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ENTRETIEN. "On n'a jamais été aussi armés", assure Vincent Collet

Le sélectionneur de l'équipe de France de basket a commenté jeudi les choix qu'il a effectués pour composer sa liste de douze joueurs pour les Jeux olympiques.

Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Vincent Collet lors du match de qualifications à l'EuroBasket 2022 contre la Grande-Bretagne, à Podgorica (Monténégro), le 22 février 2021. (SAVO PRELEVIC / AFP)

Alors que les playoffs NBA commencent samedi 22 mai aux Etats-Unis, les Jeux Olympiques se rapprochent déjà à grands pas. Le sélectionneur de l'équipe de France de basket Vincent Collet a dévoilé, jeudi 20 mai dans l'émission "Tout le sport", la liste des douze joueurs sélectionnés pour les Jeux olympiques de Tokyo. À la tête des Bleus depuis 2009, l'ex-entraîneur de Strasbourg a expliqué ses choix pour franceinfo sport.

Franceinfo : Ce seront les premiers Jeux olympiques sans la génération Tony Parker. On a pourtant l'impression qu'il n'y a jamais eu autant de talents sélectionnables. Avez-vous le même avis ?
Vincent Collet : Oui, clairement. C'est une des équipes qui a été la plus dure à constituer. Il y a eu beaucoup de réflexions, de réunions, d'échanges avec mes assistants et jusqu'au dernier moment, on a effectivement beaucoup réfléchi. Il y a pratiquement une vingtaine de joueurs qui avait une vraie légitimité pour faire partie de cette équipe. Il a fallu choisir, et choisir c'est renoncer à en prendre certains. Il y aura forcément des déçus, et ils peuvent l'être, mais cela fait partie de ma fonction et de la façon de constituer une équipe la plus forte possible.

"L'équipe de France la plus complète"

Ce seront vos troisièmes JO. Est-ce la sélection la plus forte que vous emmenez ?
Je l'espère mais c'est encore dans deux mois. Les playoffs NBA vont commencer donc beaucoup d'eau va encore couler sous les ponts, il faut être patient. Mais si cette équipe démarre les JO comme je l'espère, elle sera la plus complète. Sur tous les postes, en terme d'équilibre, on n'a jamais été aussi armés.

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Quel sera l'objectif de l'équipe de France ?
Aller le plus haut possible, mais bien sûr qu'on pense au podium en priorité. Tout en sachant, à mon sens, qu'on est au moins sept voire huit équipes à avoir la même idée. Et avec des effectifs également incroyables. On n'a pas encore les équipes qualifiées du Tournoi de qualification olympique (TQO) mais on peut penser qu'il y aura la Serbie, la Lituanie ou la Slovénie et dans notre poule, probablement le Canada, ou la Grèce voire la Turquie.

Est-ce que vous vous fixez un objectif minimum pour que la compétition soit réussie ?
Non, ça n'a pas beaucoup de sens parce qu'on ne connait pas encore le deuxième adversaire. On sait qu'on est dans un groupe difficile. Bien sûr il faut se qualifier, ça c'est clair. Mais même si c'est fait, on sera en quarts de finale et on veut plus que ça. Malgré tout, on sait qu'on jouera contre des adversaires aussi forts que nous. Les croisements les plus plausibles seraient l'Australie et la Serbie. On sait qu'il faudra se battre pour atteindre l'objectif qu'on se sera fixés.

"Il avait fourni un travail défensif de très haut niveau"

Sur la liste, l'absence de Théo Maledon interpelle puisqu'il ne figure même pas parmi les quatre suppléants. Comment l'expliquez-vous ?
De son fait. Il n'a pas souhaité venir, en accord avec sa franchise. Il va suivre pendant toute cette période un programme de développement visant à le renforcer et à le préparer pour la prochaine saison. 

Vous déplorez ce choix ?
Oui, disons que j'en ai pris acte. Je connais le fonctionnement américain et pour les jeunes joueurs, ils sont très attachés à les garder auprès d'eux, pour travailler, pour les renforcer dans le sens qu'ils souhaitent. Je pense que tout cela a compté dans la décision.

Frank Ntilikina figure dans cette liste alors qu'il n'a joué que 33 matches avec moins de dix minutes de moyenne à New York. Est-ce que ce manque de temps de jeu vous a fait douter dans sa sélection ?
Bien sûr, ça a compté dans notre réflexion. Il a fait une très bonne Coupe du monde. Il avait fourni en particulier un travail défensif de très haut niveau. Il a toujours cette capacité. J'ai eu la chance de voir dernièrement le seul match où il a joué contre les Lakers. Il a marqué neuf points en 25 minutes, et sur ce match, il a fait une prestation défensive de très haut niveau. Je pense que ses capacités défensives vont encore nous être très utiles. C'est aussi sa polyvalence puisqu'on ne l'utilisera pas forcément comme un meneur de jeu. C'est un joueur qui peut défendre les positions de meneur à ailier.

