5G : "Nous aurons un débat à la Métropole de Lille le 16 octobre", déclare l'adjoint à la maire de Lille
Akim Oural, adjoint à la maire de Lille, et élu à la Metropole Européenne Lille à l'innovation et au numérique, revient pour franceinfo sur les conséquences du moratoire sur le déploiement de la 5G voté samedi 10 octobre 2020 par la commune.
"Nous aurons sans aucun doute un débat à la Métropole de Lille le 16 octobre", déclare Akim Oural, adjoint à la maire de Lille, élu à la Metropole Européenne Lille à l'innovation et au numérique, après le vote de la capitale des Flandres ce samedi 10 octobre d'un moratoire sur le déploiement de la 5G sur son territoire.
franceinfo : Pourquoi avez-vous voté ce moratoire ?
Akim Oural : "Je crois que ce que nous défendons en particulier, c'est l'innovation, l'innovation sociale, environnementale, économique et technologique, mais pas à n'importe quel prix. L'innovation n'a de sens que si elle sert vraiment un but et un progrès social et environnemental. C'est pourquoi, après de nombreux échanges, de nombreuses études et avoir consulté énormément de partenaires, nous avons décidé de proposer un débat démocratique en conseil municipal, vendredi 9 octobre, qui nous a permis de voter un moratoire. Ce n'est pas du tout une décision politique. J'ai bien entendu les réactions, notamment du ministre, qui évoque une "tartufferie". Je crois qu'au moment où on demande aux maires, je pense que le minimum, c'est de les respecter et surtout de faire en sorte de ne pas choisir les invectives et les insultes pour répondre à des questions qui sont des questions d'ordre d'intérêt général. C'est ça qui me paraît incompréhensible. Sur l'aspect scientifique, nous posons des questions assez simples : pourquoi sur l'aspect sanitaire, le service sera disponible aux citoyens avant que le rapport de l'ANSES qui fait foi ne rende ses conclusions en 2021 ? Nous considérons que ces grands spécialistes ont leur mot à dire dans la possibilité de rassurer la population qui s'en inquiète. Sur l'aspect énergétique, ça nous pose aussi question : avec la redondance énergétique, on a encore la 3G, la 4G et la 2G, est-ce qu'il ne faut pas réduire cette équation énergétique et profiter de ce moment pour se poser ces questions-là ? Et enfin, l'aspect économique et social : l'impact économique est réel : est- ce que le coût pour les citoyens en termes d'abonnement, en termes de changement d'équipement vaut le coût de cette technologie ? Ce ne sont pas des questions dogmatiques ou de posture : c'est une question de bon sens et qui répond à notre rôle du quotidien, c'est-à-dire l'intérêt général."
Ne craignez-vous pas de prendre du retard, pour éviter la saturation des réseaux ?
"Je connais bien ce sujet, je travaille beaucoup sur la question des réseaux. Ce que je sais, c'est qu'avant la question technologique, il y a la question de la santé. C'est pour cela que nous évoquons le principe de précaution. Ce principe de précaution, pour nous, il est fondamental puisque même le ministre concède qu'il reste des zones d'ombre sur cette question du principe de précaution. Et franchement, à l'heure où on déroge avec les néonicotinoïdes, on peut se poser des questions sur quel doit être le rôle d'un territoire en la matière, et nous on prend nos responsabilités, on a voté cette motion qui nous permet un moratoire sur la question de l'implantation des antennes relais."
Est-ce que le moratoire voté par la mairie de Lille engage aussi la Métropole ?
"Nous aurons sans aucun doute un débat le 16 octobre à la Métropole, on aura de toute façon un débat. Je renvoie à ce que disait Cédric Villani il y a quinze jours, sur le fait que l'État a tort de se précipiter avant de lancer un débat de société sur "c'est quoi l'intérêt de telle ou telle technologie, notamment la 5G". Notre sujet à la Métropole, c'est d'être toujours en avance sur des innovations qui permettent d'améliorer la vie quotidienne de nos habitants, c'est vraiment notre objectif. En l'occurrence, le débat qui a démarré à la Ville de Lille ce vendredi [tard dans la nuit] aura absolument un écho à la Métropole: encore une fois, dans la volonté de l'intérêt général et la responsabilité qui est la nôtre. Ça ne veut pas dire que les choses soient écrites, ça veut juste dire qu'on se pose des questions et qu'on les portera auprès des 94 autres communes de la Métropole qui sont représentées dans cette instance. Je pense que c'est plutôt sain que la démocratie s'empare de ce sujet."
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