Beach-volley aux JO de Paris 2024 : Copacabana sur Seine au Champ-de-Mars
S'il n'y avait pas le plus iconique monument de Paris qui nous surveille du haut de ses 330 mètres, gardien du temple et de la solennité de l'évènement, on pourrait se croire à Rio de Janeiro. Partout, autour du Stade Tour Eiffel construit pour accueillir le tournoi de beach-volley de ces Jeux olympiques, des sourires, de la détente, de la musique. Ne manque que l'odeur du monoï et des churros pour se croire définitivement en vacances. "Vamos a la playa", confirme la sono du stade qui nous accueille. Tout sauf une atmosphère feutrée de compétition olympique.
Avant d'accéder à l'arène, toutefois, l'envers du décor nous rappelle que le pain de sucre et le Corcovado sont loin. Un dédale d'algéco se dresse sur un tracé labyrinthique où, au temps de l'Olympe, on aurait pu craindre d'y croiser le Minotaure. Pour s'y retrouver, les spectateurs se guident à la clameur qui se rapproche. Normal, la paire féminine brésilienne est en train de jouer. Une fois dans le Saint des saints, la vue est miraculeuse : un terrain de sable immaculé de 16 mètres sur 8 est entouré de tribunes remplies jusqu'à la gueule, hurlantes et vrombissantes. Les drapeaux brésiliens et français tournoient aux quatre vents. Les enceintes sont passées en mode rock indie et crachent les Hives à un volume qui n'est pas sans rappeler celui d'un Boeing 737 au décollage. Le tout sous le regard imperturbable de la Tour Eiffel qui, il est vrai, en a vu d'autres en 135 ans d'existence.
Des Jeux du cirque modernes
Même le speaker ne parvient pas à la dérider. Ce n'est pourtant pas faute d'essayer. Ce dernier s'époumone, invective, chauffe le public comme un DJ de plage. Pour un peu, on s'attendrait presque à ce qu'il passe une annonce pour le propriétaire de la Peugeot qui est mal garée. Il n'en fait rien. Ce sont les JO quand même. L'affaire reste, malgré tout, sérieuse. Sur le terrain, la paire brésilienne a facilement battu son homologue japonaise, déclenchant bossa nova et déhanchements de circonstances dans le clan des supporters auriverde.
Mais l'"alegria" brésilienne n'est rien par rapport au rugissement qui accompagne l'entrée de la paire française quelques minutes après. 12.800 spectateurs, la capacité maximale du Stade Tour Eiffel, saluent les gladiatrices tricolores, Clémence Vieira et Aline Chamereau. "Celles qui vont combattre vous saluent", pourraient-elles dire au moment de pénétrer dans ce mini Colisée. Dès le 2e point, un block réalisé sur une attaque de la paire allemande Muller/Tillmann rappelle l'ambiance des jeux du cirque. Sauf qu'ici, la plèbe n'est pas là pour voir le sang couler. "C'est incroyable cette communion avec le public", souffle Niclas, un supporter allemand. "Le cadre est magique et tout le monde a le sourire, l'atmosphère est hyper amicale, hyper fair-play". Elle le sera jusqu'au bout, malgré la défaite sèche des Françaises en deux sets (21-14, 21-12) en à peine 37 minutes.
37 minutes, entrecoupées de Marseillaises et de "clapping", qui auront cependant suffi à comprendre pourquoi le beach-volley, sport de démonstration à Barcelone en 1992 et devenu officiel quatre ans plus tard à Atlanta, a acquis une notoriété aussi fulgurante. Loin de l'idée reçue "service, réception, smash", les points sont au contraire extrêmement variés et disputés. Les plongeons spectaculaires dans le sable succèdent aux attaques délicatement déposées en touché, on cherche souvent la "zone de conflit" (au milieu des deux joueuses afin qu'elles se gênent) mais rien, il est vrai, ne déclenche autant de râles de satisfaction parmi le public qu'un bon vieux "spike" bien claqué.
Et puis, pour qui a déjà pratiqué ce sport, il y a cette fascination presque sadique pour ces athlètes qui enchaînent pendant parfois plus d'une heure de match les flexions et les extensions dans 4 centimètres de sable qui paraîtraient, à nous, un ciment à prise rapide. D'autres, moins regardants, retiendront surtout l'atmosphère magique du lieu. "C'était génial", résumaient en chœur Alicia et Jocelyn à la fin de la partie. "On ne connaissait pas trop ce sport mais on a adoré l'ambiance festive". Après une telle effusion, il est difficile d'imaginer que le Stade Tour Eiffel, qui accueillera également les épreuves de cécifoot, soit amené à disparaître à la fin des JOP. Ne resteront donc que des souvenirs et des décibels envolés. Et si l'on cherche bien, peut-être, quelques grains de sable dans le Champ de Mars.
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