Reportage "On les verra plus longtemps ici"... Sur la côte du pavé des Gardes, un public au plus près des champions du marathon olympique

Bien connue des locaux et difficulté la plus importante de ces 42,195 km, la pente a attiré à Chaville, samedi matin, des centaines de spectateurs, pour la plupart férus de course à pied.
Article rédigé par Anaïs Brosseau - envoyée spéciale à Chaville
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
L'Ethiopien Tamitat Tola, lors du marathon des Jeux de Paris, le 10 août 2024. (ANNA SZILAGYI / MAXPPP)

La foule leur a-t-elle donné un coup de fouet pour atteindre le sommet de cette interminable pente ? Au 29e kilomètre du marathon olympique, samedi 10 août, certains coureurs gardaient les yeux rivés au sol comme pour ne pas regarder la route qui continuait de s'élever devant eux. D'autres cherchaient du regard le public, les yeux parfois remplis de détresse, à l'instar de l'Américain Clayton Young dans le groupe de chasse, la bouche étirée dans un rictus de douleur. Après les cinq kilomètres d'ascension à Ville-d'Avray, du 15e au 20e kilomètre, les marathoniens ont dû avaler près d'un kilomètre de côte, avec une inclinaison maximum de 13,5%, à Chaville, sur la route du pavé des Gardes.

Alors premier Français de la course, Hassan Chahdi, le visage marqué par l'effort, a tourné la tête à gauche vers les cris des supporters tricolores. Déjà bien décroché de la tête de course, la légende du marathon, le Kényan Eliud Kipchoge, a, lui, levé le pouce lorsqu'une ovation est montée du virage, là où une colonie de supporters belges avait élu domicile pour former la Belgian Hill

Plusieurs centaines de supporters ont encouragé les marathoniens sur la côte de la route du pavé des Gardes, à Chaville, le 10 août 2024. (ANAIS BROSSEAU/FRANCEINFO: SPORT)

"Ça s'est décidé il y a à peu près deux mois. On est venu soutenir nos deux coureurs. C'est l'endroit le plus pentu et donc là où ils en ont le plus besoin", justifie Hans, monté à Gand dans un bus de supporters à 2h30 samedi matin. Son ami Nico est lui parti de Bruges dans l'un des neuf cars spécialement affrétés. Alors quand le Belge Bashir Abdi, finalement médaillé d'argent, est apparu en troisième position, à quelques foulées du leader éthiopien Tamirat Tola, les drapeaux noir jaune rouge ont volé dans le ciel et les vivats ont redoublé. 

Point de vue dégagé

Au milieu des fans belges, Claire, sa fille, et d'autres membres de son club de l'US Metro ont aussi choisi de se faufiler derrière la glissière de sécurité de cette portion de route à 13%. "Normalement ici, ils courront moins vite, et puis elle est réputée cette côte", sourit Laurence. "C'est sûr qu'elle pique les jambes. On est obligé de ralentir, de ne plus regarder son allure mais de se fier à ses sensations ", assure Claire, venue récemment repérer ce passage. Car comme 20 023 autres coureurs, elle participera dans la nuit de samedi à dimanche au Marathon pour tous, sur les pas des olympiens.

"Ils iront moins vite, donc on aura plus le temps de les regarder, corrobore Yohan, coureur amateur venu en voiture avec des amis de région parisienne. En plus, c'est le point stratégique du 30e kilomètre." "C'est plus sympa ici que dans une ligne droite à Paris où on n'aurait rien vu. Cette côte, je l'ai montée en courant et à vélo, il n'y a pas une façon plus évidente que l'autre", glisse François, casque de vélo à la main.

Longue et large, la route aura en effet laissé assez d'espace au public pour apercevoir au mieux le visage des athlètes. "Les coureurs nous frôlaient, c'était super", s'enthousiasmait à l'issue de l'épreuve Colette, une des meilleures marathoniennes françaises de la fin des années 1970 avec un record à 2h50, venue de Nantes avec son mari Jean-Louis. "Vous avez vu comment les coureurs étaient presque sur la pointe des pieds à cause de la pente, le corps basculé en avant ?"

Des spectateurs baskets aux pieds

S'il était aisé pour les spectateurs de se stationner aux abords de la forêt de Meudon et de rejoindre le parcours à pied, nombreux sont ceux à avoir fait le déplacement à vélo ou baskets aux pieds, récoltant au passage les applaudissements de ceux déjà massés le long des barrières. "On les suit en courant. On est d'abord allé à Sèvres, où ça montait aussi. Et on est venu ici ensuite car on sait que ça peut attaquer là. Et puis, on les voit mieux aussi", racontent Olivier et Francis, prêts à poursuivre leur footing du jour après le passage des coureurs.

Placés au bas de la côte, Colette et Jean-Louis avaient repéré la veille en voiture où se positionner. Ce couple passionné de marathon et d'athlétisme depuis des décennies a déjà prévu de revenir dimanche pour le marathon olympique féminin, ultime épreuve d'athlétisme. "Cette fois, on montera un peu plus haut."

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