Conserver le noyau dur de 2019

Vous avez aussi souhaité vous appuyer sur sa doublette avec Andrew Albicy qui avait brillé à la Coupe du Monde 2019 ?
Andrew [Albicy] est un leader inconstestable dans ce registre là. Mais on aura une triplette avec Thomas Heurtel. Donc on rajoute du talent offensif et un joueur qui, à mon sens, est très complémentaire d'Andrew [Albicy] et Frank [Ntilikina]. L'objectif est d'avoir la meilleure utilisation possible de ce trio, sur des moments différents. L'idée globale pour faire cette sélection, c'était d'améliorer si possible l'équipe de 2019 mais sans la révolutionner sinon on prend des risques. C'était important de conserver ce noyau dur, en saupoudrant avec des joueurs pouvant apporter des armes supplémentaires.

Andrew Albicy, meneur de l'équipe de France avec la médaille de bronze à la Coupe du Monde de basket, à Pékin, le 15 septembre 2019. (NOEL CELIS / AFP)

Vous avez cinq joueurs engagés dans les playoffs NBA (Nicolas Batum, Frank Ntilikina, Evan Fournier, Timothé Luwawu-Cabarrot et Rudy Gobert) qui pourraient s'étirer jusqu'au 22 juillet, trois jours avant votre premier match aux JO. Cela vous inquiète ?
Si je vous dis que j'ai une inquiétude, ça n'a pas d'intérêt puisque de toute façon, c'est comme ça. Si le Jazz [équipe de Rudy Gobert] allait au bout, ça aurait de très grandes conséquences pour nous mais il faut faire avec. D’une façon générale, le maître mot de ces JO sera la capacité d’adaptation. Il faut y aller en se disant que les choses ne vont pas se passer comme d’habitude. Il faudra faire face à de grandes contraintes, que ce soit le protocole sanitaire mais aussi par rapport à la saison NBA.

La capacité à s’adapter va certainement déterminer la performance. On sait que deux ou trois joueurs peuvent arriver en retard dans la préparation voire très en retard si l'un d'entre eux va jusqu'en finales NBA, ce qui est possible pour trois joueurs à mon avis. Je ne suis même pas sûr que les joueurs pourraient disputer le premier match dans ce cas de figure. Après, la finale n'ira pas forcément au match 7.

Les quatre suppléants (William Howard, Isaïa Cordinier, Mathias Lessort et Axel Toupane) ont-ils été choisis pour pallier d'éventuels retards en préparation de ces joueurs NBA ?
C'est eux qui sont clairement les plus proches de l'équipe. Bien sûr mon souhait c'est d'emmener les douze que j'ai sélectionnés. Maintenant s'il doit y avoir des problèmes, on doit pouvoir réagir. Contrairement à d'habitude, je n'ai pas voulu prendre une liste de seize et de la réduire ensuite. Cela permet de nous préparer en étant très précis sur la définition des rôles. Le format de la compétition a changé un peu la donne : on joue tous les trois jours donc on sait que les leaders des équipes vont avoir un temps de jeu supérieur. Ce qui signifie que les autres joueurs vont avoir un temps de jeu moindre. Il faut que tout le monde l'accepte.

"J'ai constaté que les meilleures équipes sont très grandes"

Vous avez sélectionné trois joueurs de plus de 2m13 (Rudy Gobert, Moustapha Fall et Vincent Poirier). Pourquoi ce choix ?
En observant depuis quelques années les compétitions mondiales, j'ai constaté que les meilleures équipes sont très grandes. On a souvent un déficit de taille. En l'occurence si Vincent Poirier n'avait pas rejoué avec le Real Madrid, probablement je ne l'aurais pas pris mais à regret. J'hésitais parce que je suis convaincu qu'il peut avoir une grande importance pour nous. Pour deux autres raisons. Dans ces compétitions, les grands peuvent prendre une béquille et être écartés du match suivant et vous ne jouez alors qu'avec un seul pivot. A ce niveau, ce n'est pas possible. La troisième raison, c'est Rudy Gobert puisque, s'il va au match 7 des finales NBA, on aura besoin d'une solution pour pallier son retard et son intégration.

L'autre pivot qui aurait pu y prétendre, c'est Mathias Lessort.
Tout à fait, c'est pour ça qu'il est suppléant. Il a fait une très bonne saison. Pour moi, il est meilleur que quand on l'a pris en 2019 mais c'est un choix tactique, ce n'est pas du tout contre lui. J'ai aussi la perspective d'aligner à quelques moments deux grands sur le terrain.

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