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La Rochelle. Qui veut la place de Martine Aubry ?

La première secrétaire du PS ne lâche pas son siège si facilement. Trois prétendants sont dans la course, chacun son style. 

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Martine Aubry encadrée par Harlem Désir (à gauche) et Jean-Christophe Cambadélis (à droite), qui s'affrontent pour sa succession à la tête du Parti socialiste, le 26 août 2012 à La Rochelle (Charente-Maritime). (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

POLITIQUE - "J’ai encore un peu de travail pour m’assurer que le PS soit sur de bons rails. Mais les choses avancent bien." A l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle (Charente-Maritime), Martine Aubry a continué de souffler le chaud et le froid sur sa succession, qu'elle organise en coulisses, contraignant les prétendants à une campagne larvée. FTVi revient sur la tactique et le positionnement de chacun. 

Harlem Désir : tous azimuts

• Profil 52 ans. Président de SOS-Racisme de 1984 à 1992 et membre du bureau national du PS depuis 1994. Député européen en 1999, et, depuis le congrès de Reims de 2008, secrétaire national à la coordination, c'est-à-dire numéro deux du parti. 

• Atouts L’expérience du poste, dont il a assuré l’intérim de juin à octobre 2011, entre la déclaration de candidature de Martine Aubry à l’investiture et sa défaite à la primaire.

• Boulets Pour beaucoup, il manque de charisme et de vision pour prendre la tête du parti. Certains militants interrogés par FTVi le trouvent "techno", "pas assez proche" d'eux. A cela s'ajoute une vieille casserole judiciaire. Ce proche de Julien Dray a été condamné, en décembre 1998, à 18 mois de prison avec sursis pour recel d'abus de biens sociaux. 

• Manœuvre à La Rochelle Le tour des médias. A chaque caméra, chaque micro, il répète son souhait de "poursuivre la rénovation du parti", particulièrement en ce qui concerne "la diversité, l'ouverture sur la société". Et une arrivée remarquée au point presse informel de Martine Aubry le vendredi 24 août au soir : un peu en retard et essoufflé, il n'hésite pas à se faufiler entre Martine Aubry, qui parle, et Jean-Christophe Cambadélis, que ça ne fait pas rire du tout. 

Jean-Christophe Cambadélis : en coulisses

• Profil 61 ans. Ex-militant d’extrême gauche, ex-président de l’Unef (Union nationale des étudiants de France), proche de Lionel Jospin dès son arrivée au PS en 1995, puis bras droit de DSK. Il est élu député de Paris de 1988 à 1993, puis de 1995 à aujourd’hui.

• Atouts Pilier du parti, porte-parole de la campagne présidentielle en 1995, il devient numéro deux du PS en 1997. Interlocuteur des Verts et des communistes du temps de la gauche plurielle, il connaît la gestion des rapports de force et des alliances. Sa formule, le "PS PAP", pour "Participer - "être intraitable dans la défense du gouvernement" -, Anticiper "l'étape d'après-crise" et Propulser - "un projet de qualité, une nouvelle génération"".

• Boulets Très marqué strauss-kahnien, "Camba" a été condamné en 2000 pour recel d'abus de biens sociaux dans l'affaire Agos et en 2006 pour recel d’abus de confiance dans l’affaire de la Mnef. Son passé trotskiste fait tordre le nez à une partie des militants rencontrés par FTVi. 

• Manœuvre à La Rochelle A part une interview dans Libération où il n'hésite pas, lui aussi, à promettre de poursuivre l'œuvre d'Aubry, notamment sur le dossier du non-cumul des mandats, si cher à la première secrétaire, le député de Paris a davantage sévi en sous-main. En off avec les journalistes notamment, à qui il confie mener une campagne de "bouton de veste", c'est-à-dire en convoquant par petits groupes militants et premiers secrétaires de fédérations. 

 François Rebsamen : éliminé 

• Profil A 61 ans, le président du groupe socialiste au Sénat est passé par plusieurs cabinets ministériels, a été collaborateur de Pierre Mauroy et Laurent Fabius quand ils étaient premiers secrétaires, a codirigé la campagne présidentielle de Ségolène Royal et été, lui aussi, un temps numéro deux du PS. Il rêvait d’être ministre de l’Intérieur.

• Atouts L’étiquette Hollande – qui ne devait plus se mêler des affaires du parti. Très proche de l'ancien premier secrétaire, dont il a été le bras droit durant onze ans, "Rebs" avait la confiance (et la préférence ?) de François Hollande.

• Boulets Le manque de soutien. Il le reconnaît lui-même en jetant l'éponge via une interview accordée au JDD : "Ma candidature n'aurait pas été suffisamment fédératrice." De toute façon, soutien de Royal au congrès de Reims en 2008 et réticent sur la suppression du cumul des mandats, il était assez peu Aubry-compatible.

• Manœuvre à La Rochelle L'abandon, donc. 

 Gaëtan Gorce : incognito

• Profil 52 ans, sénateur de la Nièvre et électron libre du PS. Il a été député durant trois mandats avant d'être élu à la Haute Assemblée. Il se bat pour une "rénovation" du parti.

• Atouts Il propose une candidature particulière, une "alliance du renouvellement et de l'expérience" avec Juliette Méadel, conseillère municipale à Paris, pour une codirection afin "que la parité homme-femme ne soit pas seulement un objectif mais une réalité".

• Boulets Peu connu, il peine à se faire entendre et à rassembler sur son projet. 

• Manœuvre à La Rochelle Une interview à L'Express, dans laquelle il tacle la contribution Aubry-Ayrault : "Pour l'heure, je suis assez inquiet de la réponse apportée par la direction qui approuve le principe du renouveau... sans faire de proposition concrète." 

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