Le grand jeu d'influence autour du "label vert" énergétique européen
Pour mettre le nucléaire au cœur de la politique environnementale européenne, la France est prête à s'allier à des pays qui font la promotion des énergies fossiles.
La taxonomie européenne est un registre classant les différentes énergies avec un label plus ou moins vert. L'obtenir peut notamment permettre de bénéficier de subventions ou de financements. De son côté, la France pousse pour que le nucléaire soit reconnu par la Commission européenne comme une énergie durable. Pour parvenir à ses fins, il n'est pas exclu qu'elle s'allie à d'autres pays qui, eux, soutiennent le gaz naturel – énergie fossile – comme l'a montré une note révélée par le journal Contexte relayée par de nombreuses ONG.
"Il y a vraiment une logique de double jeu de la part de la France en matière environnementale, estime Paul Schreiber de l'ONG Reclaim Finance, spécialisée dans l'impact de la finance sur le climat. Avec d'un côté de grandes déclarations sur le sujet, et de l'autre une démarche commune avec les pays de l'est de l'Europe (Pologne, Hongrie, République tchèque…) pour inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie. Cela pourrait remettre en cause tous les objectifs climatiques européens."
"La France n'est pas demandeuse de l'inclusion du gaz dans la taxonomie, répond le secrétaire d'État aux affaires européennes, Clément Beaune. Mais il faut trouver un compromis européen sur le sujet. En revanche, il nous semble important que le nucléaire puisse figurer dans la liste d'investissements reconnus par l'Union européenne."
Selon un rapport de Reclaim Finance, le secteur du gaz et du nucléaire, mobilisés autour des enjeux financiers de la taxonomie, dépensent chaque année plusieurs dizaines de millions d'euros de lobbying à Bruxelles.
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