ENTRETIEN. Paris 2024 : "Je veux continuer à écrire l'histoire du parabadminton", ambitionne le champion paralympique en titre, Lucas Mazur
Il a déjà un palmarès long comme le bras. À 26 ans, Lucas Mazur a tout gagné. Champion paralympique (en catégorie SL4), vice-champion paralympique en double mixte à Tokyo et triple champion du monde, l'Orléanais compte bien conserver son titre à Paris. Avant cet été, le numéro un mondial vise également un quatrième titre aux championnats du monde (du mardi 20 au dimanche 25 février, à Pattaya, en Thaïlande).
S'il n'est pas encore officiellement qualifié (il faudra attendre fin mai), Lucas Mazur est toutefois bien parti pour valider son billet. Pour franceinfo: sport, il revient sur son sacre paralympique ainsi que sur ses prochains objectifs, dont Paris 2024.
franceinfo: sport : les Mondiaux de parabadminton débutent mardi 20 février et les Jeux paralympiques de Paris sont dans six mois. Comment vous sentez-vous face à ces échéances ?
Lucas Mazur : Je ressens forcément beaucoup d'excitation. C'est une chance de pouvoir continuer à essayer d'entrer encore plus dans l'histoire du sport français. Aujourd'hui, j'ai atteint tous mes objectifs sportifs et je veux continuer à écrire encore plus l'histoire du parabadminton, et d'essayer de battre des records. C'est ce qui me motive.
Les Mondiaux sont-ils pour vous une répétition avant les Jeux ?
Oui, absolument. Pour le moment, je n'ai pas encore pris de décision sur mon calendrier 2024. J'attends de voir ce qu'il va se passer aux Mondiaux pour adapter la suite de mon année jusqu'aux Jeux. Une chose est sûre : je suis forcément ambitieux. Mon objectif est de ramener avec moi une nouvelle médaille d'or en simple.
Dans quelle mesure, le titre paralympique a-t-il changé votre vie ?
Il m'a apporté une notoriété et une visibilité quand je suis rentré en France, surtout au niveau local. J'ai bénéficié d'un gros coup de projecteur. Grâce à cette médiatisation accrue, des sponsors sont venus me chercher.
"Avant les Jeux, c'était compliqué de vivre de mon sport. Depuis Tokyo et ma médaille, j'arrive pleinement à en vivre."
Lucas Mazur, champion paralympique de parabadmintonà franceinfo: sport
C'est une grande chance. Les Jeux m'ont ouvert les yeux : c'est une compétition à part, aux enjeux et pressions hors normes, et donc aux retombées évidemment plus importantes.
Après les Jeux en 2021, vous aviez expliqué avoir ressenti beaucoup de pression à Tokyo. Quelle en était la cause ?
J'ai ressenti cette pression avant et pendant la compétition. Déjà, il y avait cette attente pour cette première fois du parabadminton aux Jeux. J'étais favori. Donc évidemment, être le premier à inscrire son nom sur la liste des champions paralympique était une ambition importante qui avait beaucoup de sens pour moi.
Cette pression du résultat n'était pas simple, car aux Jeux, il faut être bon sur le moment, par rapport au circuit international qui fonctionne sur l'ensemble des tournois de l'année. J'ai trouvé ça rude. Ce sentiment a été accentué avec la bulle sanitaire imposée sur place, mais aussi celle instaurée à l'Insep (Institut national du sport de l'expertise et de la performance) en amont. Ce n'était pas facile et ce n'était pas un événement "fun" à vivre. Ma victoire était plus un soulagement qu'une victoire du cœur.
Après des Jeux à huis clos à Tokyo, avoir le soutien du public français à Paris est-il aussi une source de pression ?
Évidemment, c'est une pression. Mais j'essaie d'avoir plus de contrôle et de recul par rapport à Tokyo, qui était pour moi une première expérience. J'espère que cela se passera mieux et que je serais moins écrasé par la hauteur de l'événement. À l’époque, je n'étais pas connu du grand public. Aujourd'hui, cela a un peu changé, j'ai donc appris à vivre avec.
Vous expliquez souvent que votre premier titre de champion du monde a été le moment le plus important de votre vie. Est-ce toujours le cas, même après votre titre paralympique ?
Pour être sincère, c'est toujours le cas. Même s'il y a eu beaucoup de fierté à Tokyo, la médaille a été plus un soulagement qu'autre chose. Mon premier titre de champion du monde a complètement changé ma vie, en tant qu'athlète mais aussi en tant que jeune homme. Ce titre m'a poussé à continuer à m'entraîner dur et à croire en mes rêves parce que j'ai compris que les objectifs étaient réalisables.
Vous avez déjà évoqué la fin de votre carrière. À 26 ans et au sommet de votre sport, cela peut surprendre. Pensez-vous arrêter après les Jeux de Paris ?
Oui, c'est une vraie réflexion parce que je n'ai plus quinze ans. Mon corps réagit différemment et me l'exprime, même si j'en prends soin et que je fais attention. J'espère avoir l'ambition de continuer mais j'y réfléchis malgré tout. Je prendrai ma décision après Paris, en fonction de différents éléments : si je prends toujours autant de plaisir à jouer et si mon amour pour le badminton est aussi fort qu'avant. Il s'agit d'une discussion avec moi-même afin de savoir si je préfère quitter mon sport au sommet ou non. Je n'ai pas encore la réponse.
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