Paris 2024 : intégration tardive, exclusion, disciplines limitées... Quelle place pour les déficients intellectuels aux Jeux paralympiques ?
Sur les 4 400 athlètes qui vont participer aux Jeux paralympiques à Paris, à partir du 28 août, ils seront à peine plus d’une centaine. Au sein de la délégation française, forte de 237 athlètes, on n'en compte même que six. Les déficients intellectuels représentent une minorité des sportifs qualifiés et des médailles distribuées lors de la grand-messe paralympique. Des données qui interrogent sur la représentation du handicap intellectuel aux Jeux.
Le constat n’est pas récent, et les athlètes déficients intellectuels ont mis du temps à se faire une place dans l’histoire paralympique. "Les Jeux paralympiques ont été mis en place pour les blessés de guerre à Stoke Mandeville. Au départ, c’est un mouvement qui est purement [fait] pour le handicap physique", explique Marc Truffaut, président de la Fédération française du sport adapté (FFSA). Les déficients intellectuels ont fait leur apparition aux Jeux en 1996, à Atlanta, 36 ans après la première édition des Jeux paralympiques.
Participation suspendue après un scandale de tricherie
Surtout, les déficients intellectuels ont connu une longue absence après l'un des épisodes les plus marquants de l’histoire des Jeux : la tricherie de la délégation espagnole à Sydney en 2000. Dans la plus grande ville australienne, sur les douze joueurs de l’équipe de basketball sacrée championne olympique, dix n'étaient en réalité pas déficients intellectuels. En conséquence, le comité international paralympique (IPC) décide de suspendre la participation des athlètes déficients mentaux.
Leur absence durera douze ans, jusqu’à leur réintégration lors des Jeux de Londres en 2012, au cours desquels les règles d'éligibilité et de classification sont redéfinies. Les athlètes déficients intellectuels doivent avoir un QI (quotient intellectuel) inférieur à 75 et détecté avant l'âge de 22 ans, et se soumettre à la classification qui montre que la déficience intellectuelle a un impact sur la performance sportive. Car le handicap intellectuel, invisible, peut aussi souffrir d'une mauvaise compréhension et connaissance du sujet. "Quand on les regarde, on se dit qu'ils n’ont rien. Mais au quotidien, ce qu'ils doivent mettre en place pour arriver à ce niveau de performance, c’est juste énorme", assure Marc Truffaut.
Le retour est cependant limité. A Paris, ils ne seront représentés que dans trois disciplines : le para-athlétisme (où la France a décroché à Tokyo son seul titre en athlétisme, olympique et paralympique confondus, grâce à Charles-Antoine Kouakou sur 400 m T20), la paranatation et le paratennis de table. Et dans chacune de ces disciplines, il n'y a qu’une seule catégorie pour ce type de handicap. "Quand on prend les déficients visuels, en athlétisme, il y a trois classes. Sur les déficients intellectuels, il n’y a qu’une seule catégorie parmi une multitude. C’est une spécificité du handicap mental, ça limite également le nombre d’épreuves qui peuvent être ouvertes", décrypte Marc Truffaut.
Alors qu'au niveau international, comme lors des Virtus Global Games, des jeux mondiaux pour athlètes déficients intellectuels, trois classes différentes existent : déficients intellectuels, déficients intellectuels avec un surhandicap, et personnes autistes.
Contrainte numérique et méconnaissance
Pour avoir plus d'athlètes, il faudrait plus de catégories. Mais la situation est aussi difficile à faire bouger en raison des contraintes numériques qui pèsent sur l’organisation des Jeux. "Quand vous êtes sur les Jeux olympiques, il y a un quota de 11 000 athlètes. Quand vous êtes sur les Jeux paralympiques, il y en a 4 400. Tant que ce nombre ne monte pas, c’est compliqué d’intégrer une nouvelle catégorie", explique Marc Truffaut. "Ça signifie que si on met une nouvelle épreuve en sport adapté, on retire une épreuve à quelqu’un d’autre, à un autre handicap." Une solution plutôt rejetée par le président de la FFSA, qui plaide pour une "universalité des handicaps" aux Jeux paralympiques.
La question est d'autant plus importante que les athlètes déficients intellectuels ne sont toujours pas réintégrés aux Jeux d'hiver, 26 ans après Nagano 1998, l'unique édition à laquelle ils ont pu participer. "La gouvernance des sports est passée aux fédérations internationales, c’est la Fédération internationale de ski qui doit proposer à l’IPC l’intégration du sport adapté. Dans les discussions qu'on a aujourd’hui avec elle, elle ne se dit pas prête", explique Marc Truffaut. La FFSA est d'ailleurs en lien avec l'organisation des Alpes françaises 2030 avec le souhait d'y marquer le retour du sport adapté.
À regarder
-
"C'est un honneur incroyable..." On a rencontré Maxence, pro du parkour et l'un des personnages mystères de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.