JO de Paris 2024 : les speakers du Stade de France, passeurs d'émotions et d'informations

Voix françaises de l'athlétisme, Hélène Richter et Clément Breysse font vivre les performances des athlètes et indiquent au public où poser les yeux au bon moment.
Article rédigé par Anaïs Brosseau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Hélène Richter et Clément Breysse sont derrière le micro au Stade de France durant les JO. (KMSP / FFA)

"Mesdames, messieurs, dernière course de la soirée. Les finalistes du 10 000 mètres masculin font leur entrée sur la piste. Au couloir numéro 1..." Micro-casque sur les oreilles, assis dans les tribunes, les voix de quatre passionnés d'athlétisme résonnent dans le Stade de France depuis vendredi 2 août. Pendant neuf jours, ces animateurs vont mettre en valeur les athlètes et orienter l'attention du public sur les courses et concours qui se jouent en simultané. Le tout, en français et en anglais. 

"On doit aider les spectateurs à placer leur regard au bon endroit au bon moment et prendre la mesure de ce qui est en train de se passer. Il faut qu'ils comprennent les enjeux, par exemple si un podium se joue", résume Hélène Richter, qui participe l'année de ses 40 ans à ses deuxièmes Jeux olympiques, après ceux de Tokyo où elle avait déjà pris le micro. A ses côtés, Clément Breysse, qui découvre les JO. Les deux Français officient dans la langue de Molière et sont accompagnés d'un Britannique et d'un Jamaïcain, qui opèrent en anglais. 

Une veille constante

"Avec deux sessions par jour, on n'est pas de trop de quatre. On entend à l'intonation de la voix si la phrase de l'autre est finie et qu'on peut enchaîner", indique le Lyonnais de 41 ans, responsable de formation dans un centre d'apprentissage. Annoncer l'identité des participants et leur palmarès, faire monter l'ambiance au dernier essai d'un athlète, s'emballer devant un record continental, commenter les courses... La liste des interventions est longue. "On parle chacun notre tour, mais on ne traduit pas ce que l'autre a dit", complète Hélène Richter, professeure d'anglais en Bretagne.

Le duo a appris en septembre 2023 que World Athletics les avait choisis. Au même titre que les juges, ils font partie des officiels techniques internationaux. "On a tous les deux crié de joie. Et après on s'est vite rendu compte de la responsabilité de porter un événement planétaire", se souvient Clément Breysse. Au gré des meetings et championnats qu'ils animent dans l'Hexagone, le binôme compile les résultats et suit les états de forme des Tricolores.

Pour connaître ceux des internationaux, ils tâchent de lire la presse spécialisée et d'éplucher les bilans. Dernier outil : les réseaux sociaux, précieux pour glaner des informations moins connues. La vingtaine de membres du groupe d'animation de la FFA se partage ce travail de veille. "On a un groupe très solidaire. Dès qu'il y a une performance, on se la communique sur WhatsApp", illustre Clément Breysse.

Travail d'équipe

Pendant l'événement non plus, le speaker ne travaille pas seul. "On est la face visible de l'iceberg. Sans l'équipe derrière, on n'est pas grand-chose", insiste Clément Breysse. Des statisticiens glissent les chiffres au bon moment à la bonne personne, un coordinateur pointe le prochain temps fort à valoriser, un DJ assure l'ambiance musicale. "On nous donne des informations dans l'oreillette pendant qu'on parle. Ça demande de la concentration et formate notre cerveau à travailler vite", analyse Hélène Richter, qui garde toujours un œil sur les courses et concours lorsqu'elle mène des interviews sur le bord de la piste. 

Avantage d'évoluer à domicile oblige, les voix françaises seront favorisées lorsque des Bleus brilleront sur le tartan violet du Stade de France. "Le public tricolore est plutôt supporter, on n'aura pas besoin de beaucoup les pousser. Mais tous les athlètes qui sont là méritent notre enthousiasme, pas que les Français", insiste Clément Breysse. "Forcément, si on annonce Armand Duplantis, le public va répondre. Un bon animateur est celui qui arrive aussi à faire réagir le stade sur un athlète qu'il ne connaît pas", ajoute Hélène Richter, qui tient le rôle de voix française des Mondiaux d'athlétisme depuis 2015.

Préserver sa voix

Pour tenir sur la durée, pas question de pousser sur ses cordes vocales en continu. Les quatre voix doivent être présentes sur toute la durée de l'événement. "Il faut parler normalement, pas plus fort", conseille Clément Breysse, qui enfile aussi souvent la casquette de commentateur sur Athlé TV, la chaîne fédérale. Il leur faut donc faire abstraction du vacarme produit par les dizaines de milliers de spectateurs qui garnissent l'enceinte dionysienne chaque jour. Si le nombre de spectateurs est bien éloigné de leur quotidien d'animateur, Clément Breysse et Hélène Richter assurent ne pas changer leur façon de procéder.

"Qu'il y ait 10 ou 10 000 personnes dans le stade, que l'athlète soit de niveau départemental ou international, il faut animer de la même façon, valoriser la performance et l'événement de la même manière."

Clément Breysse, voix française de l'athlétisme pour Paris 2024

à franceinfo: sport

Et bien qu'il sera difficile de connaître précisément la composition de leur public, Hélène Richter et Clément Breysse essayent de s'y adapter. "Il faut toujours mettre en perspective. A des néophytes, je vais dire qu'un marteau pèse l'équivalent d'un pack de lait. A des amateurs d'athlé, je vais plutôt préciser s'il s'agit de la troisième meilleure performance de l'histoire", illustre l'animateur. 

La force du duo tient à sa complicité – ils se connaissent depuis quinze ans – et sa complémentarité. "Clément, sa qualité première est sa capacité à faire partager ses émotions avec le public, estime Philippe Chaput, le responsable de la cellule animation de la FFA. Quant à Hélène, elle a une voix, un phrasé, incomparable. Pour moi, c'est la plus belle voix au monde en speaker." Les spectateurs du Stade de France ont encore une semaine pour en profiter.

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