Jeux paralympiques - Une vie d'athlète en manga : Bopha Kong, une médaille d'or au bout de ses pieds
Avant les Jeux paralympiques, franceinfo: sport dresse le portrait de six athlètes français prêts à briller à Tokyo. Bopha Kong, quadruple champion du monde de para-taekwondo, est amputé de ses deux mains. Un handicap qu'il compense par un mental d'acier et des heures d'entraînement.
Calme et pudique sur l'accident qui l'a amputé des deux mains, Bopha Kong se transforme en guerrier dès qu'il foule les tatamis. À 40 ans, l'athlète a trouvé son équilibre entre ses heures d'entraînement en para-taekwondo, son travail d'ambassadeur sport-santé et sa vie de famille. À l'heure de s'envoler pour disputer ses premiers Jeux paralympiques à Tokyo, il aspire à devenir un exemple de combativité et espère pouvoir partager une médaille avec ses proches.
Un accident le prive de ses mains à 18 ans
Originaire du Vietnam, Bopha Kong arrive en France à l'âge de trois ans. Durant l'adolescence, le jeune homme vit dans une cité de Gonesse, dans le Val d'Oise. Il y rencontre "de mauvaises fréquentations", qui vont l'handicaper à vie. Alors qu'il est âgé de 18 ans, plusieurs de ses "copains" fabriquent une bombe artisanale, qui lui explose dans les mains. Les autres responsables de l'accident fuient et le laissent, seul, avec ses séquelles. Bopha Kong reste six mois à l'hôpital et six autres mois en centre de rééducation.
Alors qu'il pratiquait la boxe anglaise avant cet accident, Bopha Kong découvre un autre sport de combat, le taekwondo : "J'ai toujours aimé les sports de combat. Je ne sais pas si j'ai une facilité, mais j'essaye de le faire sérieusement et d'être le meilleur". Et alors que le para-taekwondo se développe, il s'endurcit dans sa nouvelle discipline : "Dans la vie de tous les jours, on doit faire avec ce que l'on a, il faut s'adapter et ça devient une question d'habitude. Une fois que l'on a accepté son handicap, ça devient plus facile, et le taekwondo m'a aidé à prendre confiance en moi".
En 2010, onze ans après son accident, il remporte le premier de ses quatre titres de champion du monde. Pudique sur son passé, il se force à aller de l'avant : "Aujourd'hui, c'est le présent qui compte, il ne faut pas se poser de questions et ne pas regarder en arrière. Il faut avancer et trouver son but dans la vie. J'ai tout pour être heureux, je suis bien entouré et même si ce n'est pas toujours facile, il faut que je me dise que c'est facile".
"Je préfère être un exemple qu'un champion"
Le para-taekwondo est inscrit pour la première fois au programme des Jeux paralympiques à Tokyo. Pour y performer, Bopha Kong ne s'entraîne qu'avec des combattants valides, mais leur rend la vie dure : "Son handicap lui donne une force mentale. Quand on combat contre lui, il faut tenir et avoir une très bonne condition physique", témoigne Beaudric Dumas, essoufflé après son combat face à Bopha. "Il compense son manque de mains par ses autres membres supérieurs. Il a quand même des bras et il optimise son corps. Il s'en sert à 110% et cherche d'autres postures pour combler ce vide", explique son entraîneur, Oury Sztantman.
Avec une telle préparation, Bopha Kong et son staff ne visent que le titre olympique : "En combat, la concurrence le galvanise, c'est la marque des grands champions. On est extrêmement exigeants, on cherche l'or. Toutes les médailles seront les bienvenues mais on ne se met pas de limites", affirme son coach.
Le quadruple champion du monde serait fier de partager une nouvelle breloque avec son équipe, sa famille et tous ceux qui le soutiennent : "J'ai déjà offert des médailles à des proches, sinon ce serait trop égoïste. Le combat, on ne le fait pas seul, même si les personnes ne peuvent pas être là physiquement comme à Tokyo". Pour le multi-médaillé, les lignes de son palmarès ne sont pas une obsession : "Il y a de la concurrence pour être champion, mais je pense que ce n'est pas le plus important pour moi. Je préfère être un exemple qu'être un champion. Le plus important c'est de transmettre et de partager".
La fierté de se rendre utile
En plus de ses trois heures d'entraînement quotidiennes, Bopha Kong s'impose des exercices de renforcement musculaire, de retour chez lui. Et au delà du sport, l'athlète trouve son équilibre dans son travail et sa famille. Il est employé par le département de Seine-Saint-Denis en tant qu'ambassadeur sport-santé, un métier dans lequel il s'épanouit à donner des conseils à d'autres travailleurs quant aux postures à adopter pour ne pas se blesser : "C'est une fierté de se rendre utile et ça me donne de la force. J'ai un handicap mais je donne des cours et je partage mon savoir faire avec des personnes valides, j'ai quelque chose à leur apporter. Puis ça me permet de couper un peu du taekwondo et de revenir avec les batteries chargées".
Bopha Kong est également papa d'une petite fille de 2 ans, à qui il souhaite un destin différent du sien : "J'aimerais qu'elle grandisse bien, qu'elle fasse attention à ses fréquentations, et qu'elle soit épanouie". Il espère aussi la rendre fière en ramenant une médaille olympique de Tokyo, la dernière breloque qui manque à son palmarès.
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