"Monter sur le podium, ça doit être fort, ce serait bien" : Yannick Noah se confie sur son rôle de capitaine de l'équipe de France de tennis fauteuil
À bientôt 64 ans, Yannick Noah n’a plus rien à prouver : en tant que joueur puis capitaine, il a tout vu, tout vécu et tout gagné, en individuel, en Coupe Davis ou en Fed Cup. Capitaine depuis décembre 2023 de l'équipe de France masculine de tennis fauteuil, il découvre des joueurs et une discipline qu'il ne connaissait pas. Et se dit serein.
franceinfo : Quel est le bilan de ces trois jours de stage ?
Yannick Noah : La première chose, c'est que je me suis un peu imprégné, j'ai commencé à apprendre un petit peu la spécificité du tennis fauteuil, les aspects technique et tactique, le matériel. Et puis de l'autre côté, apprendre à se connaître. Chaque joueur est différent, chacun a son parcours, chacun est arrivé au tennis fauteuil différemment. Et la meilleure façon d'avancer, c'est de se connaître, apprendre à se connaître.
Pourquoi vous avez accepté ce rôle ? Vous n'avez plus rien à prouver...
Mais je n'ai jamais fait ça ! Je n'ai jamais gagné avec cette équipe-là ! Je n'ai jamais coaché de tennis fauteuil ! C'est une belle aventure, en fait. Ce qui me plaît, c'est la camaraderie, c'est l'amitié, ce sont des souvenirs, des liens qui se tissent. C'est l'aventure humaine qui compte par dessus tout. Stéphane Houdet m'a proposé ça il y a quelques années, mais c'était un peu tôt. Je n'avais pas le temps de me préparer. Les Jeux arrivaient très très vite, il fallait les accréditations, c'était un peu court. Il m'a relancé récemment, et quand j'ai fini de lire le texto, ça me paraissait tellement évident et excitant.
C'est une aventure humaine. Je suis dans le tennis, je suis chez moi. Je suis avec des joueurs que j'ai appris à connaître, que je connais bien maintenant. C'est très stimulant d'avoir cet objectif, d'avoir les Jeux, de jouer devant les potes, de jouer pour son pays, de jouer en France, de jouer dans sa famille, de jouer devant son public. C'est unique. Vivre ça auprès d'eux, ça va être très fort comme aventure humaine.
Est-ce que ces joueurs et ces joueuses, malgré leur handicap, vous donnent une leçon de vie ?
Carrément. Ce sont des gens qui ont vécu des choses très difficiles physiquement et moralement , qui ont des gros bouleversements dans leur façon de voir la vie et la façon d'être vus par la société. Et tout d'un coup on se retrouve sur un court et on travaille, on rate une balle et puis on trouve une solution technique et tout d'un coup on progresse. Et là, tout d'un coup, il y a le cœur qui bat différemment et il y a un lien qui se tisse. Ce sont des personnes, des aventures qui doivent être connues parce que ça donne du courage.
"Le fauteuil, on l'oublie très très vite, c'est comme quand je travaillais en Fed Cup ou en Coupe Davis. Le handicap est complètement oublié."
Yannick Noahà franceinfo
Pour les Jeux, est-ce que vous avez un objectif de médailles ?
On n'est pas dans les meilleures nations de tennis en fauteuil. Stéphane Houdet est très bon, en simple et en double. On a du temps et on a une vraie marge de progression. C'est ça qui compte par dessus tout : c'est un objectif de moyen-long terme. Il y a deux ans, rien n'existait pour ces joueurs-là. Maintenant il y a des bourses, des sponsors, des gens qui s'intéressent à eux, des gens qui les aident. Le vrai projet, c'est de faire en sorte que ce soit bien perçu et mis en avant dans les clubs, qu'il y ait le plus de gamins possible qui jouent.
Pour les Jeux, on va faire le maximum. On n'est pas dans les meilleurs, mais on va essayer ! Ça doit être quelque chose de monter sur le podium ! Ça doit être fort, ce serait bien...
Avant les Jeux, il y a les championnats du monde par équipes, début mai en Turquie. Ce baptême du feu, vous le redoutez ?
Je ne l'appréhende pas, mais je vais être concentré, je vais me préparer. Mais pour bien performer, il faut être optimiste, il faut aller de l'avant, que ce soit au niveau du jeu, mais aussi au niveau de l'état d'esprit. Je n’ai pas douté, ça va bien se passer.
Grâce à votre présence, il y a un énorme coup de projecteur sur les Jeux paralympiques, et le tennis en particulier. Ça vous agace ?
Ça ne m'agace pas du tout. Ça fait complètement partie du projet. C'est le but aussi. Le handicap est méconnu et les gens ont des jugements préconçus, négatifs parfois, par ignorance. Les gens ne savent pas ce que c'est que toutes ces personnes ont vécu. Et par exemple, il y a quelque temps, j'étais à Charléty, il y avait les Championnats du monde d'athlétisme para, j'ai fait le concert d'ouverture... Et je suis resté deux jours scotché parce que l'émotion est la même, les performances sont incroyables et il y a cette énergie-là.
Et moi, fan de sport, j'ai vraiment adoré. Du coup, je suis honoré d'être là. Je me dis que j'ai beaucoup de chance de pouvoir avoir cette place, et j'ai le sentiment que je peux être utile. Et donc, tout s'est aligné, tout est juste. Et je suis vraiment serein.
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