: Vidéo Election présidentielle : l'improbable vidéo de Philippe Poutou contre la chasse aux 500 parrainages
Après Jean-Luc Mélenchon et ses 187 000 abonnés, Florian Philippot et ses visites du QG de Marine Le Pen, Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste à l'élection présidentielle, tente aussi de faire parler de lui via YouTube.
Un journal télévisé parodique, un faux policier hystérique et agressif, un maire pendu par les pieds, un autre à qui on menace de faire boire de l'essence, un chaton qui tombe d'un bureau… Pour sa dernière vidéo sur YouTube, publiée dimanche 29 janvier, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Philippe Poutou, semble avoir débordé d'imagination. Son objectif : alerter sur la difficulté de réunir 500 signatures d'élus locaux pour pouvoir être candidat à l'élection présidentielle.
Le scénario de ce clip d'un peu plus de 6 minutes ? Après avoir contraint des maires par la violence à le parrainer pour la présidentielle, Philippe Poutou se retrouve dans un commissariat, face à un agent qui le somme de s'expliquer. "Il faut 500 parrainages pour être candidat. Il nous les faut ! Le problème, c'est qu'on est un petit parti. (...) Donc il faut se battre pour ça : ce sont des heures, le soir, avec les militants, après le boulot, même le week-end... C'est un boulot énorme, on dépense beaucoup d'énergie là-dessus ! Alors des fois, on fatigue, on cherche des raccourcis... Et là, c'est vrai qu'on a un peu dérapé", se justifie Philippe Poutou... avant de se rendre compte que tout ça n'est qu'un mauvais rêve.
A un mois et demi de la date fatidique, seulement 250 promesses de parrainages
Philippe Poutou et son équipe le reconnaissent : leur quête des 500 signatures est plus délicate qu'en 2012. Selon nos informations, à un mois et demi de la date butoir – le 17 mars –, le candidat anticapitaliste n'aurait pour le moment recueilli qu'environ 250 promesses. "Notre campagne a été freinée par la primaire de gauche, se désole Cathy Billard, membre de l'équipe de campagne, interrogée par franceinfo. Cela a retardé la décision de nombreux élus et a occupé tout le champ médiatique."
A travers cette vidéo au ton humoristique, le but est simple : attirer l'attention du grand public, mais surtout celle des élus locaux, pour essayer de glaner de nouveaux parrainages.
Face à la difficulté d'être dans les médias, YouTube nous permet d’interpeller différemment un public large.
Cathy Billard, membre de l'équipe de campagne de Philippe Poutouà franceinfo
Une vidéo "pas adaptée" au public visé
Reste à savoir si cette vidéo pourra réellement contribuer à faire gonfler le nombre de parrainages. Pour Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l'université Panthéon-Assas à Paris, "ce spot est tellement en rupture qu'en effet il peut attirer l'attention. Mais je doute que le parti obtienne par ce biais plus de parrainages : ce n'est pas du tout adapté à son public." Pour ce chercheur, les élus les plus à même de parrainer Philippe Poutou – des maires de petites communes, souvent âgés – ne disposent pas forcément de "la culture YouTube" et son "ironie au troisième degré, façon Groland".
En profitant de cette vidéo pour dresser en filigrane le portrait de Philippe Poutou, "son équipe avoue aussi son manque de popularité, tout en concédant qu'elle n'arrive plus à imposer son discours politique sans passer par la fiction", ajoute Brigitte Sebbah, maîtresse de conférences à l'université d'Aix-Marseille. Qui rappelle qu'en 2007 et 2012, le NPA de Philippe Poutou et d'Olivier Besancenot avait déjà réalisé ce genre de court métrage, avec les mêmes acteurs, "sans grand succès".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.