaient abonnés à un service de streaming l'année dernière, il y en a 112 millions dans le monde et ce chiffre est en augmentation. C'est une croissance structurelle d'autant que les plateformes sont de plus en plus populaires. On a trouvé le modèle économique et l'usage qui permettent de créer de la valeur et d'entrevoir des perspectives réjouissantes. Dans les marchés qui sont très avancés sur le streaming dans les pays nordiques notamment, le marché de la musique a retrouvé son niveau d'avant la crise. On est donc optimistes pour l'avenir.
Si les producteurs vont mieux, les artistes sont-ils aussi satisfaits du streaming. Profitent-ils vraiment de ce nouveau marché ?
Tout le monde s'y retrouve puisque la croissance revient. Le streaming est un nouveau modèle et une autre manière d'appréhender la rémunération. Auparavant, on était payés sur une période très courte. Désormais, la rémunération est lissée sur le temps. C'est un peu plus compliqué à appréhender pour les artistes et pour les producteurs. Le véritable enjeu est de faire payer la plateforme la plus populaire mais qui rémunère le moins : YouTube. Collectivement, nous devons nous battre pour obtenir de ce site une meilleure rémunération de la création.
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