Ski alpin : Arthur Bauchet lance sa "répétition générale" avant les Jeux paralympiques de Milan-Cortina en 2026
Ces derniers mois, son agenda n'a jamais désempli. Auteur d'une saison pleine en paraski alpin, ambassadeur de luxe dans la candidature française pour accueillir les Jeux d'hiver dans les Alpes en 2030, engagé dans un double projet en paracyclisme avec Cofidis, consultant pour France Télévisions l'été dernier pendant les Jeux olympiques... Arthur Bauchet a eu du pain sur la planche et embrassé tous les rôles ou presque.
A l'aube du lancement de son hiver 2024-2025 et de deux étapes de Coupe du monde en France, le champion de 24 ans fait le point sur ses objectifs sportifs mais aussi sur ses souvenirs d'un été flamboyant, qu'il perçoit comme un point de bascule quant à l'engouement naissant autour du parasport.
Comment va se composer votre saison, et quelles en sont les principales échéances ?
Arthur Bauchet : Je pense que j'ai une grosse vingtaine ou trentaine de courses, avec toutes les étapes de Coupe du monde qui sont programmées mais aussi les championnats du monde. L'objectif est d'être prêt pour cette échéance. Sinon, dès décembre, on a quatre départs en Coupe du monde à la maison, deux à Tignes en slalom (16-17 décembre) et deux à Courchevel en slalom géant (19-20 décembre). J'ai vraiment hâte, ce sera chouette de skier devant le public français.
Cet hiver, c'est également l'opportunité des derniers réglages avant les Jeux de 2026 à Milan-Cortina...
Oui c'est ça. Si ça marche bien sur les skis et que les résultats sont là, cela voudra dire que la préparation a été bonne et qu'on pourra garder les mêmes éléments pour 2026. A contrario, si je passe complètement à côté, il va falloir vite trouver des clés pour revenir au top. C'est une saison en guise de répétition générale, je vois les choses comme ça. Si ça ne marche pas, on a encore quelques mois pour trouver des solutions. Mais il faut faire attention car ça passe vite.
Le réservoir est suffisant pour faire face aux 30 courses programmées ?
Oui, je crois. Je me connais de mieux en mieux. Ma maladie [la paraparésie spastique, qui provoque une faiblesse et des contractures musculaires dans les jambes], je sais comment la jauger, l'appréhender, même s'il y a toujours une part d'inconnu. Elle évolue donc il faut tout le temps réadapter des choses. Mais si cette saison fonctionne, ce sera plutôt bon signe. L'objectif est d'être au top sur quasiment toutes les courses dont je prendrai le départ. J'ai été sur la quasi-intégralité des podiums l'année dernière, il ne m'en manquait qu'un ! Cette année je veux taper tout aussi fort sur la table, montrer qu'il faudra compter sur moi pour les Jeux.
Cet été, vous étiez à Paris, dans un rôle d'observateur cette fois. Quel souvenir gardez-vous de toute cette aventure Paris 2024 ?
Un engouement incroyable, tous ces sourires sur les visages... Certains ont même regretté de ne pas être venus voir les Jeux paralympiques. C'est là que tu te dis qu'il s'est passé quelque chose, ça prouve que c'est bien plus que du sport. On transmet des émotions qu'on retrouve dans la vie de tous les jours en un temps très condensé, c'est très particulier. Moi je faisais partie des personnes nostalgiques après les Paralympiques, on avait l'impression qu'il n'y avait plus rien ! (rires) D'habitude on le ressent en tant qu'athlète, là tous les spectateurs ont pu le vivre aussi.
"Voir autant de gens avec le symbole des agitos, l'exhiber fièrement, c'était trop beau. Il y a encore du chemin à faire mais aujourd'hui, on n'a plus à expliquer ce que sont les Jeux paralympiques, et c'est une avancée majeure."
Arthur Bauchetà franceinfo: sport
Y a-t-il un moment que vous gardez en tête après toutes ces semaines ?
J'ai eu la chance de vivre plein de moments chouettes, mais je me souviens notamment du triplé en BMX racing qui était assez incroyable. Ça m'a rappelé un peu le triplé en skicross à Sotchi ou alors celui qu'on a fait, nous, aux Mondiaux avec Oscar (Burnham) et Jordan (Broisin) en 2023 en Espagne.
Est-ce que c'est encore trop tôt pour dessiner un héritage paralympique de ces Jeux de Paris ?
Non, je ne crois pas. Avant les Jeux, un gros travail avait été fait, notamment par les enseignants dans le milieu scolaire. Quand je venais dans les écoles, je n'avais plus à présenter ce qu'étaient les Jeux paralympiques. J'ai vu plein de personnes cet été à Paris avec le symbole des agitos sur des teeshirts. Je me suis dit "wahou, que de chemin parcouru !" Avant 2018, ça ne s'achetait pas et ça ne se vendait même pas, jamais tu ne voyais un agitos. Ce sont des petites choses, mais qui, pour moi, veulent dire beaucoup. Il y a de la considération pour tous les athlètes.
Vous avez également été un des grands artisans de la victoire de la candidature des Alpes françaises pour les Jeux d'hiver de 2030. Vous vous y voyez déjà ?
Pas encore ! Mais c'est vrai que j'ai été l'un des ambassadeurs, parce que c'est un projet qui me touche, je sais ce qu'il peut apporter notamment aux personnes en situation de handicap donc ça me touche énormément. Mais il ne faut pas oublier que mon objectif est de participer aux Jeux en tant qu'athlète, donc il ne faut pas non plus que je me perde. Cela va être un rôle d'équilibriste entre la promotion de l'événement et mon objectif sportif. La meilleure promo que je puisse faire pour 2030, c'est de décrocher un maximum de médailles d'or.
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