: Reportage Paralympiques 2024 : "Tous les jours, on remet nos patients debout"... Au cœur du centre de réparation du village
Il est 13h30, samedi 31 août, lorsqu'un certain Alexis Hanquinquant débarque dans le bâtiment Ottobock situé dans le village paralympique, du nom de la marque allemande spécialisée dans les appareillages orthopédiques. Le paratriathlète et porte-drapeau de la délégation française, grand favori de la catégorie PTS4, a un problème avec le manchon de sa prothèse, usé trop rapidement à son goût. Cette sorte de chaussette s'enfile sur le moignon et permet d'éviter les frottements avec l'emboîture (la partie chargée de recevoir le moignon).
Ni une, ni deux, le médaillé d'or en paratriathlon à Tokyo est pris en charge par Julian, l'un des directeurs techniques du centre, et repart moins d'une heure plus tard se préparer pour son épreuve, qui a lieu le lendemain (finalement reportée au lundi 2 septembre).
Installé à quelques mètres du bâtiment de la délégation canadienne, au cœur du village paralympique de Saint-Denis, le centre de réparation Ottobock est un lieu indispensable pour les para-athlètes. Sur près de 720 m², les sportifs et sportives de toutes les nationalités y défilent de 7 heures à 23 heures depuis son ouverture, le 21 août. La marque est la seule présente au village, mais également sur une dizaine d'autres sites parisiens, et répare prothèses ou fauteuils défectueux. Même le matériel qu'elle n'a pas confectionné.
Pour ce faire, 164 techniciens et orthopédistes – qui parlent 35 langues différentes – se relaient toute la journée pour répondre aux demandes des para-athlètes et des membres des staffs. "On essaie au maximum de faire les réparations dans la foulée, car quand les athlètes viennent, c'est en général dans l'urgence", détaille Fabienne Bonnet, responsable de la communication de la marque.
"Les réparations que l’on fait sur les sites, c’est vraiment de l’urgence pendant la compétition. Il y a des timing hyper serrés."
Fabienne Bonnet, responsable de la communication d'Ottobockà franceinfo: sport
Une fois accueillis et enregistrés à l'accueil, les para-athlètes sont pris en charge par un directeur technique qui les oriente en fonction du problème vers un technicien disponible et capable de faire les réparations. Tout au long de la journée se succèdent parasportifs ukrainiens, syriens, canadiens ou encore mexicains. Certains viennent pour ajouter une sangle sur un fauteuil, d'autres pour changer ou recoudre l'assise, d'autres encore pour réparer une pièce de leur prothèse.
Ici, le fauteuil de course d'une athlète thaïlandaise quitte l'atelier puisque seulement deux vis devaient être resserrées, et là, c'est le roulement à billes d'un autre fauteuil qui doit être remplacé. On croise également la paratriathlète française Cécile Saboureau, qui effectue les derniers réglages – remettre une cale et recoller quelques pièces – sur sa prothèse avant le grand départ, dimanche, à 9h35 (reporté également).
Le centre Ottobock dispose d'un grand atelier où sont effectuées toutes les réparations et dans lequel toutes les machines nécessaires sont installées. Avec une nouveauté pour cette édition parisienne : une imprimante 3D. "On gagne du temps, on gagne du poids, on peut faire des emboîtures de prothèse et créer de nouvelles pièces en une nuit", se félicite l'équipe.
Des réparations gratuites
La marque ne répare pas uniquement le matériel sportif, mais aussi celui de la vie quotidienne, grâce notamment à son stock de 15 000 pièces. "Tous les jours, on remet nos patients debout. On voit des athlètes avec des prothèses scotchées, rescotchées, et encore rescotchées, ou encore avec des prothèses d'un autre temps", souligne Fabienne Bonnet. De ce fait, certaines délégations ont bien moins besoin de l'atelier que d'autres. "On voit très peu d'Américains et d'Européens, parce qu'ils sont bien appareillés et bien pris en charge", enchaîne-t-elle. Pour d'autres délégations, c'est une aubaine : un membre du staff néo-zélandais a profité des Jeux paralympiques pour effectuer la révision de son genou électronique, normalement à réaliser tous les deux ans.
Le tout gratuitement. "C'est un coût pour nous, c'est sûr, mais c'est dans notre ADN. La marque est sur les Jeux paralympiques depuis 1988 et ça contribue à son rayonnement", affirme Fabienne Bonnet. A ce jour, environ 1 500 réparations ont été effectuées et Ottobock pense en réaliser au moins 2 200 d'ici à la fin des Jeux.
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