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L'équipe de France : plus aseptisée, tu meurs

Vous ne sentez pas le frémissement de la passion autour de l'équipe de France ? Vous n'avez pas encore trouvé de bonnes raisons pour défiler sur les Champs-Elysées ? C'est normal.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'image forte du premier match des Bleus : ce supporter endormi pendant France-Angleterre, le 11 juin 2012, devenu depuis une star du web.  (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

Que retenir du début des Bleus à l'Euro 2012 ? L'ennui du match France-Angleterre (qui n'est pas de la faute des joueurs français) ? La lassitude des conférences de presse ? Le geste de Samir Nasri après son but, polémique aussitôt minimisée par l'intéressé, sa cible, la fédération et le sélectionneur ? Ou alors le supporter endormi de France-Angleterre, devenu une icône ? FTVi fait le point.

Equipe cherche grande gueule désespément

Laurent Blanc a appelé ses joueurs à se lâcher. "On manque de personnalité. Il faut des initiatives. Quitte à prendre des risques. Si on a des grands joueurs, c’est le moment de le démontrer", a estimé le sélectionneur en conférence de presse, jeudi 14 juin.

Prendre des risques, c'est justement l'inverse de ce qu'ont fait les Bleus contre l'Angleterre pour leur entrée dans la compétition. On cherche encore la personnalité de cette équipe, qui n'a pas la flamboyance de la génération Platini ou la solidité défensive de l'ère Jacquet.

Quant aux grands joueurs, on en manque : Ribéry est indiscutable en club mais a toujours collée aux basques l'étiquette de joueur individualiste, mauvais en Bleu et leader de "l'affaire du bus". Patrice Evra, pareil, mais en pire. Benzema est le joueur le plus complet, mais manque d'autorité naturelle dans le groupe. Philippe Mexès, défenseur central expérimenté, a mis dix ans à s'imposer chez les Bleus. Hugo Lloris a été nommé capitaine par défaut. Bref, l'équipe de France est la formation qui compte le moins de sélection et le moins de buts en moyenne, et ça se voit.

La communication façon encéphalogramme plat

Les conférences de presse de Laurent Blanc ont beaucoup perdu de leur intérêt depuis que le sélectionneur a réussi à supprimer son fameux tic de langage, "je crois que bon". Jeudi 14 juin, c'était un festival de lapalissades : "Jouer contre le pays organisateur, ça peut être un avantage, mais ça peut être un désavantage. Ça dépend dans quel sens, voilà, la pression, ça inhibe les gens ou ça les surmotive." Sur l'importance du France-Ukraine par rapport au France-Suède du lundi 19 juin, accrochez-vous : "On va se préparer pour gagner le match. On attendra le résultat de l'autre match, mais quoi qu'il arrive [aujourd'hui], le dernier match sera décisif et capital. Surtout s'il n'y a pas de gagnant [aujourd'hui]."

Le capitaine Hugo Lloris est déjà sacré champion d'Europe des conférences de presse les plus lénifiantes. "Le groupe vit bien" est son leitmotiv. Et le staff des Bleus va jusqu'à donner des éléments de langage d'après-match, comme pour les soirées politiques. Après le France-Angleterre, Ben Arfa, Benzema et Ribéry ont répété pratiquement à la virgule près les mêmes phrases. Le mot qui est revenu dans la bouche de Blanc, Lloris, ou Benzema pour qualifier le match nul des Bleus? "Timide". Pas que sur le terrain, hélas. 

Heureusement qu'il y a les photos des Bleus en cryoveste ou dans les cuves glacées pour qu'on s'amuse un peu avec l'équipe de France. Et Samir Nasri pour déclencher un début de polémique avec son "ferme ta gueule".

Franck Ribéry, hilare lors d'une séance de cryothérapie, le 12 juin à Donetsk (Ukraine). (FRANCK FIFE / AFP)

Les fameuses cryovestes des Bleus : des pains de glace dans le gilet pour faire baisser la température du corps. Ici, Philippe Mexès et Karim Benzema en plein rafraîchissement, le 9 juin 2012, à Kircha (Ukraine). (FRANCK FIFE / AFP)

Les supporters entre Camping et Very Bad Trip

Mis à part Clément d'Antibes et son coq légendaire, pas de Francis Lalanne dans les tribunes ukrainiennes, pas de Johnny Hallyday pour pousser la chansonnette dans les bacs, pas de François Hollande ou de Valérie Fourneyron, la ministre des Sports, pour faire un peu de tourisme à Donetsk. Ça joue profil bas jusque dans les tribunes. Seuls quelque 1 300 inconditionnels des Bleus doivent assister au match contre l'Ukraine contre 2 000 pour celui face à l'Angleterre. A la fédération, contactée par RMC, on veut croire que les fans se réservent pour le match contre la Suède, à Kiev, plus facile à rejoindre depuis Paris.

Et ceux qui sont là-bas dégustent. Difficile, l'hébergement en Ukraine ? Sur le site de l'association Irrésistibles français, leur président minimise : en Afrique du Sud, "nous avions dormi deux nuits sous des tentes par -10°C". Il n'empêche que les prix pratiqués ont refroidi plus d'un amoureux des Bleus. Et la vie au camping officiel à 15 km du centre, résumée par Rue89, ne fait pas envie : "Huit douches pour des centaines de personnes, pas d’eau chaude, des matelas en bois, la musique à fond jusqu’à 5h." Corrompue la police locale ? Le président de l'association Fans a prévu "des tablettes de chocolat en guise de backchich", raconte-t-il sur L'Equipe.fr. Les hôtels devraient désemplir et les prix un peu baisser à partir des quarts de finale, quand la moitié des supporters auront plié bagage.

Moralité, pour qu'on s'enflamme, les Bleus seraient bien inspirés de gagner contre l'Ukraine. Ça serait l'occasion de faire mentir deux statistiques : ils n'ont jamais battu un pays organisateur dans un Euro ou un Mondial, et ils n'ont jamais gagné de match à l'Euro sans Zidane ou Platini. Chiche ? 

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