Objectif Paris 2024 : Perle Bouge, rameuse de para-aviron, se prépare "à relever ce défi" avec un nouveau binôme
À 45 ans, Perle Bouge est la meilleure rameuse française en para-aviron. Médaillée d'argent à Londres en 2012, médaillée de bronze à Rio en 2016. Elle s'est reconstruite à travers le sport après un accident de moto à l'âge de 20 ans et espère bien terminer sa carrière en beauté l'été prochain aux Jeux olympiques de Paris.
franceinfo : Vous êtes championne de France, vous avez des médailles européennes, des médailles dans des compétitions mondiales et aussi paralympiques et vous préparez vos quatrièmes Jeux paralympiques. Les Jeux de Paris 2024 représentent-ils l'apogée de votre carrière ?
Perle Bouge : Ce sera un point final, en effet. On a la chance de vivre les Jeux à la maison ! Je m'étais posé la question après Tokyo de savoir si je continuais ou si j'arrêtais. Et puis cette préparation de Jeux, ce n'était que trois ans, puisque Tokyo avait déjà gratté une année supplémentaire pour la préparation, donc là, on avait une année de moins. Je pense qu'il y a beaucoup d'athlètes qui termineront leur carrière à Paris. On a la chance d'avoir les premiers Jeux paralympiques d'été à Paris, ça n'est jamais arrivé. C'est chouette de les vivre à la maison et si possible d'aller chercher une médaille, mais quoi qu'il arrive, c'est surtout cette fête qu'il va y avoir autour des Jeux. L'histoire qu'on peut raconter aussi sur les Jeux paralympiques, changer le regard un peu sur le handicap et puis se servir des Jeux comme tremplin pour les futures générations, pour mettre un peu plus de sport dans la vie des Français, et pour montrer qu'en France aussi on a de grands champions. Souvent, on est reconnu pour la gastronomie et le côté culturel, mais ça serait bien aussi qu'on puisse parler sport !
Vous en parlez avec les yeux qui brillent, le sourire sur le visage. Cette épreuve paralympique à Paris vous donne la motivation pour vous lever le matin, pour aller à l'entraînement. Car l'aviron est un sport laborieux : il faut travailler régulièrement, s'entraîner en permanence et à deux.
Déjà, j'aime m'entraîner. Les Jeux restent un objectif, et c'est compliqué de s'entraîner si on n'a pas d'objectif. Avant ça, il y a d'autres objectifs, souvent des championnats du monde, des compétitions nationales qu'il faut valider. Et puis la qualification pour les Jeux, car avant d'aller aux Jeux, il faut d'abord s'entraîner pour cette qualification, ce challenge. Je suis quelqu'un qui aime m'entraîner et relever les défis, les trucs un peu compliqués. Se dire qu'on peut avoir la famille, les partenaires, tous ces gens-là autour de nous : c'est ce qui parfois peut faire aussi la petite différence quand on est fatigué en fin de course, d'entendre tout ce public qui est là pour nous, je trouve que c'est une belle chose.
Un nouveau défi, c'est celui de ramer avec un autre coéquipier, un athlète qui est plutôt habitué aux Jeux paralympiques d'hiver : Benjamin Davier. C'est quelqu'un qui n'a pas votre technique, mais il a des compétences et l'expérience du très haut niveau.
C'est un gros défi parce qu'au retour des championnats du monde, mon binôme et collègue, avec qui je ramais, a décidé d'arrêter sa carrière à un an des Jeux. Donc je me suis retrouvée seule dans le bateau, c'est le cas de le dire, et il a fallu rebondir. Benjamin ramait déjà dans sa préparation hivernale, il faisait déjà de l'aviron, il était déjà intégré à l'équipe de France. Le staff lui a proposé d'intégrer le double, de faire un test. Bien évidemment, il n'était pas question de partir dans cette préparation s'il n'avait pas eu déjà quelque chose sur ce premier stage qu'on a fait ensemble.
"On ne va pas aux Jeux pour aller aux Jeux : l'objectif est d'aller performer."
Perle Bougeà franceinfo
Le délai est très court, mais on a envie d'y aller et ce nouveau challenge nous anime tous les deux donc on va faire le maximum pour ! Benjamin a des qualités : il est médaillé paralympique en ski de fond, c'est un sport d'endurance et on en a besoin dans l'aviron ! C'est long, une course d'aviron. Sa jeunesse va être utile aussi. Et puis il sait ramer, même s'il dit que techniquement, il n’est pas encore au point. Ça, on va le travailler et surtout lui donner confiance. Moi sans lui, je ne peux pas ramer, et lui sans moi, il ne peut pas ramer. Donc on se dit qu'ensemble, on va essayer de relever ce défi et si on arrive à le relever, ce sera une belle victoire.
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