Paralympiques 2024 : Axel Bourlon, un zéro pointé en haltérophilie et beaucoup de questions sur sa discipline
Coup de froid sur l'haltérophilie française. Habitués à concourir dans un relatif anonymat, les parahaltérophiles ont découvert une Arena Porte de la Chapelle prête à donner de la voix, mercredi 4 septembre, pour le début des épreuves de costauds. Les spectateurs ont particulièrement animé la soirée pour leur chouchou Axel Bourlon, médaillé d'argent à Tokyo il y a trois ans chez les jusqu'à 54 kg, mais le concours a rapidement pris une mauvaise tournure.
Le Roannais n'a pas validé la moindre barre et ne finit donc pas classé. "Je ne suis pas venu là pour ça, a-t-il expliqué, déçu, après son concours. Je voulais une médaille, la plus belle possible. Je remercie les gens qui sont venus me voir, j'aurais aimé les récompenser encore un peu plus avec une médaille, ou au moins un bon classement."
Le bourdon de Bourlon
A Tokyo, le Français avait fini deuxième en soulevant une barre de 165 kg, derrière le Kazakhstanais David Degtyarev (174 kg). Ce mercredi, il a échoué à trois reprises, à 163 kg d'abord, puis deux fois à 169 kg. Des poids loin du tenant du titre Degtyarev, qui a conservé sa couronne (188 kg), et de son dauphin cubain Pablo Ramirez Barrientos (185 kg). "Le Cubain arrive cette année, fait trois compétitions et se retrouve invité aux Jeux. Il a un mouvement dont il va falloir parler... et il finit sur la boîte, se désole Axel Bourlon, amer. Alors que moi, on m'invalide trois essais."
Son entraîneur, Flavien Martinez, détaille le fond de la pensée de son athlète : "Pour le Cubain, c'est un souci de classification. C'est malheureux pour lui parce que ça reste un athlète, mais il ne fait pas du développé couché. Il a des bras tout petits, qui arrivent au niveau de la poitrine quand ils sont le long du corps. Et il a un buste énorme. Par conséquent, une fois la barre descendue au niveau de la poitrine, ses bras sont déjà quasiment tendus et le mouvement est presque inexistant pour la relever. Pourtant, les juges valident les barres."
Pour le coach, il y a urgence à revoir le règlement, qui stipule simplement que l'écartement des index sur la barre ne doit pas dépasser 81 cm. "Certains jouent avec ça, regrette-t-il, et écartent les bras au maximum autorisé. Pour les plus petits, c'est un avantage car l'amplitude de leur mouvement pour soulever la barre sera beaucoup moins importante. Un mouvement de quatre ou cinq centimètres sera suffisant pour faire valider un essai. C'est problématique, car ça dénature la discipline et le public n'y comprend plus rien."
"Pas de médaille volée"
Le résultat d'Axel Bourlon, lui, n'est pas remis en cause : "Les barres d'Axel ont été invalidées, et on ne le conteste pas, assure Flavien Martinez. C'est un peu sévère sur la première, mais ça peut se comprendre. En revanche, sur le deuxième essai du Kazakhstanais, futur champion olympique, il fait exactement la même erreur et la barre est validée. Les juges ont manqué d'équité dans leurs décisions. Le résultat d'Axel n'est pas remis en question, et même avec ses barres, il aurait été trop loin pour le podium. Il n'y a pas de médaille volée."
Quant à l'avenir, l'entraîneur du médaillé d'argent de Tokyo attend que les discussions avec les instances portent leurs fruits : "On en discute déjà avec la Fédération internationale, qui n'a pas bougé pour l'instant en ce sens, regrette-t-il. Les Jeux arrivaient, en général c'est après que les évolutions sont actées, donc on va voir ce qui se passe. Mais c'est un problème à résoudre, et malheureusement certains, comme le Cubain, n'ont pas leur place à cause du mouvement qu'ils font."
Dans une discipline très concurrentielle où 61 nations sont représentées à Paris, les espoirs reposent désormais essentiellement sur Souhad Ghazouani, qui entrera en scène vendredi. La quintuple médaillée paralympique a changé de catégorie et évolue désormais chez les jusqu'à 67 kg. La raison ? Une athlète brésilienne (Mariana D'Andrea), chez les jusqu'à 73 kg où elle évoluait auparavant, fait également des mouvements presque inexistants qui lui permettent de soulever des barres largement plus lourdes que toute la concurrence.
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