JO 2022 : Anaïs Chevalier-Bouchet prend sa revanche et tient enfin sa première médaille olympique individuelle
La Française a décroché la médaille d'argent de l'individuel, lundi, et tourne la page de ses derniers Jeux olympiques compliqués.
Les larmes sont montées très vite sur le visage d'Anaïs Chevalier-Boucher lorsqu'elle a pris place sur le podium de l'individuel des Jeux olympiques de Pékin, lundi 7 février. Deuxième derrière l'Allemande Denise Herrmann et devant la Norvégienne Marte Olsbu Roeiseland, la Française a conquis la première médaille olympique sur une épreuve individuelle de sa carrière.
Médaillée de bronze du relais féminin en 2018 puis vice-championne olympique du relais mixte, samedi, Anaïs Chevalier-Bouchet s'est enfin prouvée à elle-même que les Jeux, ses troisièmes, pouvaient aussi lui réussir à titre individuel. Avant samedi, elle n'avait jamais fait mieux aux JO qu'une 16e place lors du sprint de Pyeongchang. "Je suis très émue, reconnaissait-elle dans le froid de Zhangjiakou. C'est une médaille olympique, ça arrive tous les quatre ans seulement, j'ai travaillé tellement dur pour ça."
Déjà triplement médaillée lors des Mondiaux (bronze sur le sprint en 2017 et la poursuite en 2021, argent sur le sprint en 2021), Anaïs Chevalier-Bouchet a glané la breloque qui manquait à son tableau de chasse. Un vrai soulagement qui met fin à toute idée de malédiction qu'on aurait pu lui coller sur l'échéance olympique. "C'est dingue, avouait-elle dans un grand sourire. J'essayais [sur le podium] de profiter du moment parce que ça n'arrive pas souvent dans une vie de se retrouver sur le podium olympique. Je voulais juste prendre mon instant pour m'en rappeler, pour le graver."
Une pause maternité deux ans plus tôt
Dès la fin de la course et puis encore bien plus tard sur le podium puisqu'elle partait parmi les premières avec le dossard 12, l'Iséroise a vu de nombreux souvenirs et sacrifices lui revenir en tête. Notamment cette année de pause en 2019/2020 pour donner naissance à sa fille. "J'ai pris des risques", ose-t-elle dans un ton qui trahit sa fierté évidemment légitime d'avoir réussi à revenir encore plus haut qu'avant.
Ce congé maternité l'a peut-être aidée à passer un cap. La saison passée, celle de sa reprise, Anaïs Chevalier-Bouchet a attendu seulement trois courses pour retrouver le podium sur le sprint de Kontiolahti (Finlande), en décembre 2020. "Elle ne lâche rien, c'est une teigne, glisse affectueusement son entraîneur de tir Jean-Paul Giachino. Elle décide, trace sa route." Depuis sa maternité, son chemin, celui qu'elle a choisi, l'a emmenée vers deux nouvelles médailles aux Mondiaux et celle du jour sur les Jeux olympiques.
La biathlète de Villard-de-Lans arrivait en confiance sur le sol chinois malgré une piste roulante qu'elle considérait, en octobre, pas du tout adaptée à ses qualités. Elle comptait trois podiums cette saison en Coupe du monde dont un sur la dernière course avant les Jeux, sur la mass start d'Antholz-Anterselva. Le début des JO, sur le relais mixte argenté de samedi, aurait pu lui permettre de surfer sur cette confiance. "C'est une supère entame pour elle, saluait d'ailleurs Anaïs Bescond, très déçue par sa performance, lundi (30e à 4'13 de Herrmann). C'est une belle revanche qu'elle prend."
Belle réaction au tir à la suite du relais mixte
Parce que malgré sa deuxième médaille olympique en relais, Anaïs Chevalier-Bouchet ruminait sa performance, elle qui avait passé le témoin à Julia Simon en 8e position, à près d'une minute et trente secondes de la tête. La Tricolore avait fortement péché au tir (un tour de pénalité et cinq pioches). Lundi, sur un pas de tir où le vent avait faibli et soufflait de manière régulière contrairement à samedi, l'aînée des soeurs Chevalier a justement construit sa course grâce à un tir presque parfait. Primordial sur une épreuve où chaque erreur coûte une minute de pénalité.
Elle est même passée tout proche du sacre olympique en manquant d'un demi centimètre sa deuxième balle du dernier tir debout. Malgré cela, Jean-Paul Giachino était fier de sa réaction : "Je lui a dit trois choses : garde de la lucidité, travaille sur la respiration et fais ton biathlon."
Et paradoxalement, la frustration du relais a semblé fondatrice pour l'individuel de lundi. "J'étais tellement stressée sur le relais, admet-elle. Je pense que tout mon stress est passée sur ce relais parce qu'aujourd'hui, j'étais super détendue." Anaïs Chevalier-Bouchet peut se détendre davantage maintenant qu'elle compte une première médaille olympique individuelle à son palmarès. De bon augure pour la suite de ces Jeux olympiques, vendredi 11 février (17 heures), pour le sprint.
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